Mais où est la stabilité du pouvoir d’achat ? Où est le meilleur emploi ? Et la stabilité financière ?
Tout au long des neuf années d’une transition politique éclectique, les deux piliers de la cohésion sociale (l’économique et le social) sont passés à l’as.
La cohésion sociale tant recherchée, je veux dire celle prévue depuis des années par les adeptes acharnés du troisième pilier — le politique — tarde à venir, voire elle s’éclipse tout doucement, mais sûrement.
A l’opposé, les adeptes du «tout est financier», notamment de la BCT, n’ont eu cesse de stigmatiser la création monétaire depuis 2011 pour soutenir le déficit public croissant, source d’inflation.
Car, reconnaissons-le, le taux d’inflation reste solidement ancré au dessus des 7%. Et ce, en dépit de toutes les mesures de contractions monétaires et hausses des taux de base.
Tandis que toutes les statistiques de l’activité économique, (taux de croissance du PIB voisin des 1%) et de l’emploi (taux de chômage voisin des 16%) sur toute la période 2011-2019, n’augurent pas ni ne justifient le commencement d’une embellie à moyen long terme.
Comment expliquer aux anxieux de l’inflation que leurs craintes ne sauraient se matérialiser tant que la production (et non pas la consommation) reste à des niveaux léthargiques ?
Toute l’agressivité de la politique monétaire et toute la détermination des hausses des taux ne suffisent ainsi pas à relancer le trinôme investissement-emploi-production, ni à juguler les anticipations inflationnistes qui se seraient pourtant révélées sous-tendues par d’autres facteurs (dérive du dinar, hausse des taux de l’intérêt et des charges financières).
Pourtant, il n’a donc jamais été si compliqué pour la BCT de relancer une activité qui semblait pourtant être la conséquence première d’un volontarisme restrictif.
A contrario, une création monétaire conjuguée à un repli des taux d’intérêt sur le long terme devrait néanmoins — en tout cas en théorie et les études empiriques le confirment — avoir un impact favorable sur l’activité et l’emploi. Tous les secteurs d’activité tributaires du crédit devraient se développer et, par là même, bénéficier des effets-coûts sur les prix.
Dans le cadre de sa politique monétaire: n’est-il pas d’encourager les banques à financer les agents économiques (privés et entreprises) avec, à la clé, le rétablissement d’une stabilité économique de croisière ?
L’un des objectifs fondamentaux de la BCT n’est-il pas « la stabilité macroéconomique», c’est-à-dire «le meilleur emploi et la stabilité des prix» ?
Tout au long de ces dernières neuf années, le niveau général des prix à la consommation familiale et celui des biens d’investissements avaient flambé, par la faute d’opérateurs qui font de la déviance des marchés une source de surprofits, d’un dinar à la dérive, elle-même source d’inflation et du renchérissement du loyer de l’argent et son impact sur les coûts de production.
La lutte pour le meilleur emploi et le reflux de la précarité ne constituent-ils pas l’objectif final pour atteindre la cohésion sociale recherchée ?
Par Dr Tahar El Almi : Economiste- universitaire