Accueil Actualités Chômage : Où sont les promesses de la révolution ?

Chômage : Où sont les promesses de la révolution ?


Le chômage reste en Tunisie le problème crucial des différents gouvernements qui se sont succédé après la révolution. Malgré la bonne volonté des gouvernants, le cas de ces chômeurs n’a pu trouver d’issue favorable.


Les Tunisiens de l’intérieur du pays se sont révoltés en décembre 2010 réclamant leur droit au travail pour qu’ils puissent bénéficier d’un revenu stable. Souffrant depuis de longues années de la marginalisation et de l’exclusion, ces jeunes ont exprimé leur ras-le-bol du travail temporaire avec un salaire modique ne leur permettant pas de subvenir à leurs besoins et de ceux de leur famille. Certes, l’ancien régime a réalisé une croissance moyenne de 5% mais sa politique a montré ses limites dans la mesure où les créations des postes d’emploi n’étaient pas effectuées avec le même rythme que celui de la mise sur le marché du travail de ces diplômés de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Résultats : augmentation des chômeurs détenant un diplôme ou sans formation aucune.

Les gouvernements successifs n’ont pu, après la révolution, résoudre ce problème de chômage malgré les promesses formulées. Et les jeunes sont restés sur leur faim sans avoir le travail correspondant à leur profil. Une telle situation a conduit à des actes peu recommandables, à savoir les agressions, les braquages, la consommation de drogue et l’intégrisme violent. Les jeunes veulent travailler et gagner leur pain à la sueur de leur front. Ils demandent à travers les mouvements de protestation du travail décent dans des entreprises performantes.

Des indicateurs inquiétants
En tout cas, les indicateurs réalisés après la révolution ne sont pas très positifs mais plutôt inquiétants dans le mesure où l’effectif des chômeurs a légèrement baissé au cours du 3e trimestre 2019 mais se situe quand même à 15,1%, après s’être stabilisé à 15,3% pendant le 2e et 3e trimestres. En l’absence des investissements productifs, le nombre de créations d’emplois est resté limité. De plus, malgré les mécanismes mis en place par l’Etat pour inciter les jeunes diplômés à créer leur propre entreprise, rares sont les promoteurs potentiels qui ont répondu à l’appel. Plusieurs jeunes préfèrent plutôt travailler au sein d’une entreprise ou d’un département ministériel.

Avec la suspension des recrutements dans la Fonction publique, la situation s’est encore aggravée. Le rêve des jeunes d’occuper une place dans l’administration tunisienne après des années d’études est sapé. Les cafés regorgent de chômeurs aux premières heures de la matinée. Les jeunes oisifs n’ont aucun travail à faire et sont obligés de demander leur argent de poche de leurs parents. D’autres jeunes plus entreprenants ont choisi d’effectuer n’importe quel travail même celui qui ne correspond pas vraiment à leur profil. Ils acceptent volontiers d’exercer le métier de serveur, par exemple, ou de peintre en bâtiment, de maçon. L’essentiel est d’avoir un revenu qui leur permettra d’améliorer un tant soit peu leur niveau de vie.
Le nombre de chômeurs s’est établi pendant le 3e trimestre 2019 à 628.3 mille du total de la population active, contre 634.9 mille chômeurs pour le deuxième trimestre 2019, selon les indicateurs de l’emploi et du chômage du 3e trimestre 2019 publiés par l’Institut national de la statistique (INS).

Ce qui reste à faire
Après des années d’études qui coûtent à l’Etat des sommes faramineuses, les jeunes, le diplôme en poche, se trouvent sans emploi. La situation doit changer par la multiplication des investissements productifs aussi bien par les privés que par le public et dans le cadre du partenariat public-privé et les projets de solidarité sociale. Aussi, la responsabilité sociétale des grandes entreprises exige que celles-ci trouvent des emplois au profit des jeunes habitant les régions dans lesquelles elles opèrent. Les diplômés vont jusqu’à mener des mouvements sociaux et de protestation pour attirer l’attention des responsables sur leur cas et les obliger à leur créer de l’emploi décent. A titre d’exemple, les enseignants suppléants luttent depuis des années pour qu’ils soient intégrés dans le système éducatif, en vain.

Les jeunes du bassin minier de Gafsa ont également mené des mouvements de protestations empêchant les employés de la Compagnie de phosphate de Gafsa de rejoindre leurs postes. Heureusement que la situation s’est améliorée récemment et le rythme de la production a retrouvé son niveau habituel. Mais cela ne veut pas dire que des solutions radicales ont été trouvées à ces jeunes dont plusieurs ont choisi d’émigrer même de façon clandestine pour aller tenter leur chance ailleurs et notamment en Europe en commençant comme première étape par l’Italie qui est devenue la porte d’entrée d’émigrants clandestins. Le taux de chômage chez les jeunes s’élève à 34,7%. Il est estimé à 34,3% chez les hommes et 35,5% chez les femmes. Celui des diplômés est de 28,6%, contre 28,0%, et est estimé à 262.7 mille au 3e trimestre, contre 253.0 mille au 2e trimestre. Les femmes sont également très touchées par le chômage. Certains parents pensent que la place de la femme est dans le foyer à côté de son mari qui est appelé à travailler à l’extérieur de la maison. Mais cette pensée n’est pas partagée par tout le monde car selon certaines personnes, la femme peut bien occuper de hautes responsabilités et n’a rien à envier à son partenaire masculin.

Toutefois, la population active en Tunisie s’établit à 4171.9 mille au troisième trimestre de 2019, contre 4162.8 mille au deuxième trimestre de 2019, soit une augmentation d’environ 9.1 mille. Cette population se répartit en 2965.7 mille hommes et 1206.2 mille femmes, soit respectivement 71,1% et 28,9%. Le nombre d’occupés s’établit, durant la même période, à 3543.6 mille contre 3527.9 mille au deuxième trimestre de 2019, soit une hausse de 15.7 mille.
Pour changer la donne, la Tunisie n’a pas d’autre choix que d’attirer les investisseurs tunisiens et étrangers et de leur faciliter la tâche pour la création de projets à Sidi Bouzid, Kasserine, Tozeur et d’autres régions où le tissu industriel et de services n’est pas assez développé.

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