Accueil Société Fêtes de fin d’année : Les spéculateurs à pied d’œuvre 

Fêtes de fin d’année : Les spéculateurs à pied d’œuvre 


Des denrées alimentaires tels le lait, le beurre et le sucre se raréfient de plus en plus, ces jours-ci, en raison «des spéculateurs du réveillon». Constat d’impuissance ?


Il y a moins d’un mois, nous avions, sur ces mêmes colonnes, fait état d’une pénurie de denrées alimentaires, lait et beurre en tête, tout en appelant à y remédier d’urgence. Peine perdue, le cri de détresse étant tombé dans l’oreille d’un sourd! Car, au lieu de baisser, la tension engendrée par cette pénurie n’a cessé, depuis, d’aller crescendo.
En effet, outre ces deux produits qu’on n’a plus revus sur le marché tout au long des deux dernières semaines, voilà que le sucre s’en mêle, pour étoffer une liste déjà exagérément longue et sans doute inquiétante.
«Si, pour le lait, déplore une femme au foyer, on se débrouille tant bien que mal, on a fait, par contre, nos adieux au beurre devenu à mes yeux un produit de luxe», proteste une dame à la retraite ajoutant, par ailleurs, « qu’il faudrait, peut-être, entreprendre un tour de Tunisie pour pouvoir s’approvisionner en lait et en beurre qui continuent de briller par leur absence. Personnellement, je sillonne, tous les jours, les rayons des grandes surfaces. Si, par miracle, des quantités de lait débarquent, elles sont épuisées en un temps record, sans oublier qu’elles sont soumises à la loi, aberrante et injuste, à savoir deux paquets par personne ».

Croyant trouver la clé de la solution, l’Etat, on le sait, a importé d’importantes quantités de lait d’une firme étrangère. Or, le nouveau venu n’a pas la cote auprès des consommateurs tunisiens qui lui préfèrent, mordicus, une autre marque locale très prisée, mais hélas introuvable. Pour sa part, le sucre perd du terrain, s’éclipse puis refait surface, l’espace de quelques heures, avant de regagner sa cache ! «Nos commandes en sucre ont sensiblement baissé par la seule faute de nos fournisseurs qui refusent d’accepter une bonne partie de nos achats», explique un agent exerçant dans un supermarché de la capitale, qui impute cela à «l’effervescence coutumière des fêtes de fin d’année».

Comment réguler le marché ? 
Effectivement, les mois de décembre se suivent et se ressemblent chez nous. Coïncidant avec les fêtes de fin d’année, ils condamnent hôteliers et pâtissiers à une course effrénée pour la constitution des stocks de sécurité en lait, beurre, sucre, farine et autres ingrédients leur permettant de ne pas en manquer. Ils passent d’importantes commandes dès le mois de novembre, au grand bonheur des spéculateurs qui règnent sur ce qu’on appelle «l’empire des circuits de distribution». Ceux-ci, qui ont fait du gain facile leur raison d’être, sont évidemment là, à tout moment, pour écouler le plus grand volume de marchandises possible et, par-dessus le marché, aux prix qu’ils dictent. C’est-à-dire à prendre ou à laisser. «Nos charges s’alourdissent», indique un pâtissier qui justifie son choix par l’implacable réalité du terrain marquée par une concurrence de plus en plus sournoise et déloyale. «C’est un peu l’adage arabe qui signifie ceci : fais comme ton voisin ou ferme ta porte».
Oui, mais a-t-on pensé au citoyen lambda qui est en train d’en payer les frais? Est-il normal qu’une lutte fratricide entre belligérants du business affecte les droits du consommateur et érode son pouvoir d’achat? Comment réguler le marché? Ou faudra-t-il se résoudre à patienter encore jusqu’au passage des ouragans des fêtes de fin d’année ?

Mohsen Zribi 

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