Notre pays peut-il sortir de la redoutable spirale de décomposition dans laquelle il s’est retrouvé ? Oui, avons-nous répondu dans notre précédente analyse. Question aussi cruciale que pressante, que nous avons alors posée dans ledit article en préalable à une seconde non moins cruciale et pressante, comment procéder pour y arriver le plus rapidement possible et d’une manière irréversible. Oui, à condition, comme nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises sur ces mêmes colonnes, qu’il puisse s’engager sûrement dans la construction d’une vraie paix sociale équitable et durable, de procéder à un diagnostic profond de sa situation actuelle, pouvant servir de base à toute action prospective. A condition d’abord que l’on démasque et arrête tous ceux qui, depuis début 2011 ou après, complotent et ont comploté pour déstabiliser le pays et faire avorter le processus révolutionnaire dans sont ensemble y compris le processus de transition démocratique.
A condition aussi que l’ensemble des acteurs publics (gouvernants, société civile et intellectuels indépendants) se réunissent pour éclairer le peuple et lui permettre de trancher à propos de tous les sujets polémiques et pouvant engendrer des polémiques.
Sujets ayant plongé le pays dans des conflits d’opinion parfois violents et qui continuent de produire les germes d’une guerre civile, surtout lorsque l’on constate l’échec, hélas, du processus de réconciliation nationale, pierre angulaire de la transition démocratique. A condition, ensuite que ses élites se réunissent pour établir «un nouveau projet de société», appelé à mobiliser toutes les forces sociales et culturelles autour de principes immuables qui serviront de base à la construction d’une société unie, solidaire, pacifique et épanouie. A condition également que ses acteurs économiques et sociaux se réunissent pour fonder ce que nous avons appelé la «Constitution sociale et économique» du pays. Document qui servira au pays pour la construction de son nouveau modèle de développement.
A condition enfin de mettre en place un plan efficace, capable d’instaurer la discipline à tous les niveaux (Voir notre chronique du 13-02-2019, La discipline avant tout) et à construire le citoyen, car actuellement le pays souffre des agissements de ceux qui appartiennent à une catégorie qui a vu le jour depuis au moins quatre décennies et que nous avions appelée «l’anti-citoyen». Entre-temps les décideurs devront entamer, au plus vite toutes les réformes en instance depuis des lustres. Telles que la refonte du système fiscal, la limitation rationnelle des dépenses de l’administration, la réforme du système de production des compétences, celui de la santé, celui de la volonté d’entreprendre, etc.
Les réformes doivent nous conduire au stade de la sécurité alimentaire, et concerner aussi le système de distribution des produits de consommation courante, celui de la compensation, celui de la solidarité, la conception et la mise en œuvre d’un nouveau modèle de consommation, etc.
Ils devront également, et comme nous l’avons déjà écrit dans nos précédentes chroniques, procéder à la mobilisation générale du peuple pour lui permettre de se mettre à niveau, côté compétences intellectuelles et sociales, de participer à l’effort visant à offrir à tous un environnement sain, à l’effort visant une meilleure sécurité publique (contre la délinquance civile, routière et autre), à celui visant à consommer tunisien, à lutter contre le gaspillage, etc.
La mobilisation doit aussi concerner la réduction drastique de cette inquiétante prolifération de fausses nouvelles, de fausses informations, de fake news (fausses nouvelles produites intentionnellement destinées à nuire à autrui), de rumeurs, qui sont en train d’empoisonner la vie des Tunisiens, de détruire leurs capacités intellectuelles, et de menacer la paix sociale et la sécurité publique. La mobilisation doit également permettre une meilleure implication des acteurs sociaux dans la gestion participative des affaires courantes de la population et aussi en renforçant leur participation au contrôle et à la supervision des prestations administratives.
La mobilisation doit, enfin, concerner la sauvegarde et la réhabilitation de notre mémoire collective, en parallèle avec le rétablissement de notre souveraineté culturelle, le renforcement de nos capacités de création intellectuelle et artistique et de lutter contre les plagiats et autres délits et crimes culturels.
Par Foued ALLANI