Tant qu’une frange de la population tunisienne continue de recourir à des réseaux d’organisateurs non réglementés pour se rendre dans des endroits isolés et reculés du pays qui ne sont pas exempts de risques et de dangers, ce genre d’accidents pourrait se reproduire.
Perdre sa vie pour une poignée de dinars, on parle d’un tarif d’une vingtaine de dinars par personne, c’est le triste sort des 29 victimes qui ont perdu la vie, il y a trois semaines, au cours d’une excursion pour Aïn Draham dans un bus touristique.
Le 1er décembre dernier, un triste dimanche, toute la Tunisie pleurait l’accident le plus meurtrier de 2019 survenu à quelques jours de la fin de cette douloureuse année. Le tragique, dramatique et effroyable accident de la route, survenu au niveau de Amdoun, hante encore tous les esprits.
Et pourtant les excursions se poursuivent comme si de rien n’était, du moins à travers les réseaux sociaux même si d’aucuns considèrent que ce sont de fausses pages et qu’il est impossible en pareille circonstance de tenter le diable en organisant de nouvelles randonnées à travers des sentiers dangereux comme celles qui mènent à Oued Ezzene à Aïn Draham.
D’ailleurs, deux randonnées prévues successivement pour les dimanches 15 et 22 décembre sont affichées sur une page facebook avec un nombre d’intéressés de l’ordre d’un millier de personnes dont une quarantaine ont confirmé leur participation. Il s’agit d’une randonnée à quarante dinars la personne à partir du gouvernorat de Sousse (Msaken, Sahloul, Kalaa Kebira) qui fait l’objet d’une interruption formelle de ses activités lorsqu’on a contacté les organisateurs.
Une hypothèse que confirme une agence de voyages interrogée qui considère qu’hormis l’obstination de sociétés de services, en aucun cas les agences de voyages ne procèdent à l’organisation de randonnées. Effectivement, les personnes qui promettaient cette randonnée avouent qu’elle est interdite d’accès jusqu’à nouvel ordre même si elle n’emprunterait pas le fameux tronçon de Amdoun, source de tous les dangers. Une mesure restrictive est lancée qui accorde un maximum d’ancienneté de six ans pour le bus touristique, notamment celui qui emprunte les trajets en zone montagneuse, apprend-on.
Randonnées de tous les dangers
Haithem Charfi, chef de comptoir dans une agence de voyages située à Tunis, tire les choses au clair quant à la poursuite des randonnées qui transiteraient par le lieu du drame.
Il estime que ce genre d’excursions «low cost» n’est pas rentable pour les agences de voyages et apporte des preuves tangibles en revenant sur les circonstances du drame.
Selon lui, une société de services a pu prendre le relais des agences de voyages réglementées pour organiser à sa guise la randonnée de tous les dangers. La société de services a certainement loué des bus touristiques auprès d’agences de voyages en sous-traitant avec le chauffeur de son choix pour boucler le dossier de voyage en quelques étapes-clés.
Le trajet entre Tunis et Oued Ezzene Aïn Draham s’étend en moyenne sur cent trente-deux kilomètres selon la cartographie mais, selon M. Charfi, le circuit qu’empruntent les bus touristiques est plus long et se déroule sur une distance moyenne de deux cent cinquante kilomètres, soit au total cinq cents kilomètres aller-retour.
Ceci sans considérer les frais du chauffeur, son droit à l’assurance et aux cotisations sociales ainsi que l’assurance des passagers. Il faudrait compter comme charges pas moins de trente-cinq à quarante-cinq dinars par personne pour une structure réglementée et officielle qui organise de telles excursions, ce qui n’est pas rentable pour elle et ne lui permet pas, par conséquent, de rentrer dans ses frais.
Par ce raisonnement, il tend à prouver la non-rentabilité de ces excursions que seuls des hors-la-loi organisent contre vents et marées avec des trajets plus courts et bien ficelés. Et M. Charfi d’expliquer : «Les Tunisiens de condition modeste empruntent ce trajet sans se préoccuper de leur sécurité ! Ils n’hésitent pas à opter pour ces randonnées bon marché afin de s’amuser et de passer du bon temps sans trop dépenser au mépris de leur sécurité».
Effectivement, une société de services qui embarque 43 passagers en échange de vingt-cinq dinars par personne va engranger mille soixante-quinze dinars pour une seule journée. Un montant duquel il faudra simplement déduire les frais du chauffeur et de l’essence, ce qui augure une belle moisson. Mais elle comporte tous les risques : «Une randonnée sans assurance, sans factures et sans aucun contrat pour la traçabilité ou le suivi», concède le responsable de l’agence de voyages.
Enfin pour ce qui est de la faute présumée du chauffeur du bus accidenté, les avis sont partagés même si ce dernier a perdu la vie. De sérieux et très précis témoignages ont rapporté que le chauffeur n’a pas réussi à maintenir l’équilibre du bus touristique malgré les trois coups de frein.
Espérons qu’un tel scénario ne se reproduira plus, le temps de voir l’infrastructure routière s’améliorer en Tunisie.
Fatnassi
14 décembre 2019 à 18:22
C’est affreux et à pleurer!!! vouloir gagner à moindre frais alors que tout le monde sait que le moins cher coûte finalement le plus cher!!!
Trois problèmes se posent:
1- les qualifications des chauffeurs de bus
2- l’état du bus
3-la règlementations des services des véhicules
Le chemin sera long Mais ne dit-on-pas : ne craignez pas d’avancer lentement mais craignez plutôt de vous arrêter? Il faut avoir le courage aujourd’hui de s’attaquer à tous les dysfonctionnements qui coûtent assez chers en vie et ça c’est le rôle du gouvernement. Bon! pour autant qu’il se constitue. Mais ça c’est une autre histoire.
Toutes mes condoléances aux familles des innocentes victimes.