
Wadii El Jary ne laisse rien au hasard. Cette assemblée va lui permettre d’amender des règlements et de préparer sa campagne électorale. Ses arguments sont solides.
Wadii El Jary est plus que jamais aux anges. Ses adversaires les plus acharnés, qui ont longtemps cherché à le déboulonner, ont fini par baisser carrément les bras pour ne pas dire abdiquer et enterrer définitivement la hache de guerre. Ils lui reconnaissent aujourd’hui son mérite et pas mal de qualités, notamment celle d’être un bon stratège et un bel orateur qui sait choisir avec minutie le moment idéal de sortir de l’ombre, d’apparaître sur scène. Les dates de convocation pour les assemblées ordinaire ou extraordinaire de la fédération (l’organe législatif, le pouvoir et l’instance suprême qui orientent et dirigent le football tunisien), comme celle extraordinaire organisée aujourd’hui pour obtenir l’approbation d’un tas d’amendements des statuts de la FTF qui élargiront le champ de son pouvoir et de ses prérogatives, en sont la preuve. D’une maison quasiment en ruines qu’il a héritée avec plus de 8 milliards de dettes, Wadii El Jary a fait de la fédération une structure financière blindée avec un chiffre d’affaires et un actif qui avoisine les 60 milliards.
Des chiffres qui parlent, à eux seuls, de ses réussites, à tel point que le président de la fédération n’a pas besoin d’autres arguments pour convaincre son auditoire d’aujourd’hui et regarder les membres et représentants des clubs présents les yeux dans les yeux. L’exemple le plus frappant étant celui du Club Africain qu’il est en train, avec d’autres personnes, de faire sortir de la trappe infernale de la Fifa. Personne n’ignore qu’avec la tenue de cette assemblée avant la fin de l’année, l’homme a un œil sur mars 2020, date de la fin de son mandat et de la programmation de nouvelles élections.
L’objet de ces amendements à la pelle est de faire de la fédération une forteresse juridique qui peut résister à toutes les tempêtes et de couper court avec la politique et toute velleité d’ingérence ou d’influence sur sa méthode de travail et sa manière de diriger le football tunisien. En contre-partie, il fait part d’une réelle volonté dans ces amendements phares proposés et soumis, et donne des garanties à l’assemblée souveraine de se doter d’outils juridiques pour la bonne gouvernance, l’intégrité des compétitions, la lutte contre la corruption, le dopage, le racisme et les discriminations sous toutes leurs formes et d’œuvrer pour le fair-play, la loyauté et la transparence.
Pour une plus grande présence aussi de la femme dans le bureau fédéral, dans les ligues, les organes juridictionnels et centres de pouvoir et de décision. Sans oublier la mention de fidélité à la Fifa, instance suprême du football dans le monde, au règlement du statut et des transferts de joueurs, à l’Ifab «seule habilitée à modifier et promulguer les lois du jeu».
Cette assemblée générale extraordinaire a un parfum de pré-campagne ou un avant-goût de campagne pour les élections de 2020. Bien que sans véritable concurrent capable de lui barrer le chemin, Wadii Jary ne prend pas de risques en se protégeant avec un arsenal juridique immense.
Hédi JENNY