Malgré la divergence qui existe, de par le monde, dans la façon de mener les expériences pour surmonter les crises économiques et ouvrir la voie à la prospérité et au développement des nations, plusieurs points communs peuvent en être tirés. Le rôle régulateur de l’Etat est, désormais, de mise dans ce nouvel ordre mondial.
Après la crise des subprimes survenue en 2008, plusieurs pays à travers le monde ont subi une crise de dettes publiques profonde. Certains pays, comme la Grèce ou encore le Portugal, ont été structurellement touchés. Le chômage y a atteint des taux record jamais enregistrés auparavant. Les symptômes sont unanimes : chute drastique de l’investissement, croissance en berne, déficit budgétaire colossal. Les Grecs, à titre d’exemple, en ont porté pour longtemps les séquelles, bien que ce pays européen ait réussi à surmonter la fameuse crise de dettes publiques qu’il a vécu sous le feu des projecteurs du monde entier.
L’expérience grecque : quand la défense des droits de l’homme devient un atout
L’ancien premier ministre de Grèce et leader du parti de la gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras, était présent à l’ouverture des journées de l’entreprise qui a eu lieu, vendredi dernier, 6 décembre à Sousse, pour parler de leur crise. «Lorsque nous avons pris le pouvoir, en janvier 2015, la crise que vivait la Grèce était à son apogée. Le plan d’austérité imposé par l’Union Européenne a aggravé la situation au lieu de l’améliorer.
Notre gouvernement a négocié alors un plan alternatif avec un budget plus souple. Nous nous sommes également accordés sur les dispositifs adoptés pour diminuer le déficit budgétaire», a expliqué l’ancien premier ministre grec. Et d’ajouter : «Notre gestion au sein du gouvernement dans ce temps de crise est crucial». Tsipras a expliqué que son gouvernement a formé une task force pour aider les entreprises à faire face aux difficultés, notamment financières dont elles souffraient et booster l’investissement dans le pays d’une manière générale.
Une des questions les plus importantes, sur laquelle l’ancien ministre grec s’est attardé, est celle relative à l’acceptation des réfugiés. L’ancien premier ministre de Grèce a mis l’accent sur la politique étrangère suivie par son gouvernement pour gérer la crise des réfugiés, et ce, en coordination avec le voisin turc. Il a expliqué à ce sujet que son gouvernement tenait à défendre les droits des réfugiés, même si les voix xénophobes se haussaient de plus en plus, étant donné que le chômage sévissait dans la société. Une politique, selon lui qui a porté ses fruits, et a contribué à redorer le blason de la Grèce. «Un jour, un investisseur m’a avoué son estime envers le peuple grec qui a fait montre d’humanitarisme et d’altruisme envers les réfugiés de guerre. C’est la raison pour laquelle, il a décidé de s’installer dans ce pays», a souligné Alexis Tsipras. Il a conclu par mettre l’accent sur la politique menée par son gouvernement pour lutter contre la fuite des cerveaux afin que les compétences soient productives dans leur pays, sans oublier la gestion de crise des réfugiés qui se basait sur le dialogue avec les Turcs.
Ce que propose Abdallah Gul pour la Tunisie
Pour Abdallah Gul, ancien président de la Turquie, qui a été également présent au panel d’ouverture, la démocratie est un gage de la croissance inclusive. «Dans les régimes autoritaires, on peut créer de la richesse, mais elle ne sera pas répartie d’une manière équitable. La corruption est forte dans ces régimes», explique-t-il. Il a fait savoir que pour résoudre le problème du chômage qui est le défi n°1 en Tunisie, le marché du travail doit être flexible.
L’ancien président de la Turquie a, par ailleurs, souligné la nécessité de diversifier l’économie nationale, en encourageant l’entrepreneuriat et en mettant en place des incitations en faveur des PME, premier créateur de richesses et d’emplois. Le capital humain étant un élément-clé pour la prospérité économique d’un pays, Abdallah Gul a précisé que les jeunes éduqués constituent la véritable richesse de la Tunisie, qui poussera vers son développement. «L’intégration économique de la Tunisie avec l’Union européenne constitue, également, un facteur crucial qui contribue à booster l’investissement dans le pays», a-t-il affirmé. Pour Gul, les diverses expériences économiques réussies à travers le monde ont démontré que le développement économique d’une nation passe par six éléments primordiaux, à savoir un environnement de paix, l’application de la loi, la liberté de penser, la liberté d’expression, la bonne gouvernance et l’égalité des chances pour tous les citoyens.
La restructuration des entreprises publiques et le PPP, fer de lance
L’expérience portugaise n’est pas moins édifiante pour la Tunisie. Paulo Carmona, président du Forum portugais des Administrateurs et des Managers, a parlé également de la crise économique portugaise et du plan national adopté pour la surmonter. «Le rôle interventionniste dans son modèle classique mène au surendettement et par conséquent à la dépendance économique», explique-t-il. Carmona a souligné que, pour sortir de sa crise économique, le Portugal a choisi d’emprunter la voie de l’Etat «intelligent». «», lance-t-il.
Et d’ajouter «Nous avons commencé les opérations de cession des entreprises publiques. Au début c’était une ligne rouge, quelque chose d’intouchable. Nous nous sommes également lancés dans des contrats de Partenariat Public-Privé. Il y avait également un blocage mental en ce qui concerne le PPP, au commencement. Il faut dire, à cet égard, que l’Etat doit jouer pleinement son rôle de régulation, sans oublier l’investissement dans l’éducation qui est crucial pour la nation», a fait savoir le président du Forum portugais des Administrateurs et des Managers.
Pour le chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, Youssef Chahed, quatre principaux dossiers doivent être entamés par le gouvernement qui sera prochainement formé, à savoir la restructuration des entreprises publiques dans un cadre participatif, en l’occurrence un dialogue tripartite dans le but de dégager les ressources financières pour l’Etat, la relance du secteur productif à travers des pactes sectoriels dans le cadre d’une politique contractuelle, la digitalisation et enfin la poursuite de l’effort de la rigueur budgétaire.