Si l’effet est passager pour certains établissements de loisirs et désastreux pour d’autres, «Tunis by night» n’a pas pour autant baissé pavillon…
Alors que l’affaire du dernier drame du Madison est entre les mains de la justice sur fond d’interminables séances d’interrogatoires et d’investigations sans fin, la question posée est de savoir comment sera l’après-onde de choc. De prime abord, il est certain que le secteur des établissements de loisirs nocturnes a été fortement secoué, voire touché de plein fouet.
Certes, il n’est pas encore au bord de l’effondrement, mais, à en croire les professionnels du métier, son rendement a, du coup, chuté à son plus bas niveau au lendemain de cette tragédie.
En ce sens que des night-clubs et restaurants dansants vivent désormais au rythme de… deux ou trois tables à servir, alors qu’ils affichaient complet en temps normal.
«Personnellement, je ne sors plus tous les soirs» comme avant, note un habitué de ces lieux qui affirme avoir changé de mode de vie nocturne, en dînant dehors une fois par semaine.
«Le meurtre perpétré au Madison, explique-t-il, a été la goutte qui a fait déborder le vase, étant donné que ces derniers mois, ces lieux n’attiraient plus, comme par le passé.
De surcroît, j’y constate des signes de pratiques louches et de fréquentations suspectes dont je me garde de parler avec force détails pour ne pas froisser certaines susceptibilités». Un autre client fidèle de ces établissements évoque «la folie des grandeurs» des tenanciers de ces boîtes passés maîtres en l’application de la politique des deux poids deux mesures, en privilégiant une certaine classe, tout en marginalisant les autres catégories de la clientèle. D’où des incidents de plus en plus fréquents.
D’où l’effet d’entraînement qui a causé le dernier meurtre du Madison.
Pour certains noctambules, la solution idéale consiste à ne plus pousser la soirée jusqu’à l’aube. Et cela en quittant les lieux bien avant minuit, afin d’éviter les conséquences des bacchanales. «Vous savez, note l’un d’eux, c’est généralement à partir de 22h00 que les esprits s’égarent, des consommateurs perdent le nord et le défoulement fait rage. Il vaut mieux donc «déguerpir» bien avant que ce “bal des vampires” ne se plante».
Ça n’arrive pas qu’aux autres
Par contre, pour les vrais accrocs de boîtes de nuit, le meurtre de Adem ne semble pas les avoir bouleversés outre mesure, en argumentant que ça n’arrive pas qu’aux autres. «Regardez, s’en défend l’un d’eux, ce qui se passe de semblable ailleurs.
En Occident et même aux Etats-Unis, ce pays le plus sécurisé du monde, les bagarres rangées et même les tueries sont fréquentes dans ces établissements de loisirs. Si on a peur, on n’a qu’à rester à la maison et se priver ainsi de son droit au défoulement et aux virées nocturnes que seuls ces lieux procurent».
Pour d’autres veilleurs de nuit «inguérissables et têtus», «il suffit seulement de changer de boîte, en jetant son dévolu sur les coins intimes et peu fréquentés, pour pouvoir joindre l’utile à l’agréable».
Bien qu’il y ait des divergences de vues, l’unanimité tourne autour de «la nécessité, voire l’obligation d’assainir le secteur de ces établissements de loisirs nocturnes en régularisant la situation professionnelle de leurs videurs vis-à-vis de la loi.
En attendant une réaction urgente de l’Etat qui doit aller au fond des choses, en ne se contentant plus de cette «sentence-poudre aux yeux» qu’est la fermeture de l’établissement suivie parfois de la résiliation de l’autorisation de commercialisation des boissons alcoolisées, nos boîtes de nuit sont désormais en deuil, le drapeau en berne et le manque à gagner de plus en plus lourd. Jusqu’où ira la traversée du désert ? That’s the question.
Mohsen ZRIBI