Performants, célèbres et adulés par le large public, ces champions n’exploitent pas bien et fort leur image mal commercialisée.
Ils sont nombreux à être champions dans notre sport. On ne manque pas de stars dans notre sport, toutes proportions gardées par rapport à ce qui existe ailleurs. Les Mellouli, Ghribi, Jabeur, Mejri, Sassi, Amri, Besbes, Boubakri, et d’autres athlètes et joueurs sont connus en tant que tels. Le public leur reconnaît leur image de performance, de rayonnement et d’excellence. Il y a également le côté affectif dans l’histoire : ce sont des vedettes que le public aime et même s’il ne les aime pas dans certains cas, elles ne passent pas inaperçues. La notoriété, la sympathie et l’influence, à travers l’adulation poussée des jeunes et moins jeunes, leur procurent un capital-image hélas peu reconnu et très mal exploité. Les quelques opérations de sponsoring ou publicitaires de nos champions sont le strict minimum.
En ces temps de l’hégémonie du droit à l’image (et de l’image), un sportif célèbre, une star, doit savoir commercialiser son image. Son club, l’Etat le doivent aussi pour en tirer profit. Nous n’avons pas encore ce concept de droit à l’image : tout le monde enfreint les règles de ces droits pour en tirer profit à bas prix. Pour les spécialistes du marketing sportif, c’est une source importante de revenus et de développement de carrière. Faire de la pub, être sponsorisé par des marques connues, saisir sa forte image pour participer à des actions de charité et pour servir la société sont des outils modernes et très rentables pour construire et entretenir cette image. Malheureusement, nos champions ne savent pas le faire comme il faut.
Livrés souvent à des amateurs qui les entourent, livrés aussi à des agences de communication malveillantes et qui n’ont aucun respect de ce principe du droit à l’image et confrontés à des «hors-la-loi» qui affichent les photos et les vidéos de ces stars gratuitement pour promouvoir leurs marques et événements, le résultat est le même. Ce sont des athlètes connus et performants qui abordent la fin de leur carrière de haut niveau sans tirer profit de leur popularité et de leur forte image auprès de leur public. Un manque à gagner financier terrible quand on a idée de ce que les stars ailleurs gagnent en commercialisant leur image (Messi tire entre 10 et 15 millions de dollars par an, Ronaldo près de 10 millions).
Se comporter en pro
Ces stars tunisiennes qui ont gagné, qui ont fait parler d’elles là où elles sont passées, savent-elles gérer leur image de marque (le nom du sportif champion est une marque qui a une valeur) ? Dans la plupart des cas, non. Ou bien ces champions ne font rien pour chercher des sponsors solides ou des agences sérieuses, ou bien ils sont mal conseillés et optent pour des techniques dépassées et peu rentables. L’image du sportif, c’est également sa conduite, ce qu’il représente auprès de l’opinion sportive, de ceux qui le connaissent sur les réseaux sociaux et même personnellement.
Ce n’est pas quelque chose de facile : la moindre erreur de conduite, le moindre dépassement et écart de conduite altèrent cette image. Entre les tentations de l’argent, la folie des grandeurs et la très mauvaise fréquentation (chaque star en Tunisie est entourée de personnes voraces et des mercenaires qui vivent à ses crochets et qui l’exploitent au point de lui faire rater sa carrière), l’image finit par se détériorer. A nos champions de savoir gérer leurs carrières, de bien soigner leur image qui peut leur rapporter beaucoup. Même l’Etat ne saisit pas cette chance d’avoir des athlètes connus dans le monde pour promouvoir la destination tunisienne.
Beaucoup à faire et à creuser sur ce sujet. Pratiquement, c’est le vide juridique et commercial sur notre sport, hormis les quelques opérations de sponsoring que l’on voit et qui, encore une fois, ne valorisent pas comme il faut l’image d’un champion (un athlète pas comme les autres). Sans parler de ceux et celles qui usent de l’image de ces champions sans rien payer. Un dépassement quotidien avec des champions qui voient leurs photos défiler sur le net ou s’afficher en format géant sur les grandes artères des villes, sans qu’ils soient au courant ou qu’ils perçoivent une obole en contrepartie. En tout cas, bien vendre son image permet à une star d’élargir la base de ses revenus et de voir plus grand sans attendre l’apport de qui que ce soit.