Accueil Culture Portrait – Aymen Mbarki, artiste visuel : L’éloquence du faire

Portrait – Aymen Mbarki, artiste visuel : L’éloquence du faire


Il a fondé avec l’illustrateur Othman Selmi et l’artiste visuelle Sahar El Echi la revue trimestrielle «90 Youm» qui propose une nouvelle expérience journalistique visuelle et esthétique autour de la ville de Tunis et dont le premier numéro sort prochainement.


Né à Tunis en 1983, Aymen Mbarki est un artiste visuel autodidacte et illustrateur travaillant en freelance. Professionnellement, Aymen est un touche-à-tout avec à son actif différentes expériences. Il a été conseiller artistique dans une boîte de production audiovisuelle, dessinateur de story-boards pour des courts-métrages et des publicités, concepteur de logos et décorateur et set-designer. «Le dessin est, pour moi, comme les silhouettes projetées dans l’allégorie de la caverne, des métaphores qui représentent mon propre réel», écrit-il. Portrait
De nature très discrète, Aymen a tout d’un sage avec un faire très expressif, éloquent et pertinent qui confère à sa timidité beaucoup d’attrait. Il propose une œuvre allégorique et poétique d’une grande subtilité aux traits très souvent épurés, mais toujours fins et précis qu’il accompagne de titres suggestifs.

Enfant, Aymen dessinait régulièrement. A 5 ans, alors qu’il était chez ses parents, il est tombé sur des affiches des œuvres du peintre et graveur espagnol Goya, ce fut le déclic : «C’était un moment très puissant, être dans une telle confrontation face à un chef-d’œuvre comme “Saturne dévorant un de ses fils”», note-t-il. Cette rencontre, comme il nous l’explique, l’a fortement marqué et a nourri sa curiosité et son intérêt pour «les mystères de la condition humaine» et pour l’art d’une manière générale. A 15 ans, il prend des cours chez un artiste russe vivant à Tunis mais déjà à l’époque il était hanté par l’idée de continuer son chemin par lui-même en nourrissant sa curiosité et en adoptant une approche personnelle d’auto-apprentissage.

Aymen passait beaucoup de temps à la bibliothèque du lycée ou dans les musées du Bardo et de Carthage : «Là-bas, je trouvais beaucoup de sérénité et de satisfaction intellectuelle malheureusement absente dans le milieu scolaire, un milieu que je trouvais austère et parfois même dangereux», nous affirme-t-il.
Et d’ajouter : «A l’époque, à part quelques essais de peinture ou de sculpture en argile, je ne dessinais pas beaucoup. Je passais des heures à contempler les œuvres de Michel-Angel dans les livres d’art, d’Egon Schiele, de Gustave Klimt et “Le Cri” d’Edvard Munch. Ils formaient, pour moi, une sorte de trinité sacrée».
Sa première exposition collective a eu lieu en 2019 à la bibliothèque nationale de Tunis, depuis, il a pris part à plusieurs expositions de groupes. Il est membre du collectif artistique de bande dessinée et illustration Lab 619. Il a animé des clubs de dessin, de bande dessinée et d’expression graphique. Toujours dans ce même univers, il a été le cofondateur du Carthage cartoon international festival qui a été lancé en 2014.

Son œuvre varie entre la peinture, le dessin et la sculpture. Grand cinéphile, selon lui le cinéma est capable de traduire des idées et des situations complexes qu’un dessin par obligation de médium ne peut pas toujours transmettre. «Le mysticisme, les mythes, les tragédies grecques et la littérature sont au centre de mes lectures nourrissant mon imaginaire et influant directement sur ma pratique artistique», nous confie-t-il.
La musique, comme il le note, en déclenchant des sensations, impacte, également, ses dessins, d’ailleurs il n’a presque jamais dessiné sans avoir du Bach ou du Händel ou autres musiques comme arrière-fond.

Aymen Mbarki a fait partie des onze premiers bénéficiaires de la plateforme «Minassa», mise en œuvre par le catalyseur des start-up Inco et soutenu par la Fondation Drosos. Ce projet accompagne les jeunes entrepreneurs de la scène culturelle tunisienne dans la mise en place de leurs projets par un suivi personnel, des master class et des workshops individuels.
Grâce à cela, il a fondé avec l’illustrateur Othman Selmi et l’artiste visuelle Sahar El Echi la revue trimestrielle « 90 Youm » qui propose une nouvelle expérience journalistique visuelle et esthétique autour de la ville de Tunis et dont le premier numéro sort prochainement.

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