Nos sportifs à besoins spécifiques excellent à l’échelle internationale grâce à leur volonté de fer. Ils ont remporté, certes, des médailles aux Mondiaux de Dubaï, mais ils ont perdu du terrain par rapport à leurs concurrents.
Walid Ktila nous l’a déjà confié quand nous l’avons interrogé au lendemain de son retour de Dubaï : «Pour être honnête, ces Championnats du monde étaient plus difficiles que prévu. Le niveau de nos concurrents s’est élevé et, de ce fait, la compétition était plus relevée que prévu».
La confidence de notre champion paralytique, qui a tout de même ramené deux médailles d’or et une en bronze de Dubaï, témoigne d’une nouvelle réalité du monde du handisport : la concurrence est de plus en plus rude car de nouvelles nations se positionnent désormais sur ce créneau : l’athlétisme pratiqué par les sportifs à besoins spécifiques.
Une donne que nous a confirmé l’autre porte-drapeau du handisport tunisien, la championne Raoua Tlili, double médaillée d’or aux Mondiaux de Dubaï : «Nous avons été surpris aux derniers Championnats du monde par le niveau relevé de la compétition. Les derniers Mondiaux de Dubaï étaient plus concurrentiels que prévu. C’est que de nouvelles nations ont émergé dont la Russie qui retrouve la scène mondiale après avoir été suspendue pendant deux ans.
Nous avons, certes, ramené des médailles, mais nous avons perdu du terrain par rapport à nos concurrents», reconnaît notre interlocutrice et de poursuivre : «D’habitude, mes performances de lancer sont loin de mes poursuivants directs. Aux derniers Championnats du monde, j’ai été désagréablement surprise par le niveau de mes concurrentes directes avec qui l’écart s’est nettement réduit. Je n’en reviens pas encore», confie Raoua Tlili.
Tokyo, c’est déjà demain
Les Championnats du monde de Dubaï ont constitué une étape préparatoire importante avant les Jeux paralympiques, Tokyo 2020. Un test grandeur nature de ce qui attend nos sportifs à besoins spécifiques aux prochains JO.
Or, Tokyo, c’est déjà demain et nos athlètes attendent toujours leurs contrats-programmes au titre de l’année 2020 et sur lesquels reposent leurs budgets de préparation en prévision des prochains JO. «Plus notre programme de préparation sera étoffé, plus nos chances seront réelles pour préserver d’abord notre niveau et de ne pas perdre davantage de terrain par rapport à nos concurrents. Moins d’une année nous sépare des JO de Tokyo. En termes sportifs, cette joute, la plus difficile et la plus importante à l’échelle mondiale, pointe à l’horizon.
Or, nous attendons toujours nos contrats programmes et je peux le dire dès maintenant : si les budgets alloués seront restreints à deux stages, dont un rassemblement en Pologne car ça coûte moins cher, nous n’irons pas loin et nous risquerons d’être désagréablement surpris à Tokyo comme ce fut le cas récemment à Dubaï. Aux derniers Mondiaux, l’équipe de Tunisie a régressé de la cinquième à la huitième place au classement mondial. Si la tutelle réserve des budgets conséquents nous permettant de prendre part à des compétitions de grandeur envergure, le maximum possible, outre les stages, nous serons capables, mes camarades et moi, de rattraper notre classement mondial et même de l’améliorer en faisant mieux que la cinquième place», promet Raoua Tlili.
Le message de Raoua Tlili et des sportifs à besoins spécifiques est on ne peut plus clair. Donnez-leur les moyens de leurs ambitions et ils nous épateront comme ils l’ont toujours fait.