Les banlieusards boudent de plus en plus le train bleu de la ligne TGM qui a pris de l’âge après 40 ans de service.
L’ancien ministre du Transport, Hichem Ben Ahmed, avait annoncé que la Société des Transports de Tunis (Transtu) œuvrait de pied ferme pour le renouvellement de la flotte des rames de la ligne Tunis, Goulette, Marsa (TGM). Tout est fin prêt pour la concrétisation d’un projet tant attendu par les habitants de la banlieue nord mais ce n’est pas pour demain.
La Transtu continue à subir des pertes
La rénovation des rails a pris fin tandis les travaux de rénovation du 2e lot de stations de cette ligne ont déjà démarré au début du mois de novembre 2019. Ces travaux se poursuivront jusqu’au 19 mars 2020. Les stations concernées sont : «L’Aéroport», «Le Kram», «Carthage Byrsa», «Carthage Hannibal» et « Carthage Présidence «. De bon augure pour les banlieusards. Sauf que les usagers de la ligne TGM doivent encore souffrir le martyre avec les retards au niveau des horaires de départ et d’arrivée, l’obligation de faire un long et pénible déplacement pour certains usagers en raison de la fermeture des stations du Kram, Carthage Byrsa et Carthage Hannibal pendant la période des travaux.
Ceci sans compter la dégradation des rames et des services et l’absence d’agents de contrôle relevant de la Transtu, ce qui fait subir à cette société de grandes pertes d’argent en raison du phénomène de la resquille et des actes de vandalisme. Les campagnes de lutte contre ce phénomène menées occasionnellement ne servent plus à grand-chose et personne ne croit plus aux annonces inhérentes au recrutement d’agents de contrôle et de protection chargés de la sécurité au niveau de la ligne TGM. En l’absence de ces recrutements, la société continue à subir de grosses pertes financières.
La Transtu a tenu à exprimer ses excuses pour tout dérangement subi lors de ces travaux s’inscrivant dans le cadre du projet d’aménagement de la ligne TGM mais n’a pas pris la peine de placarder une affiche à Tunis ou à La Marsa concernant les détails et les délais de ces travaux dans les trois langues, l’arabe, le français et l’anglais. En effet, plusieurs touristes préfèrent prendre le train bleu pour découvrir le charme des communes de la banlieue, dont notamment La Goulette, Carthage, Sid Bou Saïd et La Marsa. La Tunisie n’est-elle pas une destination touristique ? À la Transtu de répondre.
Quarante ans de service, c’est trop
Le train bleu qui a remplacé le train blanc de la ligne TGM a pris de l’âge. Il roule depuis environ 40 ans. La semaine dernière, les usagers voyageant en première classe entendaient la chanson d’Abdelhalim Hafedh «El Hawa Hawaya». Pris d’une nostalgie soudaine, l’agent à l’intérieur de la cabine de conduite a oublié de baisser le son. Un comportement courant auquel se sont habitués les usagers, comme ils se sont habitués à la vue de la porte de la cabine de conduite ouverte durant le trajet, ou la vue d’énergumènes surexcités refusant de fermer la porte quand le train est en marche, se livrant à des actes de vandalisme. Ils voyagent en première classe avec des tickets de deuxième classe. Le prix est nettement différent mais qui contrôle ces dérapages ?
D’une longueur totale de 19 kilomètres, la ligne TGM est en train de subir un véritable coup de lifting. En attendant, elle offre un visage laid avec ces chantiers à ciel ouvert. Le train bleu s’essouffle par l’effet du temps, l’incivisme de certains usagers, l’absence d’un mécanisme de contrôle efficient.
En 2017, l’ancien P.-d.g. de la Transtu, Salah Belaid, avait annoncé que la société allait lancer un appel d’offres pour l’acquisition de 18 rames pour la ligne TGM. Le coût total s’élève à 150 MD. L’appel d’offres a, depuis, pris beaucoup de retard et c’est la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) qui est venue au secours de la Transtu en lui accordant en décembre 2019 un prêt de 45 millions d’euros destinés au financement de 50% dudit projet. Ce n’est qu’à partir de 2023 que la Transtu entamera la réception des rames.
Ce projet contribuera à améliorer les services ferroviaires et réduire la circulation des moyens de transport privés tels les véhicules et les taxis. Il est vrai que, depuis la détérioration des services de la ligne TGM, les banlieusards boudent de plus en plus le train bleu.