Belkacem Hajjej est le producteur du film « Papicha » actuellement sur nos écrans. Nous l’avons rencontré lors de son passage à Tunis.
Comment êtes-vous venu à produire ce film ?
Ce film a, pour moi, une histoire un peu particulière. Monia Meddour, la réalisatrice, est la fille de Ezzedine Maddour, un grand cinéaste algérien qui était un grand ami à moi. Avec lui, nous avons créé la première boîte de production privée en Algérie. J’ai tout de suite senti le devoir d’accompagner la fille de Ezzedine sur ce projet. De plus, j’ai trouvé le projet très intéressant et courageux. Puis, au fur et à mesure, j’ai découvert une réalisatrice tout à fait digne de son père… La réalisatrice savait ce qu’elle voulait et elle a travaillé minutieusement sur « Papicha ». Elle a par exemple ajourné le film à plusieurs reprises parce qu’elle tenait à certaines comédiennes notamment à l’actrice principale .
Comment se passent les choses pour les boîtes de productions privées en Algérie.
Je pense qu’il n’y a pas de réelle volonté politique pour développer le secteur du cinéma. Jusqu’au milieu des années 90, le secteur du cinéma et de la culture était entre les mains de l’Etat. Ensuite le secteur s’est ouvert sur les sociétés privées; malheureusement le reste n’a pas suivi parce que très vite après cette ouverture le système politique algérien a repris les choses en main et a de nouveau rebarricadé les choses et donc on est resté dans un semblant de vérité… Sur un autre plan on ne peut pas parler de production privée sans l’existence d’un véritable marché. Ce marché n’existait pas en Algérie auparavant. Ces dernières années seulement, on a vu que certaines salles ont été restaurées et réaménagées. En d’autres termes nous continuons à dépendre des aides étatiques de manière générale.
Après les élections en Algérie quelles sont vos attentes ?
Avec ce qui se passe en Algérie actuellement, nous attendons tous une issue favorable et c’est un moment où toutes les libertés sont en jeu. Tout dépend donc de la volonté politique pour le cinéma et la culture et cette volonté si elle n’est pas tournée vers la liberté d’expression, nous ne pourrons pas évoluer. Nous espérons un grand changement en Algérie sur le plan des libertés et je fais partie des gens qui croient qu’il y a des verrous qui sont en train de sauter comme celui de la corruption par exemple.
Mais il y a un travail de fond à faire et cela demande du temps et des moyens politiques. Le « hirak » que vit présentement le pays demande entre autres justement le nettoyage des rouages politiques…
