Les régions intérieures connaissent aujourd’hui une perte de l’autorité de l’Etat qui n’arrive pas à mettre fin aux blocages de toutes sortes qui paralysent les entreprises.
Depuis l’Indépendance, l’Etat a déployé des efforts considérables pour améliorer les infrastructures sociales, assurer l’accès à l’électricité, à l’eau potable, etc. Mais l’Etat n’a pas fait le nécessaire pour les ressources humaines et pour les infrastructures destinées à l’entreprise dans les régions. Les politiques publiques ont été à dominante d’assistance et non de développement.
Au cours des dernières décennies, les 14 gouvernorats de l’intérieur ont reçu près du double d’investissements publics que les gouvernorats côtiers, en termes de dinars par tête d’habitant. Par contre, les investissements privés par habitant dans les gouvernorats de l’intérieur ont été près du quart des gouvernorats côtiers.
Le plan de relance économique montre que l’erreur, c’est que malgré l’effort public réalisé, celui-ci a été uniformément réparti sur les régions intérieures. Aussi, «tout en maintenant l’effort uniforme, il faudrait mener une action ciblée sur un nombre limité de villes qui constitueraient des «îlots de dynamisme» capables d’offrir à l’entreprise et à l’investissement privé l’environnement adéquat».
Par ailleurs, le bilan des 60 dernières années en matière d’aménagement du territoire indique que la Tunisie n’a réussi ni la polarisation (la création de métropoles côtières développées) ni un certain équilibre avec les régions de l’intérieur. Au contraire, «nous avons ruralisé nos villes avec un flux d’exode croissant des régions intérieures vers le littoral et vers l’étranger».
Nos régions: une chance et non une charge
La nouvelle vision du développement régional des villes, des infrastructures et de l’aménagement du territoire a été esquissée dans ce plan de relance, consacrant nos régions comme étant une chance et non une charge. Cette nouvelle vision indique que toutes les régions sont interconnectées et connectées au reste du monde et contribueront activement à l’insertion de la Tunisie dans l’économie mondiale. Cela pourrait être concrétisé par un plan ambitieux pour les régions qui se déclinerait en 6 orientations principales.
En effet, ce plan ambitieux pour les régions sera basé sur une vision alliant métropolisation et développement régional, efficience économique et équité territoriale sans opposition ni exclusion, le moyen étant de constituer, par étapes, 10 pôles urbains d’attractivité dans les régions intérieures tout en consolidant les métropoles littorales.
Il s’agit, également, de désenclaver, réduire les distances et rompre les divisions , mener des politiques ambitieuses à l’international de clusters et de filières, renforcer les incitations et les financements pour l’investissement privé dans ces régions, développer et assurer une gestion innovante des services aux citoyens et enfin mettre en place une gouvernance d’exception pour le développement régional (task-forces régionales, lois et procédures d’exception).