Accueil Sport l’invité du lundi – Moncef Chargui (ancien international du CA et entraîneur du CO Médenine) : « Voler de mes propres ailes, loin du Parc A… »

l’invité du lundi – Moncef Chargui (ancien international du CA et entraîneur du CO Médenine) : « Voler de mes propres ailes, loin du Parc A… »


Pour l’ancienne icône clubiste, évoluer comme joueur dans l’une des grosses cylindrées du championnat n’est pas avantageux quand on se reconvertit en entraîneur, particulièrement lorsqu’on est clubiste. Au CA, on a la fâcheuse habitude de griller les enfants du club, selon les propres dires de notre invité. Entretien avec l’un des plus grands joueurs de son époque, celle des années 1980.


Pour commencer, où êtes-vous passé toutes ces années ?
J’ai roulé ma bosse entre le Bahreïn, la Libye et l’Arabie Saoudite. Je suis sorti de Tunisie en 2010 pour aller entraîner au Bahreïn où j’ai entraîné les clubs de Bahreïni une saison avant de partir en 2011 pour l’Arabie Saoudite où j’ai dirigé les clubs Al Ourouba, Riadh et Sidouss. Par la suite, je suis allé en Libye en 2013 où j’étais aux commandes de Souihli pendant une saison. La saison d’après, celle de 2014-2015, je suis revenu au Bahreïn pour entraîner le club Hala avant de repartir pour l’Arabie Saoudite où j’ai pris la direction du club Doriya. Ma dernière expérience à l’étranger était en Libye avec le Club Al-Akhdhar que j’ai entraîné lors de la saison 2017-2018.
Ce sont les clubs que j’ai entraînés ces dix dernières années. Je tiens à signaler que tous ces clubs évoluent dans les premières divisions de leurs championnats respectifs.

Plus de dix ans loin du championnat tunisien. Ça fait quand même beaucoup pour un entraîneur qui a joué et entraîné le Club Africain…
Les gens ont tendance à croire qu’évoluer en tant que joueur dans l’une des quatre grosses cylindrées du championnat est avantageux pour la reconversion en entraineur. Or, c’est le contraire qui est vrai. C’est plutôt un handicap, car les supporters ont tendance à associer l’image de l’entraîneur à celui du joueur qu’il a été.

Avant votre retour cette saison à la tête de l’Olympique de Médenine,votre dernière expérience d’entraineur dans le championnat national remonte à la saison 2007-2008 durant laquelle vous avez dirigé l’Espérance Sportive de Zarzis. Pendant toutes ces années, a-t-on fait appel à vos services en Tunisie ?
Pour être honnête, c’est moi qui ai fait le choix de quitter la Tunisie et aller rouler ma bosse ailleurs. Ce qui m’a amené à prendre cette décision, c’est l’injustice dont j’ai été victime quand j’étais aux commandes de Jendouba Sport lors de la saison 2005-2006. En dépit de moyens financiers trop modestes, l’équipe s’est plutôt bien comportée en Ligue 1. Nous sommes même parvenus à nous classer cinquièmes, voire quatrièmes. Une situation qui semble avoir déplu à certains au point qu’on nous avait refusé bon nombre de fois des buts réguliers. La situation est devenue récurrente et insupportable pour moi au point que j’ai décidé de quitter le pays, une première fois en 2006. Je suis parti au Bahreïn entraîner le club Chabab durant la saison 2006-2007. Mais à mon retour, je ne me suis pas senti dans mon élément. Il fallait que je change d’air et, surtout, aller faire mes preuves ailleurs. Entretemps, une nouvelle génération de dirigeants a pris les commandes des clubs tunisiens. Une nouvelle génération que ne connait pas forcément l’historique et la carrière de Moncef Chargui le joueur. D’ailleurs, aucun dirigeant de club tunisien ne m’a contacté ces dix dernières années. La seule offre émanant d’un club tunisien que j’ai eue depuis que j’ai quitté Zarzis en 2008 est celle du Club Olympique de Médenine.

Vous entamez une nouvelle aventure comme entraîneur à la tête du CO Médenine. C’est une découverte pour vous la Ligue 2 ?
Les dirigeants de l’Olympique de Médenine m’ont proposé un projet sportif qui m’a séduit. J’ai accepté sans hésitation. La Ligue 2 n’est pas une découverte pour moi dans la mesure où j’avais entraîné le Stade Gabésien dans cette division en 2005. C’était, certes, une courte expérience, mais elle m’a permis de découvrir la Ligue 2.

La formule de la Ligue 2 est pénible et exigeante…
Tout à fait. D’ailleurs, je trouve injuste que sur 20 équipes deux seulement accèdent en Ligue 1, une de chaque poule. Je propose de copier le modèle saoudien qui permet à trois clubs et non pas deux d’accéder en première division. Outre les premiers de chaque poule, les équipes classées deuxièmes s’affrontent en match barrage. Si on applique cette formule à notre championnat, on rendra la Ligue 2 plus intéressante à suivre et, surtout, ce serait plus équitable en faisant parallèlement descendre trois club de la Ligue 1.

Que pensez-vous de la situation du Club Africain aujourd’hui ?
Aussi paradoxale soit-elle, la situation actuelle du Club Africain est intéressante à suivre. Je trouve extraordinaire ce qu’accomplit Lassaâd Dridi à la tête de l’équipe. Les résultats sont bons, voire excellents, pour un club qui connait une situation financière très compliquée à cause des impayés d’anciens joueurs et des amendes infligées par la Fifa.
Par ailleurs, le parcours de l’équipe depuis le début de la saison est exceptionnel. Je connais Lassaâd Dridi, le joueur, pour l’avoir eu sous ma férule. C’était un joueur intelligent. Il est devenu un coach intelligent qui a beaucoup de flair et qui a su faire du bon travail alors que le club se trouve dans une situation financière très délicate. Dommage que la Fifa nous a soustrait six points !

Qu’est-ce qui a changé au CA depuis le temps que vous étiez au Parc A ?
Historiquement, ce sont les enfants du club qui ont toujours fait les beaux jours du Club Africain. Dans l’effectif actuel et grâce au travail accompli par Lassaâd Dridi, on retrouve de nouveau des enfants du club qui apportent une plus-value à l’équipe et cela fait plaisir. Des jeunes prometteurs à l’instar de Skander Laâbidi et Adem Taous.
Ce qui a changé au Club Africain, c’est qu’il a perdu son identité. Les dirigeants des années 1970-1980 avaient de l’aura et savaient donner un cachet au club. Le Club Africain a été toujours une école de la vie où on apprenait les vraies valeurs. Des traditions que nous avons malheureusement perdues au fil des années.

Aujourd’hui, on ne respecte plus rien. Par ailleurs, on a tendance à griller les enfants du club, notamment les anciens joueurs convertis comme moi en entraineurs. Nous sommes obligés d’aller faire nos preuves ailleurs, car au Parc A, on ne nous donne pas la chance de nous accomplir au sein de notre club de cœur. Par ailleurs, dans les quatre grands clubs, seul Hamdi Meddeb donne aux enfants du club une chance de s’accomplir comme entraîneurs à l’instar de ce qu’il fait actuellement avec Mouine Chaâbani.
Personnellement, j’ambitionne de replonger et de réussir dans le championnat tunisien. Médenine constitue de ce fait un nouveau départ pour moi. Mon ambition est d’entraîner l’une des grosses cylindrées du championnat, outre le Club Africain. Un club qui restera toujours dans mon cœur, sauf que je veux voler de mes propres ailes loin du Parc A. C’est légitime. D’ailleurs, je ne suis pas le seul ancien joueur du Club Africain reconverti en entraîneur et qui est en train de s’accomplir ailleurs qu’au Parc A. J’espère que les dirigeants actuels du CA revoient leur copie, notamment sur le volet financier.

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