Accueil Economie Supplément Economique Parole aux consommateurs : «Ce n’est ni bio, ni bon pour la santé…» !

Parole aux consommateurs : «Ce n’est ni bio, ni bon pour la santé…» !


Pour plusieurs consommateurs, l’appellation «bio» n’a pas de sens. Car, pour eux, ce n’est qu’une forme de pression marketing. Aussi pour certains chercheurs et médecins, il faut se rendre à l’évidence : le bio n’a aucun effet sur la santé des gens !


La communauté des scientifiques est unanime, «l’état actuel des connaissances ne permet pas de conclure avec un niveau de preuve suffisant, fondé sur le consensus scientifique, sur un effet bénéfique de la consommation d’aliments “bio” pour préserver la santé de la population…». Les examens rigoureux des experts les plus compétents démontrent que l’alimentation bio n’a aucun effet sur la santé des gens qui la consomment à grands frais. Pourtant, ces scientifiques ne peuvent être soupçonnés de favoritisme envers l’agriculture conventionnelle puisqu’ils encouragent, toutefois, la consommation de produits végétaux issus de pratiques agricoles limitant les intrants synthétiques (engrais et pesticides).

Pour Dr R.B «le bio est un mode de production limitant les intrants et constitue à ce titre un moyen de limiter l’exposition aux pesticides. Cependant, il ne permet pas d’éliminer totalement certains contaminants présents dans l’environnement (métaux lourds, dioxines, mycotoxines, pesticides organophosphorés…)». Pour lui, «le recours aux produits bio est un élément complémentaire aux repères principaux de consommation, qui sont eux des critères de choix prioritaires : par exemple, pour les fruits et légumes, le repère de consommation est d’au moins cinq par jour qu’ils soient bio ou non ; s’ils sont issus de l’agriculture biologique, c’est un plus. Un produit gras et/ou sucré, même bio, reste un produit gras et/ou sucré». Si on comprend bien, le bio n’est pas tout à fait bio, puisqu’il contient lui aussi de nombreux contaminants, et, en plus, en manger ou pas n’est pas important sur le plan nutritionnel mais… il faut en manger quand même, à cause du principe de précaution.

On déchante un peu
Côté consommateurs, les avis divergent. Pour Amel, les produits issus d’une agriculture biologique sont simplement une arnaque. «Depuis que je consomme presque exclusivement des produits biologiques, j’ai entendu beaucoup de bêtises sur le sujet. Déjà, j’ai longtemps eu la certitude qu’acheter bio signifiait encourager l’activité de petits paysans amoureux de la terre. Que j’aidais ceux qui arrachaient les mauvaises herbes à la main et transmettaient leurs techniques d’agricultures ancestrales de père en fils. Mais je me suis rapidement lassée de ne pouvoir m’opposer aux sarcasmes des gens. Pour eux, ne pas avoir de pesticides dans mon assiette n’est qu’illusion. Je me suis donc renseignée. Et j’ai pu constater combien la réalité était moins agreste que ce que j’imaginais».

Son amie, Lobna, intervient «Pour commencer, je me suis mise à lire les étiquettes. Au début, c’est rigolo : un peu comme vouloir apprendre le chinois. Mais une fois capable de décrypter les ingrédients sur les étiquettes, ou la composition de certains produits, on déchante un peu. A quoi bon acheter ces produits bio en dépensant une fortune, si c’est pour y retrouver les mêmes quantités de sel, de sucre et d’huile de palme que dans le reste des produits conventionnels ? Pourquoi est-ce que même les cosmétiques certifiés bio contiennent des substances irritantes comme l’ammonium lauryl sulfate?». La déception des consommateurs est donc de taille, face à des produits qui coûtent cher et dont personne ne peut confirmer les bienfaits sur la santé.

Sofiène, jeune diplômé en pharmacie, nous livre sa vision des produits biologiques. «Je me suis intéressé à cette question de très près puisque j’ai eu l’occasion de participer à un travail de recherche en France avec un groupe d’amis. Et les conclusions qui ont été dégagées de ce travail, sont, en quelque sorte, un peu décevantes. Il n’y a pas de différence significative entre la valeur nutritionnelle des produits biologiques et celle des produits conventionnels, lorsque nous faisons nos tests. Différentes recherches concluent à une supériorité des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique (ils seraient plus concentrés en vitamines et minéraux car moins aqueux). Mais cette différence ne semble pas constante et pas toujours très marquée, de nombreux facteurs indépendants des méthodes de culture (terroir, ensoleillement, variété cultivée) influençant la composition nutritionnelle. Par ailleurs, les scientifiques eux-mêmes ne semblent pas unanimes sur la question».

Prix élevés
Pour d’autres consommateurs, la qualité gustative varie d’un produit à l’autre sans différence significative entre famille biologique et conventionnelle. Riadh, agriculteur à Mateur, précise, «il y a de bons et de mauvais produits de part et d’autre, même si nous constatons que de plus en plus souvent, les produits biologiques obtiennent de bons résultats quant à leur qualité gustative, cette question est très subjective».
Les consommateurs se plaignent du prix élevé des produits biologiques.

De leur côté, des producteurs s’inquiètent, pour certains produits, de la difficulté de vendre à un prix suffisamment rémunérateur. Les uns et les autres ont tôt fait d’incriminer les intermédiaires, c’est-à-dire les transformateurs et les circuits de distribution. Pourtant, il ne nous semble pas que, sauf exceptions, les transformateurs et les détaillants s’enrichissent indûment. Alors, peut-on satisfaire tout le monde et comment ? Plusieurs solutions se présentent aux consommateurs qui souhaiteraient percer dans le monde des produits sains.

Ventes directes, ventes à la ferme, magasins de producteurs… sont souvent présentés comme des solutions aux prix élevés. Ces méthodes de commercialisation sont, en effet, très séduisantes, mais ne peuvent concerner qu’un nombre limité de produits, frais pour la plupart. Si une augmentation des volumes de ces produits pourrait diminuer les coûts de transport et plus généralement de distribution, les produits «bio» resteront toujours plus cher que les conventionnels pour plusieurs raisons. D’abord, les rendements des firmes «bio» sont le plus souvent inférieurs à ceux en conventionnel, même si cette différence devrait diminuer dans le futur avec des techniques de plus en plus performantes en bio.

Ensuite, l’agriculture biologique demande plus de main-d’œuvre que la conventionnelle : désherbage mécanique, fabrication et épandage du compost, plus grande diversité des cultures, etc., les engrais organiques sont beaucoup plus chers que les chimiques, même en matière de traitements, les bio font rarement des économies, du moins en maraîchage et en arboriculture, car les méthodes de lutte biologique sont plus coûteuses et demandent plus de temps.

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