APRÈS près de dix ans de partage du pouvoir, le mouvement Ennahdha se refuse une nouvelle fois d’assumer sa victoire électorale aux législatives et laisse à un « islamiste indépendant » sans grande expérience la responsabilité de s’entourer d’une équipe gouvernementale de personnalités indépendantes de tous les partis. C’est comme si le pays avait tourné le dos au multipartisme et aux partis pour rejoindre le slogan «men tahazaba khan!» tristement célèbre.
Ce choix de l’indépendance est contraire à l’esprit de la Constitution, qui charge le parti arrivé en tête des législatives de la formation du gouvernement de la République. D’autant plus qu’une telle démarche abandonne le futur gouvernement à son sort et prive notre système politique du principe du suivi et de l’évaluation du bilan gouvernemental par les partis de la majorité parlementaire.
Lors d’une conférence de presse tenue lundi soir, juste après avoir rencontré Kaïs Saïed au sujet du choix des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, Habib Jemli a annoncé qu’il formerait un gouvernement de compétences nationales indépendantes de tous les partis, y compris Ennahdha, affirmant n’avoir pas consulté ce parti avant de prendre cette décision.
Jemli a indiqué que le chef de l’Etat «n’était pas au courant de ce qui se passait dans les coulisses des négociations sur ladite formation du gouvernement du Président ».
« J’irai au Parlement avec le gouvernement que j’annoncerai prochainement, sans couverture politique », a-t-il lancé, expliquant qu’après le marathon de vendredi et samedi, avec les partis du quartet, les décisions de ces partis, prises a contrario de l’avancement des négociations, alors que l’on avait atteint le stade de la présentation des candidatures pour les portefeuilles ministériels l’ont déconcerté. Et d’ajouter que « certains de ces partis s’accrochent jusqu’au bout aux conditions qu’ils posent ». Et ils ont décidé de ne pas faire partie du gouvernement.
Et le chef du gouvernement désigné d’indiquer que les critères qui présideront à la formation du gouvernement seront «l’efficacité, l’intégrité, l’indépendance à l’égard de tous les partis et la capacité de diriger».
En guise de conclusion, Habib Jemli s’est promis qu’en cas d’erreur dans le choix d’un membre du gouvernement, il le changerait à n’importe quel stade de l’action gouvernementale. «Je n’hésiterai pas à démettre un ministre de quelque appartenance qu’il soit, et tout ministre qui ne sera pas à la hauteur de la responsabilité ou soupçonné de corruption… Sans consulter qui que ce soit».
Jemli s’assume et assume son mandat. A ceux qui ont douté de sa détermination, il dit clairement qu’il sera aux commandes. Même si la confiance du Parlement dépassera sa simple volonté.
karabaka youssef
27 décembre 2019 à 10:18
« Le mouvement Ennahdha se refuse une nouvelle fois d’assumer sa victoire électorale aux
législatives »: Abstraction faite de la politique d’Ennahdha, il est presque certains que la conjoncture
Internationale actuelle défavorise voir freine les intérêts d’un pays gouverné par une partie Islamiste.
Concernant le fait de dire que la constitution charge le parti arrivé en tête des législatives de la formation du gouvernement de la République, il semble qu’il faut relativiser les choses et ce quelque soit le parti arrivé en tête : d’abord cela s’applique lorsque le parti vainqueur à une majorité parlementaire lui permettant non pas de gouverner tout seul, chose impossible dans un système électorale comme le notre mais au moins qu’il se trouve dans une position lui permettant de trouver des alliées pour gouverner. N’oubliant pas le partenariat césarien Nida-Ennahdha.
Ensuite, cette confirmation s’applique dans les pays où la démocratie est racinée : ns sommes dans le « level » 1 de la démocratie : notre expérience, qui est dans un monde arabo-musulman, est exposée à tout moment pour des facteurs internes ou/et externes a échoué. Le contexte géopolitique actuel le prouve.
De même, la situation économique, sociale du pays et les difficultés et obstacles objectifs et subjectifs qu’il rencontre impose que conjuguer les efforts, les compétences et les visions et programmes abstraction faite des couleurs : si les politiciens n’ont pas arrivé à se mettent d’accord, les intérêts du pays urgent.
Seulement espérant que la nouvelle formation du gouvernement prendra en considération seulement la propreté, la compétence et l’amour du pays et c’est un autre examen à la conscience et maturité des parties et députés.