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L’entreprise autrement : Des déficits de plus en plus graves

Comment une société matériellement, intellectuellement, culturellement et moralement appauvrie, régie par un Etat qui croule sous les dettes, la corruption et la bureaucratie, qui souffre en plus de terribles incohérences internes, devenant ainsi souvent un frein au progrès et ne pouvant plus imposer le respect de la loi, comment une société pareille peut-elle sortir de la redoutable spirale de décomposition dans laquelle elle s’est retrouvée ?
Question d’autant plus urgente que la situation économique du pays est plus qu’inquiétante, car la création des richesses a régressé de sorte qu’elle est devenue incapable de faire vivre décemment la plupart des habitants du pays, de permettre la maintenance les infrastructures existantes et chose très grave, incapable prochainement de développer d’autres infrastructures et de s’acquitter de ses dettes.
La situation du pays est également plus qu’inquiétante en ce qui concerne les dangers réels qui guettent sa souveraineté politique, économique et culturelle et qui fragilise sa sécurité au niveau de ses frontières aussi bien physiques que cybernétiques ainsi que pour la protection de ses données sensibles et à caractère confidentiel.
Une question épineuse qui s’impose à nous tous, car elle concerne notre société à nous, notre Etat, notre pays. Elle concerne aussi notre présent ainsi que l’avenir des générations futures. Une question à laquelle nous devons tous répondre, ensemble et le plus rapidement possible.
C’est-à dire arrêter d’abord de se lamenter et commencer tout de suite à réfléchir à des solutions efficaces et réalisables pour l’immédiat, le moyen et le long terme. Chose assez difficile, il faut le reconnaître car une bonne majorité d’entre nous ne sont pas capables de réfléchir correctement, ni d’ailleurs de planifier.
Que dire alors de pouvoir choisir, y compris ceux qui vont le représenter au sein des pouvoirs publics et de savoir prendre les décisions qu’il faut au moment opportun ? Or décider c’est faire démarrer le processus de l’action et l’action c’est la vie.
Un déficit, qui en conjugaison avec un ensemble d’événements survenus tout au long de ces dernières décennies ainsi que certaines pratiques collectives imposées, a eu pour entre autres conséquences néfastes la prédisposition inquiétante d’une bonne majorité de notre société à croire tout ce qui se dit et à devenir ainsi réceptive à toutes les rumeurs et les interprétations les plus alambiquées de la religion.
Il a également réussi à créer chez nous, et au sein d’une bonne frange de notre société, une forte prédisposition au mimétisme social et au suivisme. Pire, à commencer sérieusement et en toute inconscience, à détruire les fondements de notre identité et à saper notre sentiment d’appartenance à notre patrie.
La cause de ce déficit est bien claire, notre système éducatif, de socialisation, d’enseignement et de formation qui, depuis longtemps, a fait faillite, n’a, hélas pas réussi à produire cette compétence vitale chez nous, qu’est la capacité de réfléchir, de bien poser les problèmes et d’en imaginer des solutions.
Pire, il a réussi à la détruire après avoir pendant une période bien déterminée favorisé son développement. Cela sans parler d’autres compétences aussi vitales les unes que les autres, telle que la planification, comme déjà dit, l’anticipation ou la créativité qui sont restées embryonnaires ou sont totalement défaillantes.
Le système en question n’a, en fait, réussi qu’à favoriser la paresse et la malhonnêteté intellectuelles, et à ancrer en nous et chez nous une culture imprégnée de bon nombre de tares, telles que la fainéantise, la dépravation des mœurs, l’incivilité, le parasitisme, les sentiments d’infériorité, l’attentisme, le je-m’en-foutisme, la mentalité d’assisté, le défaitisme, la propension à la gabegie et à l’anarchie, etc.
Comment aurait-il pu réussi à nous apprendre à réfléchir alors qu’il n’a même pas réussi à nous apprendre à parler correctement, ni à comprendre, assimiler, maîtriser et comment utiliser les concepts les plus usuels, outils indispensables à la réflexion.
Il est aujourd’hui plus qu’aisé, en effet, de constater l’incompétence inquiétante d’une bonne majorité des Tunisiens, dont des enseignants universitaires, de tenir un discours fluide, cohérent et assez structuré, même dans notre parler tunisien.
Mais avant d’essayer de répondre à cette épineuse question, chacun est en droit d’en poser une autre : «Ladite société peut-elle réussir cette difficile et presqu’impossible mission ? ». A notre humble avis, oui elle peut, à condition de vouloir le faire, le pessimisme et le désespoir étant les pires ennemis de la vie.

Par Foued ALLANI

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