Sit-in de la semaine dernière des docteurs-chercheurs
«Plus on a de diplômes, moins on a de chances d’être recruté»
Le chômage demeure le problème majeur qui tourmente les jeunes de nos jours. Mais quand cela touche les docteurs-chercheurs qui se sont sacrifiés,à la fleur de l’âge, pour leurs études supérieures, le sujet devient alarmant.
Un sit-in a eu lieu la semaine dernière devant le ministère de l’Enseignement supérieur, regroupant les docteurs-chercheurs chômeurs qui réclament leur droit au travail.
Cet événement a été programmé après plusieurs demandes et réclamations qui sont demeurées sans suite.
Les coordinateurs des étudiants-docteurs ont déposé une demande pour rencontrer la commission des jeunes, des affaires culturelles, de l’éducation et de la recherche scientifique à l’Assemblée des représentants du peuple en date du 22 mars 2017.
A cet effet, et suite à une réunion de travail, le ministère de l’Enseignement supérieur a déclaré la prise de plusieurs décisions, entre-autres : l’augmentation du nombre de postes de «chercheur» dans le cadre de la réforme du système, le développement du programme «Mobidoc» et la coordination avec l’Agence tunisienne de coopération technique pour faciliter l’intégration des docteurs tunisiens dans les universités étrangères dans les pays du Golfe et de l’Afrique.
Cependant, ces mesures n’ont pas été concrétisées.
De multiples demandes
Aujourd’hui, les docteurs-chercheurs, suite aux multiples obstacles et différents problèmes qu’ils subissent, ont exprimé leurs revendications et exigent :
– l’augmentation du nombre de postes d’assistant et de maître-assistant,
– l’activation du programme «Post-doc» pour les doctorants avec rémunération,
– la création de programmes de coopération avec le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi avec la participation des deux ministères dans le financement de la bourse du docteur-chercheur dans le cadre du programme «Post-doc»,
– l’ouverture du poste de chercheur dans les différents laboratoires et bénéficier des mêmes avantages que les assistants et les maîtres-assistants,
– l’intégration des docteurs dans d’autres ministères tels que le ministère de l’Education, la Culture, la Santé et l’Environnement…
– l’augmentation du montant de la bourse destinée aux doctorants et la maintenir jusqu’à l’achèvement de la thèse de doctorat pour préserver la dignité du jeune chercheur,
– résoudre le problème des doctorants de l’ancien régime avec la prolongation de la date de soutenance de thèse jusqu’au 31 décembre,
– revoir la situation désastreuse des laboratoires scientifiques et développer de véritables plans de restructuration,
– et, enfin, réviser les critères de passassion des concours.
Docteur-travailleur journalier
«Nous effectuons jusqu’à treize ans d’études après le bac pour avoir finalement le titre de travailleur journalier sur notre pièce d’identité!», s’est indignée Khadija Jaouani, représentante de l’Union des docteurs à Bizerte à son passage sur les ondes du radio Oxygène Fm.
Par ailleurs, les étudiants docteurs ont contesté les déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur qui, selon eux, appuie l’université privée au détriment de l’université publique.
Ces doléances ont été couronnées par une pétition destinée au Président de la République en date du 17 novembre dernier évoquant la situation critique des docteurs-chercheurs aussi bien sur le plan financier que professionnel.
La situation des docteurs-chercheurs en Tunisie se dégrade de plus en plus face au manque de postes d’emploi.
Après de longues années d’études, ces jeunes voient leurs rêves se dissiper et viennent gonfler les rangs des chômeurs diplômés en hausse constante.
Est-il vrai alors de dire qu’en Tunisie «plus on a de diplômes, moins on a de chances d’être recruté».