Scandale au sein du ministère de l’Education nationale à la suite de l’arrestation de son secrétaire général pour soupçons de corruption. Les faits remontent au temps où ce dernier occupait le poste de directeur général de l’Office des logements du personnel éducatif. Et pourtant, le responsable en question a été dénoncé en mars 2017 et l’Instance de lutte contre la corruption suivait de près le dossier et a même émis des jugements de protection en faveur des alerteurs. La députée Samia Abbou avait elle aussi soulevé l’affaire à l’ARP
L’affaire était dans l’air puisque le dernier rapport annuel 2018 de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, présenté le 28 décembre dernier à Tunis, fait état de plusieurs affaires concernant l’Office des logements du personnel éducatif qui ont été portées devant le tribunal de première instance de Tunis suite à des dénonciations qui datent du 7 mars 2017, c’est-à-dire depuis que le haut responsable qui est aujourd’hui soupçonné de corruption était à la tête de la direction générale en question.
Le rapport de l’Inlucc mentionne que les deux alerteurs ont fait l’objet de harcèlement et de «mesures répressives», de «mesures de vengeance» même. Ils ont été finalement révoqués suite à leur acte de dénonciation, ce qui explique que la lutte contre la corruption n’est pas chose facile. Cela a nécessité leur protection en application de la loi relative à la dénonciation de la corruption et la protection des dénonciateurs. Les deux fonctionnaires ont pu regagner leurs fonctions et l’affaire a été déférée devant la justice.
L’accusé épinglé par Samia Abbou en 2018 !
Après avoir défendu bec et ongles le secrétaire général en question, le ministère de l’Education vient de publier un communiqué annonçant l’arrestation pour soupçons de corruption de l’ancien directeur général de l’Office des logements du personnel du ministère de l’Education et qui occupe actuellement le poste de secrétaire général du ministère.
Le ministère de l’Education a précisé qu’il avait ordonné l’ouverture d’une enquête sur certains dossiers douteux et que l’affaire est, actuellement, entre les mains de la justice.
Il faut rappeler que le secrétaire général accusé dans cette affaire a été épinglé par la députée Samia Abbou qui s’est adressée avec virulence, lors d’une séance d’audition à l’ARP, au ministre de l’Education Hatem Ben Salem le 20 juillet 2018, et ce, après la nomination de l’accusé en question au poste de secrétaire général, mettant en doute l’intégrité de ce dernier. Le ministre de l’Education n’était pas du même avis et a répondu que la députée voulait leurrer l’opinion publique.
A son tour, le secrétaire général concerné par ces accusations avait porté plainte auprès du procureur de la République contre la députée Samia Abbou pour diffamation
En matière de lutte contre la corruption, le ministère de l’Education figure en bas du tableau parmi les départements les «moins coopératifs» avec l’Inlucc, suivi des ministères du Tourisme, des Affaires religieuses avec un seul dossier pour chaque département. En somme, 8 dossiers relatifs à des soupçons de corruption pour l’année 2018 ont été transmis à la justice, concernant notamment le Centre national pédagogique et l’office des logements du personnel éducatif.