Accueil Culture Entretien du lundi avec Haythem Lahdhiri (comédien, chanteur et compositeur) : «On peut aller loin avec une touche locale dans nos créations»

Entretien du lundi avec Haythem Lahdhiri (comédien, chanteur et compositeur) : «On peut aller loin avec une touche locale dans nos créations»


Meilleure voix lyrique de Tunisie en 2010, premier prix d’excellence au concours international «Les clés d’or de Paris», Prix d’excellence au concours international Hélena Nicolaï en Bulgarie, Haythem Lahdhiri est aussi diplômé des arts lyriques et scéniques de l’Ecole normale Alfred Cortot de Paris, et de l’Académie internationale des arts en Bulgarie. Sa dernière création est le spectacle musical «Arboun 1» et «Arboun 2». Une écriture musicale moderne du répertoire de la musique tunisienne. Entretien.


Vous venez de l’opéra et du chant lyrique. Comment êtes-vous passé à «Arboun» ?
Ma formation à l’origine est la musique arabe, en l’occurrence orientale et tunisienne. J’ai fait donc un parcours au conservatoire national où je me suis spécialisé dans le chant oriental et le luth. Ce n’est qu’après que je suis allé vers les arts scéniques et je me suis spécialisé dans l’Opéra, mais j’ai fait ensuite la Hadhra entre autres, donc pour moi ce n’est pas du tout nouveau. Ce qui est plutôt nouveau c’est l’idée de «Arboun». L’objectif de ce spectacle était d’entamer une nouvelle écriture de quelques chansons tunisiennes du XXe siècle. J’en ai parlé à Fadhel Jaziri qui m’a encouragé à creuser un peu plus et à créer le groupe pour assurer ce spectacle. On a donc commencé à travailler sur ce répertoire de variétés en y insufflant ma propre sensibilité et vision. Ensuite Fadhel Jaziri m’a proposé de faire la même chose pour le malouf et c’est comme ça que «Arboun 2» a vu le jour.

Le malouf dans «Arboun 2», ce n’était pas un risque musical à prendre ?
Il y a toujours des risques dans un projet artistique… Le malouf et la musique du XVIIIe siècle ne sont plus les mêmes de nos jours.
D’ailleurs on n’est même pas sûr que la version qu’on a aujourd’hui du malouf soit la version originale ! Dans «Arboun 2», j’ai voulu aller plus loin dans ce patrimoine et lui donner une autre couleur, une lecture différente tout en gardant une certaine authenticité. N’oublions pas que «Arboun 1» ou «Arboun 2» sont mis dans un cadre théâtral qui est le happening, où la musique est en phase avec sa mise en scène.

Comment évaluez-vous votre expérience avec Fadhel Jaziri ?
C’est une expérience qui a commencé en 2010 et grâce à laquelle j’ai participé à trois versions de Hadhra, deux longs-métrages, des pièces de théâtre et finalement Arboun 1 et 2. Tout cela m’a permis d’exploiter toutes mes capacités en tant que musicien, de comédien, d’interprète, de coach, etc. et m’a donné accès au monde du spectacle notamment «El Hadhra» qui avait un public immense en nombre et en qualité. Sur un autre plan, Fadhel Jaziri est la grande école qui m’a permis de vivre en concret et au jour le jour tout ce que j’ai appris en arts lyriques et scéniques. J’ai vu comment tout cela s’écrit et se présente sous forme de spectacle. C’est cet art du spectacle spécifique à lui et avec sa propre méthode que j’ai découvert. Aujourd’hui je peux dire que c’est grâce à cette expérience que je peux construire un spectacle. Ce sont des spectacles spécifiques parce qu’il y a ce rapport entre la musique et le théâtre avec une touche tunisienne même si elle est moderne ou avant-gardiste. En ce sens, je dirai qu’on peut faire des œuvres qui rayonnent à l’international avec une touche locale.

Parlez-nous de votre rôle dans «Guirra». Comment l’avez-vous vécu ?
J’ai abordé ce rôle depuis que le film était une pièce de théâtre «Saheb El himar» où j’étais plutôt dans les coulisses en tant que coach vocal, compositeur et interprète avec deux petites apparitions secondaires. Mais j’ai vécu les étapes de l’écriture de cette pièce et ses huit mois de répétitions. C’était différent pour le film. En fait, le personnage est très ambigu, il ne parle pas trop, mais est présent. Son rôle est très important dans le film. C’est le genre de personnage qui montre toujours le contraire de ce qu’il pense.

Actuellement, vous travaillez simultanément sur deux pièces de théâtre…
En effet il y a l’adaptation du texte français de la pièce d’Amina Azzouz au dialecte tunisien. L’aventure me fait débarquer en septembre au théâtre NoNo à Marseille là où je joue un rôle principal à l’opéra théâtre Barokko, mise en scène de Serge Noyelle et texte de Marion Coutris, musique Marco Quesada, puis mon premier spectacle souffi «Mahabba» et prochainement une nouvelle création : les mariées de l’apocalypse (pièce théâtrale) qui fera comme Barokko le tour de la Russie, la Chine, le Japon, Costa Rica et éventuellement l’Europe.

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