Accueil Economie Supplément Economique La valeur «travail» : Une notion qui se perd

La valeur «travail» : Une notion qui se perd


La semaine de cinq jours instaurée depuis 2012 entraîne 52 jours de congé supplémentaires auxquels il faudra rajouter le mois de congé annuel et les jours officiels fériés. En fait, le Tunisien ne travaillerait que le quart du temps


Depuis 2011, il ne se passe pas un jour sans qu’on entende parler d’une grève par-ci, d’un sit-in par-là, d’un boycott des cours ou d’une grève administrative, d’un blocage d’unités de production, de la fermeture d’une entreprise ou de la faillite d’une autre, etc.
Le rythme est tellement hallucinant qu’il donne le vertige. On se demande, alors, abasourdi, ce qui peut amener les Tunisiens à se bousculer rien que pour mettre à genoux leur économie, voire leur pays.

L’exemple de l’Allemagne et du Japon
Cet acharnement à vouloir mettre des bâtons dans les roues d’un pays qui se cherche ne peut laisser indifférent. Quel est le degré d’inconscience ou d’ignorance qui pousse certains à se mettre en travers de la voie du développement du pays ? Peut-on, donc, mettre en doute le patriotisme de ces gens et les considérer comme d’éternels agitateurs sans autre but que le sabotage ?

Le bon sens nous a appris que la seule voie payante pour n’importe quel pays c’est le labeur et rien d’autre que le labeur. Saborder cette valeur reviendrait à admettre qu’on privilégie, d’abord, de saborder l’idée de reconstruire la Tunisie. Car il n’y a que la valeur du travail qui peut se placer au-dessus de tout. Le reste n’est que rhétorique.

Les exemples, dans l’Histoire, sont édifiants. Au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle, plusieurs Nations ont été ruinées à cause des guerres. Seul le travail a pu leur rendre leur force et leur considération. L’Allemagne et le Japon sont deux témoins incontestables de cette abnégation et de ce dévouement pour le pays. Les deux peuples de ces deux Etats n’ont pas passé leur temps à ruminer l’idée de vengeance contre les Alliés qui leur ont rasé des villes entières. Ils n’ont pas continué à râler contre les très mauvaises conditions de vie à la sortie d’une Seconde Guerre mondiale destructrice. Ils se sont retroussé les manches et se sont mis au travail pour reconstruire un autre pays encore plus fort.

C’était là la vraie revanche dont ils pouvaient se vanter face à ceux qui ont contribué à les mettre, temporairement, à genoux. Les citoyens allemands, par exemple, ont même offert des journées de travail gratuit pour accélérer les efforts de reconstruction. Ils n’ont rien demandé à l’Etat. Bien mieux, c’est à eux que l’Etat s’est adressé sachant, d’avance, qu’il pouvait compter sur ses citoyens. Aujourd’hui, ces deux grandes Nations sont des puissances économiques sur lesquelles on peut compter.
Aujourd’hui, encore, la notion de travail est quasiment sacrée dans certains pays asiatiques à telle enseigne que le fait de penser à un congé est devenue une idée saugrenue. C’est à peine si on a réussi à faire admettre aux Japonais la nécessité de prendre des journées supplémentaires de congé ! Ils ne savent pas quoi faire d’une journée de repos, disent-ils !

Il n’y a pas de droits sans devoirs Or que constatons-nous en Tunisie ?
Il n’y a, évidemment, aucune commune mesure entre ces pays et nous. On va d’aberration en aberration. Depuis 2012, on a offert un bonus sur les congés déjà acquis en considérant le samedi comme un jour sans travail. Voilà, donc, un acquis majeur pour les «travailleurs» : la semaine de cinq jours que même des pays plus avancés que nous n’ont pas obtenue.

Au lieu de travailler plus on demande à être payé plus pour un travail moindre. D’ailleurs, si on regarde bien on ne sera que plus étonné. En effet, l’année qui compte 365 jours est ponctuée d’un nombre important de pauses. La suppression du samedi (en dépit des rectifications au niveau de l’après-midi de vendredi), entraîne 52 jours à rajouter aux repos. Il ne faut pas oublier que beaucoup d’agents quittent leurs lieux de travail l’après-midi de vendredi pour ne plus revenir. Même si l’après-midi est ouvrable, ils n’en ont cure et font un «pont» jusqu’au lundi suivant. On peut, également, rappeler le mois de congé annuel pour chaque travailleur ainsi que d’autres journées (maladie, empêchement majeur ou grèves, etc.) et les autres jours fériés (pas moins d’une bonne dizaine de jours).
En calculant bien, on parviendrait à, au moins, trois mois d’inactivité payée pour tout Tunisien détenteur d’un emploi. Cela reviendrait à dire que le Tunisien ne travaille que les trois quarts du temps. Ceci n’empêche pas quelques catégories d’employés d’empocher des 13e et 14e mois et des primes de fin d’année.

Certes, on ne peut être contre de tels avantages s’ils sont justifiés en retour par un rendement approprié. Dans le secteur privé, où ces pratiques sont courantes il est difficile de remettre en cause ces privilèges qui ne peuvent être que mérités. Là, l’employé est encore soumis à une obligation de résultat.
Par contre, c’est le secteur public qui souffre et qui plie sous le poids d’une masse salariale insoutenable et qui ne se reflète, nullement, dans la production ou la productivité.

Il serait bon, à notre sens, de prendre garde à ces dérives qui font que le Tunisien ne cherche qu’à améliorer sa situation matérielle sans contrepartie de sa part. On oublie, allègrement, qu’un salaire est donné contre un travail fourni. Et ce travail doit répondre à des critères stricts.
Il est, tout aussi vrai, que ce n’est pas l’employé ou le salarié seul qui doivent consentir des «sacrifices». La prise de conscience collective est un devoir. Ce n’est pas en le soumettant à une forte pression revendicative que notre pays peut se relever. Il n’y a pas que des droits. Il y a, aussi, des devoirs. Et les deux vont de pair.

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