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Un gouvernement à l’écart des partis

APRÈS d’âpres négociations avec les partis désignés par Ghannouchi comme «révolutionnaires» et «alliés naturels» des islamistes, le candidat d’Ennahdha à la primature, Habib Jemli, présenté comme étant un indépendant, a fini par déclarer, lors d’une conférence de presse, mardi, que son gouvernement sera exclusivement composé d’indépendants.  « Un gouvernement totalement à l’écart de tous les partis », dira-t-il.
Mais cela, au terme d’un très long processus d’écoute et d’enquête qui lui a permis une parfaite maîtrise de l’ensemble de l’échiquier politique et de ses moindres composantes. Une sorte d’apprentissage pour une mission délicate dont il aurait la charge. Ou alors un scénario chronométré par Ennahdha pour écarter, en fin de compte, les deux «partis amis» qui, les seuls, couvaient une mise en cause frontale de la mainmise de Ghannouchi, depuis la Troïka, sur la Justice, l’Intérieur et la Réforme administrative, en plus de la primature qui contrôle tous les goulots de la décision politique.

L’explication de Jemli est plus simple : « J’ai fait preuve de souplesse et fait des concessions afin d’accélérer le processus malgré l’attachement de certains partis politiques à leurs conditions pour prendre part au gouvernement, sauf que mes efforts n’ont pas abouti ».
Et Jemli de faire état de sa déception quant au retrait définitif d’Attayar et d’Echaâb, ainsi que de Tahya Tounès, du prochain gouvernement, et de critiquer sévèrement la ferme volonté des négociateurs du groupe parlementaire démocrate de s’attribuer la majorité des ministères.
Mais une déception qu’il s’agit de relativiser, lorsque l’on sait que les «exigences» de ces deux partis avaient été exprimées dès le départ sans que Jemli n’y trouve à redire, des semaines durant.

Pour Attayar et Echaâb, le gouvernement de compétences nationales indépendantes annoncé n’est qu’un subterfuge, et tout le processus de formation du gouvernement n’est qu’une mise en scène destinée à maintenir la mainmise d’Ennahdha sur la justice, la sécurité et la réforme de la fonction publique.
Au sortir d’un long entretien d’échange de vues avec Kaïs Saïed à Carthage, Habib Jemli a, une nouvelle fois, ajourné de quelques jours la «fumée blanche» que tout le monde attend.
Le gouvernement attendra quelques précautions supplémentaires. Mais l’opposition ne sera pas à l’écart des partis. Elle est déjà en place, de pied ferme.

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