LE bureau politique du parti Attayar (ou Courant démocratique) a décidé de reprendre les concertations avec Habib Jemli autour de la formation du gouvernement, mais sur la base de nouvelles conditions qui seraient maintenant recevables.
Des trois ministères qu’il exigeait, il serait désormais en mesure d’en obtenir deux : la Justice et la Réforme administrative, ainsi qu’un «droit de véto» à propos de la désignation du ministre de l’Intérieur qui sera une personnalité «neutre». De plus, il n’est pas exclu que ce parti puisse obtenir d’autres portefeuilles.
La direction d’Attayar indique qu’il reviendra au Conseil national du parti de décider de sa participation ou pas au gouvernement.
Ainsi, le principe de «non-partage du gâteau» convenu par l’ensemble de la classe politique tunisienne, dans l’esprit d’éviter les erreurs de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’avènement de l’Assemblée constituante, est implicitement bafoué. Pire, le parti de Abbou se taillerait la part du lion au sein d’une équipe gouvernementale dont on ne sait rien et dont la formation semble fort laborieuse, ayant beaucoup traîné en longueur.
Ce renouement de la part du Courant démocratique pourrait présager un retour du mouvement Echaâb à la table des négociations. Mais ce parti, qui refusait le leadership d’Ennahdha et donc le choix de Habib Jemli en tant que chef de gouvernement, devra rechercher les voies d’un compromis sur cette question clé. Surtout que les deux formations font partie d’un même groupe parlementaire.
Quoi qu’il en soit, les nouvelles faveurs accordées à Abbou éloignent, sans doute, les perspectives d’une association de Qalb Tounès au prochain gouvernement dont Jemli a la charge. Et le leader nahdhaoui Abdellatif Mekki a réitéré, hier, la position de son parti à l’égard de Nabil Karoui qui, à son avis, devrait, du fait de son implication dans une affaire de suspicion de malversation, «faire profil bas».
La question se pose, dans ces nouvelles conditions, de savoir qui a fait bouger le dossier d’Attayar : Habib Jemli, Ghannouchi ou le Conseil de la choura ? Sans cela, Ennahdha courait effectivement vers sa perte, puisque vers le renoncement, dans trois semaines, à la constitution de son gouvernement.
Et cette éventualité aurait accordé au président de la République le loisir de charger lui-même celui qu’il aurait jugé comme le plus apte à former le gouvernement et à injecter dans son programme — pourquoi pas — les innovations controversées qu’on lui attribue.