
Le sept national ouvrira devant le Cap-Vert. Bon vent.
Jour J, heure H, voilà nous y sommes. C’est le starter annonçant les trois coups de la 24e édition du championnat d’Afrique des nations. A partir de cet après-midi et jusqu’à la soirée de clôture du 26 janvier, tout ce vaste continent, dans lequel nous vivons, parlera handball, respirera handball et n’aura d’yeux que sur la Tunisie qui en sera la capitale. Seize nations seront de la fête. Un record à marquer d’une pierre blanche dans les annales de la CAN, ce nombre n’ayant jamais été atteint par le passé.
Un grand honneur qui échoit à notre pays pour lui exprimer une reconnaissance venue confirmer la flatteuse réputation, tant africaine arabe qu’internationale, dont jouit la Tunisie, en termes d’excellence dans l’organisation des compétitions de haut niveau. Bien évidemment, cette marque d’estime, si elle nous comble de fierté, n’en demeure pas moins insuffisante tant qu’elle ne sera pas couronnée d’un sacre sur le parquet de jeu. Gourmandise ?
Que nenni. C’est plutôt un vœu légitime. Une expression humainement naturelle pour tout pays organisateur s’étant lourdement investi et ayant consenti d’énormes sacrifices dans le double but de relever le défi de l’organisation et de triompher en finale.
Du 50-50
Si pour le premier objectif, tout a été fait, jusqu’à présent, dans les règles de l’art et avec le professionnalisme et la rigueur dont est coutumière la Tunisie dès qu’il s’agit d’abriter de tels rendez-vous, il n’en est pas de même pour le second qui reste exposé à toutes les probabilités, voire à toutes les surprises. En effet, ce n’est plus un secret pour personne : le titre africain est devenu, depuis les années 90, la chasse gardée des sélections tunisienne et égyptienne qui se partagent le gâteau d’une édition à une autre, ne laissant même pas des miettes aux autres ! Cette mainmise tuniso-égytienne, qui a encore de beaux jours devant elle, sera, cette fois-ci, encore confirmée.
C’est juré, dans la mesure où, à l’exception peut-être du sept algérien qui renaît progressivement de ses cendres, les autres équipes participantes, en dépit d’un léger mieux (particulièrement pour celles du Nigeria et du Congo), n’ont que leur courage à opposer. Elles ne feront donc pas le poids, et ce serait tout à leur honneur que d’aller au-delà des quarts de finale.
Après quoi, elles assisteront, parmi les spectateurs, au traditionnel duel pour le sacre entre les Aigles de Carthage et les Pharaons du Caire. Et là, silence, on tourne. Que cachent les uns aux autres? Qui tranchera? Nul mais vraiment nul ne sait. Mystère. Avec un grand M. Ce que l’on sait par contre, c’est que les deux maîtres du handball africain aligneront tous leurs atouts. Côté égyptien, on a la nette impression que la grosse cylindrée est prête à péter le feu, à la faveur de la présence d’une constellation de grands joueurs au temps de leur splendeur, et que le dur apprentissage du professionnalisme en Europe a mûris.
De surcroît, outre leur grinta habituelle qui leur a toujours permis de se battre comme des lions, les Pharaons seront emmenés par un quatuor de choc composé de Hassan Gueddah, Ahmed Hachem, Mohamed Sanad et l’inoxydable Ahmed Lahmar. C’est assurément de cette redoutable «bande des 4» que tout le danger viendra. Si nous, nous le savons, il est fort à parier que Toni Gerona l’a appris par cœur, telle une récitation dans un cours de classe. Et c’est vrai, puisque l’Espagnol n’a eu de cesse d’espionner les Egyptiens, à coup d’interminables séances de visionnage de cassettes. Nous espérons que son message aura passé auprès de ses joueurs qu’il devra guider en conséquence. Quelles armes utilisera-t-il pour mater l’adversaire? Pour quelles mesures préventives optera-t-il pour faire barrage à «la tempête cairote»?
Une tempête qui gronde déjà, comme en attestent les… déclarations de guerre de certains responsables et joueurs égyptiens et la qualité «sophistiquée» d’une préparation qu’ils ont longuement et rondement menée en Europe (Croatie, Suède, France, svp.). Si justement en matière de préparation, les nôtres doivent se sentir moins servis, il n’empêche qu’ils semblent farouchement déterminés à… faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Pour eux, bien ou mal préparés, pas question de laisser tomber un sacre superbement gagné, il y a deux ans, au Gabon. Ce fut alors, faut-il le rappeler, un véritable exploit réalisé dans des conditions qui ne s’y prêtaient guère. 24 mois après, échouer à domicile et dans des conditions meilleures serait le pire des scénarios. Cela s’apparenterait à une… catastrophe nationale qui endeuillerait tout un peuple.
«Non, nous ne décevrons pas les Tunisiens», jure Oussama Boughanmi, une des cartes maîtresses de la sélection. «Le titre africain restera chez nous», rugit à son tour Kamel Alouini qui aura la lourde tâche d’orienter les opérations de l’équipe, en compagnie de Mohamed Soussi dans ce poste-clé de demi-centre.
Organiser le jeu, mais aussi marquer des buts. Et là, comptons les bombardiers qu’on a : Mosbah Sanaï, Oussama Jaziri et Skander Zaïed sur le flanc gauche et Oussama Hosni et Amine Bennour dans le compartiment de droite. Leurs missiles, si tout va bien, feront tous mouche. Cela, sans compter les incursions «venimeuses» par les deux ailes où Issam Rzig et Ramzi Majdoub, d’un côté, et Rafik Bacha et Oussama Boughanmi, de l’autre, semblent prêts à faire parler la poudre. Si le danger pourra aussi venir du poste de pivot où Marouène Chouiref et Jihad Jaballah, en pros aguerris, sont capables de prodiges, il y a lieu aussi de se tranquilliser derrière, grâce à la superforme des gardiens de but, Makram Missaoui, Mohamed Sfar et Wassim Hlal.
Pour résumer, disons que M. Gerona a tous les atouts de son côté. Restera le coup de pouce supplémentaire, à savoir le public qui, espérons-le vivement, viendra remplir la salle de Radès. Lui qui l’a si bien fait par le passé sans jamais le regretter, l’Egypte ne nous ayant jamais battus dans nos contrées. L’histoire sera-t-elle un éternel recommencement? Bien sûr que oui, oserons-nous répondre, sachant que le vainqueur final de cette édition aura le double honneur de se qualifier d’office aux Jeux olympiques Tokyo 2020 et au Mondial 2021 d’Egypte. Alors, bon vent, les gars.
Mohsen ZRIBI