Les oléiculteurs ne sont pas d’accord sur le prix proposé par l’Office national de l’huile et qui est de 5,6 dinars le litre. D’où la décision de l’Utap d’organiser, aujourd’hui, une manifestation.
Les oléiculteurs ne sont pas contents à cause de l’effondrement des prix sur le marché local. En effet, dans un communiqué en date du 24 décembre 2019, l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap) informe qui de droit que les agriculteurs lésés par les prix pratiqués vont manifester, et ce, aujourd’hui mercredi 25 décembre, devant le siège du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.
Pourtant, le gouvernement tient à faire de l’huile d’olive un secteur stratégique.
Lors d’un Conseil ministériel restreint, tenu récemment sous la présidence de Youssef Chahed, chef du gouvernement et en présence des départements concernés, un ensemble de dispositions ont été prises en vue de promouvoir ce produit sur le marché.
Ce conseil a été couronné par une décision importante, à savoir la mise en place d’une enveloppe de 100 millions de dinars en vue d’approvisionner le marché local en huile d’olive dont les achats porteront sur 30.000 tonnes. Selon les producteurs d’olives, des problèmes épineux ont surgi au cours de cette campagne et ont eu un impact direct sur l’effondrement des prix même si le ministère de l’Agriculture a décidé d’impliquer l’Office national de l’huile (ONH) pour acheter les quantités produites.
Pour un prix équitable
Les producteurs en question rejettent le prix proposé, à savoir 5,6 dinars le litre d’huile d’olive. Ce prix ne couvre pas les frais de production, surtout quand on sait que les prix de plusieurs intrants entrant dans la culture et la transformation des olives ont connu une envolée inquiétante. En fait, le secteur de l’huile d’olive implique deux secteurs, à savoir l’agriculture et l’industrie. Les agriculteurs fournissent des quantités d’olives – dont la cueillette se fait dans des conditions difficile compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre – et les propriétaires des huileries qui sont chargés de la trituration et du conditionnement de l’huile d’olive avant sa commercialisation sur le marché local ou son exportation à l’étranger.
La manifestation du 25 décembre a pour objectif d’exprimer la colère des producteurs envers les autorités compétentes et les structures chargées de ce dossier qui n’ont pas donné assez d’importance aux revendications des agriculteurs qui ont toujours appelé le ministère à prendre les mesures nécessaires en vue de pratiquer un prix équitable pour tous les agriculteurs dont certains sont endettés et vivent dans des conditions difficiles. Pourtant, l’huile d’olive constitue une richesse nationale à valoriser aussi bien sur le marché local que sur le marché international. Ses effets bénéfiques sur l’économie nationale ne sont plus à démontrer. Employant une main-d’œuvre importante (agriculture et huileries), le secteur cherche la stabilité et la paix sociale. En outre, les exportations d’huile d’olive ont eu leur poids dans la balance commerciale déficitaire.
D’après les chiffres disponibles, 10% de la récolte de cette campagne ont été atteints compte tenu de la baisse des prix des olives. Se montrant rassurant, l’ONH a annoncé dans un communiqué en date du 20 décembre que l’Etat tunisien a alloué une enveloppe de 100 millions de dinars en vue d’approvisionner le marché local en huile d’olive dont les achats porteront sur 30.000 tonnes. Les oléiculteurs et les oleifacteurs pourraient profiter de cette offre pour améliorer, un tant soit peu, leurs revenus.
Rajeunissement des oliveraies
Les oliveraies sont réparties à travers plusieurs régions de la République dont celles qui sont situées sur le littoral et à l’ouest du pays. L’un des problèmes rencontrés par les agriculteurs a trait à la main-d’œuvre qui se fait rare notamment pendant la période de la cueillette. Pourtant, les agriculteurs se sont dits prêts à fournir des salaires encourageants pour inciter les jeunes à s’adonner à cette activité très importante après le mûrissement des fruits. Souvent, ce sont des femmes qui assurent la cueillette sans être très exigeantes quant à la rémunération.
A la faveur des conditions climatiques favorables et d’un traitement soutenu pour lutter contre les différentes maladies, la production est satisfaisante, ce qui entraîne la chute des prix sur le marché local.
A noter que le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche dispose d’un programme national en vue de rajeunir les oliviers dans certaines régions pour consolider les branches et améliorer la rentabilité.
C’est une opération d’envergure qui va permettre d’augmenter la production des olives destinées à la fabrication de l’huile. Encore faut-il résoudre les problèmes en suspens auxquels font face les producteurs dont certains ont vu leur chiffre d’affaires baisser à cause de l’effondrement des prix. Le dossier de l’huile d’olive a toujours préoccupé les pouvoirs publics qui veulent faire de ce secteur une locomotive pour l’agriculture et les industries alimentaires.
D’autant plus que ce produit connaît un franc succès au niveau international. La Tunisie est l’un des principaux pays producteurs de ce produit qui est un pourvoyeur de devises. Plusieurs opportunités sont offertes en vue de diversifier la vente de l’huile d’olive dans les marchés extérieurs.