L’élimination de l’Espérance en Coupe arabe par une équipe marocaine «incognito» fait très mal! Et ce qui fait plus mal que le résultat ce sont surtout les choix de Mouine Chaâbani qui se doivent d’être rapidement reconsidérés
Quand un colosse tombe devant un colosse comme lui cela s’avale tel une bouchée de flan. Mais quand un colosse se fait avoir par un novice voire un petit poucet, cela reste en travers de la gorge ! C’est exactement ce qui sied à la déconvenue essuyée avant-hier par l’Espérance à l’issue de son match retour des huitièmes de finale de la Coupe arabe des clubs champions devant l’«anonyme» Club Olympique de Safi. Un adversaire qui ne possède aucun passé ni sur le plan continental et arabe ni même sur le plan local au Maroc.
C’est un énième «Goliath et David» que l’histoire du football vient d’enregistrer dans ses annales.
En effet, on était à mille lieues de penser que l’Espérance, qui est auréolée de ses deux titres africains glanés d’affilée au cours de cette même année en Ligue des champions et qui en plus est championne sortante en Tunisie, allait trébucher devant un club marocain autre que les deux mastodontes WAC et Raja. Car, normalement, seuls ces deux clubs peuvent actuellement rivaliser avec l’Espérance à qui tout réussissait jusqu’à cette soirée amère d’avant-hier.
Des «Sang et Or» avertis
Peut-on parler de surprise après l’élimination du doyen des clubs tunisiens qui accordait une importance capitale à la joute arabe de par le fait qu’elle réserve à son vainqueur le joli pactole d’environ 16 millions de dinars? Pas du tout car le visage présenté par l’OCSfai à l’aller au Maroc, notamment lors de la deuxième mi-temps après l’expulsion de Mohamed Ali Yaâkoubi, laissait entrevoir des signes de coriacité manifeste chez l’adversaire. Lequel adversaire a, encore une fois, démontré à tous les spécialistes qu’il était doté d’une organisation tactique et d’une application exemplaire, particulièrement en défense.
Outre le métier prouvé de ses défenseurs Hamza Khabba, Claudio Santos et surtout l’excellent Koffi Boa, ses joueurs du milieu de terrain Mohamed Al-Morabit, la vedette et l’auteur des deux buts (1 à Tunis et 1 au Maroc), Mouaoui et les autres n’ont vraiment rien à envier à ceux appartenant aux clubs huppés de notre continent et du monde arabe.
En plus des deux (voire trois) rideaux défensifs que l’OCSafi a dressés avec succès devant les multiples assauts offensifs infructueux de l’Espérance, les Marocains ont épaté tout le monde par leur calme dénué de la moindre fébrilité tout au long des deux matches livrés à l’Espérance notamment à Radès devant l’énorme public «sang et or».
Revenir sur terre
Le jeu de cet adversaire a mis à nu des défaillances tactiques parfois primaires dans le style adopté par Mouine Chaâbani et sa troupe.
L’approche espérantiste manquait d’imagination et de variation dans les opérations offensives dans lesquelles il y avait une prédominance accordée aux opérations latérales achevées par des centres toujours bien interceptés par les défenseurs marocains.
Aucun espace n’a été laissé aux attaquants espérantistes qui ne savaient plus sur quel pied danser tellement la zone marocaine ressemblait à une forêt de jambes. Rien ne filtrait. Mais en plus de cela, les quelques contre-attaques actionnées de temps à autre par l’OCSafi avaient l’effet de dards d’abeilles. D’ailleurs le but marocain marqué par le capitaine Mohamed Al-Morabit (20’) en témoignait, en dépit du fait qu’il soit entaché d’un hors-jeu.
Ni les dribbles d’El Houni, ni les incursions de Badri et Khénissi n’ont abouti à quelque chose devant une ligne arrière marocaine bien cadenassée.
Même le but espérantiste a été réussi au forceps par Kwamé (52’) suite à un cafouillage. Du coup, le score de parité de l’aller (1-1) devait être répété à Radès et le recours aux tirs au but est devenu inévitable.
Et c’est au titre de cette rude épreuve que le coach de l’EST doit assumer la responsabilité de l’échec. Il y a d’abord le fait d’avoir négligé ou mal préparé cette épreuve. De plus, Chaâbani a commis l’irréparable en chargeant des remplaçants de transformer des penalties comme Fédi Ben Choug et Haythem Jouini. Ce dernier, connu par son mental «ébranlé», ne devait pas faire partie de la liste tireurs, ni même des convoqués pour ce match!
Amor BACCAR