S’IL existe une frange de Tunisiens et de Tunisiennes qui sont contents des spectacles que leur produisent leurs députés à chaque fois que le petit écran leur transmet une séance plénière se déroulant au palais du Bardo, ce sont bien ceux qui sont, désormais, assurés qu’ils sont largement servis par les élus de la nation en performances et en productions traduisant à merveille les hautes compétences, le savoir-faire, l’expertise et le professionnalisme dont nos «valeureux représentants» sont en droit de se prévaloir en matière d’invectives partagées équitablement et de polémiques interminables.
Sauf que le manège installé au sein de l’hémicycle et les mascarades offertes gratuitement à un public assoiffé de «sensations fortes» se produisent, malheureusement, aux dépens de la mission essentielle pour l’accomplissement de laquelle les députés ont été élus, à savoir la discussion et l’adoption des lois dont le pays a besoin afin que les institutions puissent redémarrer en cette période marquée par une léthargie administrative, de plus en plus inquiétante due à la crise éclatant à la faveur de l’échec de notre élite politique, plus particulièrement le parti vainqueur des législatives, à former un gouvernement que tout le monde attend depuis plus de trois mois.
Hier, la mascarade qu’on a eu à suivre sur le petit écran nous offrant un spectacle affligeant a été «couronnée» par le retrait et le retour à la commission parlementaire spécialisée (donc quasiment l’abandon du projet de loi) de la loi tant attendue sur la responsabilité médicale, donc sur l’indemnisation des victimes des erreurs médicales et la fin définitive, au plan légal donc juridique, de la diabolisation effrénée dont souffrent, injustement, les médecins tunisiens, campagne de dénigrement systématique trouvant une oreille attentive auprès des patients sinistrés et de leurs parents manipulés — faut-il le préciser — à des fins de politique politicienne.
Au-delà des appels lancés par certains syndicats de médecins dénonçant le fait qu’ils n’ont pas été associés à l’élaboration du projet de loi en question, la décision votée par les députés de réexaminer le projet de loi au sein de la commission parlementaire de la santé et des affaires sociales dans le but «de trouver un consensus autour des points de discorde» est à saisir, en réalité, dans l’atmosphère régnant actuellement au Parlement comme un rejet, qui ne dit pas son nom, de la loi en question.
Faut-il attendre de nos députés, plus particulièrement ceux qui affectionnent les polémiques infructueuses, qu’ils reviennent à la raison et qu’ils comprennent que les Tunisiens en ont ras-le-bol de leurs clowneries, de leurs dépassements et de leurs invectives.