A l’heure du débat engagé par la CAE (Conseil d’analyse économique) sur le Pacte pour la compétitivité économique et l’équité sociale (2020-2025), la maintenance des équipements représente (tous secteurs confondus) près de 40% de toute activité publique et privée (coûts directs et indirects) et cela pourrait atteindre 60%. La maîtrise du processus de management de la maintenance est le plus souvent négligée et ne constitue pas des priorités car elle est souvent gérée au hasard aussi bien sur le plan financier que technique.
En l’absence de chiffres actualisés, et selon le constat au quotidien de notre parc industriel immobilisé, la Tunisie est devenue «Un cimetière d’équipements usagés». La maintenance en Tunisie négligée, voire oubliée, se chiffre à près de 20% du PIB et il suffit de calculer son impact sur la compétitivité.
C’est ainsi qu’il y a lieu de revenir à 1986 où le Cetime a pris l’initiative d’organiser, pour la première fois, le Sapri «Salon de la pièce de rechange industrielle», qui a regroupé les grands donneurs d’ordres et industriels, dans le but d’étudier les possibilités d’intégration et fabrication de la pièce de rechange industrielle sous toutes ses formes. D’ailleurs l’impact direct de cet événement a vu la création de plusieurs PME/PMI qui se sont bien adaptées aux demandes spécifiques des grands donneurs d’ordres et beaucoup de problèmes ont été résolus, voire améliorés à travers l’innovation et la recherche de solutions liées à des processus technologiques les plus avancés.
Grâce à cette initiative, les utilisateurs ont pu améliorer le système d’informations de gestion et de pilotage des stocks pour assurer une bonne disponibilité et fiabilité de l’outil de production, étant donné le traitement en temps réel des données, surtout quand il s’agit de maintenance (préventive, curative), avec la grande diversité des fournisseurs qui nécessitent une veille systématique des données à exploiter.
Depuis, grand nombre d’entreprises ont introduit la Gmao (Gestion de la maintenance assistée par ordinateur) dans les différents secteurs. Cet outil performant leur a permis :
•De disposer de l’inventaire du patrimoine industriel, sa localisation et ses caractéristiques techniques
•La gestion de la maintenance préventive et curative dans son ensemble
•La gestion des investissements (amortissements, coûts de production, durabilité, etc.)
•Le suivi des indicateurs de performance et le pilotage des indicateurs d’aide à la décision
Les recommandations issues de l’excellent travail élaboré par le CAE méritent d’être prises en considération par toutes les tendances politiques ainsi que tous les opérateurs économiques.
Pour stopper le phénomène de désindustrialisation du pays, des mesures urgentes doivent être prises, notamment :
•Revenir(même temporairement) au système d’autorisation d’importation préalable (AI) pour toutes les pièces et composants, dont la valeur dépasse 10.000 DT
•Renforcer le contrôle technique à l’importation par une structure indépendante (tierce partie) et exiger auprès des fournisseurs les garanties nécessaires de conformité technique.
•Mettre en place une structure nationale qui veillera au développement de la sous-traitance et encourager les consommateurs qui utilisent Made in Tunisia
•Encourager l’organisation périodique du Sapri avec au programme des événements liés à la sous- traitance pour faire connaître les potentialités de chaque secteur
Enfin, impliquer l’université et les écoles d’ingénieurs pour plus d’ouverture sur le monde industriel afin d’apporter des solutions technologiques immédiates.