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La bataille du Parlement

AUJOURD’HUI, samedi 4 janvier 2020, le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) tiendra une réunion avec à l’ordre du jour : la fixation de la date de la séance plénière au cours de laquelle les députés accorderont leur confiance à l’équipe gouvernementale proposée par Habib Jemli, chef du gouvernement désigné, en lui donnant au moins 109 voix sur les 217 que compte l’Assemblée, soit la majorité absolue (50,01%) ou feront tomber les ministres du gouvernement de compétences indépendantes en refusant de leur accorder les voix requises.
Ainsi, la journée d’aujourd’hui marquera le démarrage d’une mini-semaine décisive (la plénière se tiendra, selon la majorité des pronostics, mardi prochain bien que le bureau de l’ARP dispose d’un délai constitutionnel d’une semaine pour prendre sa décision) au cours de laquelle le paysage politique et aussi civil national vivra au rythme des tractations, des négociations, voire des deals, dans le but d’assurer au gouvernement Jemli les meilleures chances possibles de remporter la confiance des députés.

A l’opposé, ceux qui sont déterminés à faire tomber le gouvernement Jemli et qui n’ont pas hésité à annoncer leur hostilité aux ministres et secrétaires d’Etat désignés jeudi 2 janvier s’appliqueront durant les jours à venir, comme ils ont déjà commencé à le faire, à se mobiliser et à motiver toutes les forces acquises à leurs approches dans le but de mener une campagne de dénigrement aussi large que possible avec pour objectif ultime de convaincre le maximum de députés, y compris parmi ceux appartenant aux deux partis principaux censés soutenir Jemli et son gouvernement, Ennahdha et Qalb Tounès, de s’abstenir d’accorder leur confiance à ce gouvernement qu’ils qualifient déjà de gouvernement de l’échec et de l’incompétence.

Et les tambours de chauffer dès les premières heures de l’annonce de la liste des ministres, prédisant que ses chances d’obtenir la confiance du Parlement sont minimes, voire nulles, et multipliant les menaces de révéler les conditions louches et les deals inadmissibles qui ont prévalu à la constitution de ce gouvernement composé de «personnalités présentées comme indépendantes et compétentes alors qu’en réalité, elles sont sous la coupe d’Ennahdha et de Qalb Tounès et n’attendent que leurs ordres pour les appliquer à la lettre».

Un discours d’une ampleur nihiliste sans précédent qui est allé jusqu’à conseiller, dès à présent, au président de la République Kaïs Saïed de commencer ses consultations afin de désigner «la personnalité la plus à même ou la plus habilitée à former le prochain gouvernement», dans la mesure où le gouvernement Jemli ne passera pas au Parlement comme le prophétise Ghazi Chaouachi, chef du Bloc parlementaire démocratique constitué d’Attayar et d’Echaâb, alors que le secrétaire général de son parti, Mohamed Abbou, ne cesse de promettre à Ennahdha que certains des députés tayaristes voteront pour le gouvernement Jemli.

Les Tunisiens seront ainsi dans l’obligation de subir une nouvelle flambée de discours, d’analyses, de promesses et de menaces partagées qui n’ont, finalement, aucun rapport avec leurs véritables attentes et revendications, auxquelles les partis politiques n’accordent pas l’intérêt et l’attention qu’elles méritent.

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