Trêve de pronostics sur la qualification à apposer au gouvernement que Habib Jemli est chargé de former, trêve aussi d’indiscrétions, de révélations par les «clients de Dar Dhiafa» et de petites phrases distillées par les uns et les autres dans l’objectif de faire perdurer le suspense et de faire en sorte que l’intérêt que les Tunisiens portent à cette question soit maintenu quotidiennement à son plus haut niveau.
Aujourd’hui, mercredi 27 novembre, les groupes parlementaires doivent être composés et les listes des blocs annoncées lors d’une séance plénière dont la date est prévue pour le vendredi 29 novembre.
Et si les choses sont claires pour Ennahdha (52 sièges), Qalb Tounès (38 sièges), le Parti destourien libre (17 sièges), le bloc de la réforme déjà constitué et présidé par Hassouna Nasfi (15 sièges), Tahya Tounès (14 sièges) et la coalition Al Karama (21 sièges), l’on s’attend, comme l’indiquent les déclarations de leurs responsables, à ce que Attayar et Echaâb décident de coaliser et de constituer un bloc parlementaire commun qui comprendra les 22 députés d’Attayar et les 15 d’Echaâb auxquels se joindront — si les calculs de Zouheïr Maghzaoui s’avèrent justes — quelque 14 autres députés parmi les indépendants et les partis faiblement représentés au Parlement pour atteindre le nombre total de 51 députés, ce qui en fera le bloc numéro un de l’opposition et lui accordera automatiquement la présidence de la commission parlementaire des finances comme le prévoit la Constitution.
Sauf que les calculs de Zouheir Maghzaoui peuvent tomber à l’eau même si aujourd’hui, Echaâb et Attayar parviennent à créer un bloc parlementaire commun, et ce, au cas où le chef du gouvernement désigné Habib Jemli parviendrait à convaincre Attayar ou Echaâb de faire partie du prochain gouvernement en répondant positivement aux demandes des uns et aux exigences des autres.
D’ailleurs, les responsables des deux partis ne se cachent plus, même s’ils déclarent le contraire, pour annoncer qu’ils continuent à négocier les termes d’une éventuelle entrée au gouvernement. Et certaines sources auraient même dévoilé que Mohamed Abbou a eu des assurances selon lesquelles son parti aura accès à deux ministères pour les trois départements qu’il réclame depuis le démarrage des consultations avec le chef du gouvernement désigné.
En parallèle, certains milieux se disant informés répandent l’idée selon laquelle les déclarations incendiaires de Zouhaïr Maghzaoui et les conditions rabâchées quotidiennement par Salem Labiedh et Hatem El Mekki ne sont plus partagées par plusieurs autres responsables au sein d’Echaâb qui pencheraient pour une participation au prochain gouvernement de Habib Jemli.
Et s’il y a un enseignement à tirer, c’est que rien n’est fait officiellement et définitivement ni au niveau de la formation du gouvernement ni à celui de la composition des groupes parlementaires.
Ce sont les transactions de dernière minute, les deals du dernier quart d’heure et les surprises qui n’ont, en réalité, rien de surprenant qui décideront de la configuration du paysage politique et parlementaire qui doivent prévaloir durant les cinq prochaines années.