Face à des dépenses salariales incompressibles à court terme, le CA peine actuellement à joindre les deux bouts et à faire face aux innombrables demandes émanant de la commission des litiges relevant de la FTF. Et pour se remettre à flots, le Club Africain ne peut éternellement jouer sur l’attachement sentimental du supporter au club ou à son identification à un joueur vedette.
La finalité du football, sport spectacle par excellence, est d’autant plus complexe qu’il s’agit de rechercher conjointement le résultat sportif et le résultat financier.
Au CA, avec l’arrivée de Slim Riahi, la gouvernance du club a été centrée sur les actifs immatériels que constituent les joueurs. Or, ce fut un pari audacieux ,certes ,mais risqué sachant que l’aléa-risque est souvent inhérent à l’incertitude du résultat sportif. Et à la stratégie du bureau directeur de l’époque de montrer ses limites avec une démarche remise en cause à terme. Certes, sur le court terme, grâce aux Nater, Belaid, Khelifa, Djabou, Belkhiter, Mikari & co, le CA a touché au but, s’adjugeant le titre national. Mais le réveil a, par la suite, été brutal ,volet finances et projections.
Le football-spectacle est un business comme un autre et les tenants d’un club doivent avant tout investir afin de créer de la valeur financière ,mais pas seulement. Ils doivent aussi s’employer à pérenniser les ressources et équilibrer les comptes. Or, au CA, on a mis la charrue avant les bœufs et le club de Bab Jedid en paie actuellement le prix fort avec un passif qui s’alourdit au fil des plaintes suivies de sommations de la Fifa.
Encore heureux que les irréductibles clubistes ont mis la main à la poche pour parer au plus urgent.
Mettre des actifs en réserve
N’eût été ce formidable élan de générosité des fans, le CA serait dans une délicate situation. Maintenant que l’interdiction de recruter a été levée par l’instance de Zurich, le CA doit forcément prôner la bonne gestion en vue de ne pas creuser davantage le déficit abyssal du club. Ce gouffre peut être résorbé à terme si le CA emploie tout d’abord ses liquidités pour éponger et combler ses déficits antérieurs.
Au mieux, il devrait mettre des actifs en réserve pour anticiper un éventuel déficit ultérieur. D’autres sommations des instances sont à envisager. Le CA doit y faire face sans naviguer à vue ,mais en anticipant. Il y va de l’équilibre de ses comptes et sa survie même. En football, certes, la performance sportive est prédominante ,mais la dimension financière n’est pas une simple variable d’ajustement. Perdre le derby fait forcément mal. Mais ce n’est pas une fin en soi.
A armes inégales, le CA ne pouvait espérer mieux que de résister avec courage et audace même. Il ne peut d’ailleurs qu’en être ainsi pour un club centenaire à la notoriété établie.
Le CA dispose d’un vivier de sympathisants que lui envient la majorité des clubs sur la scène continentale et bien au-delà.
Le capital «clients» provenant des supporters et des sponsors constitue une manne que les tenants clubistes doivent gérer à bon escient.
Casser la spirale dépensière
Réfléchir avant d’agir. Ne plus tomber dans le piège des emplettes à l’emporte-pièce qui ne font que plomber les finances du club. Si l’internationalisation du recrutement des joueurs et l’importance accrue des agents sportifs et des intermédiaires ont eu comme conséquence l’augmentation massive des salaires, au CA, l’on gagnerait à faire la politique de ses moyens, sans « copinage » de circonstances.
Face à des dépenses salariales incompressibles à court terme, le CA peine actuellement à joindre les deux bouts et à faire face aux innombrables demandes émanant de la commission des litiges relevant de la FTF. Et pour se remettre à flots, le CA ne peut éternellement jouer sur l’attachement sentimental du supporter au club ou à son identification à un joueur vedette.
En sport, la notion de « gouvernance partenariale » est à aborder de façon prudente, car elle fait référence à des rapports de force et à des influences croisées avec des aspects individuels et particuliers prédominants.
Dérives et contrecoups
Dans le cas du CA, les dérives financières ont pris de l’ampleur à cause de la volonté de certains de contourner les régulations en vigueur. Recrutements onéreux, mais surtout furtifs. Perspectives sportives de type fictives.
Toutes ces évolutions ont traduit une dépendance accrue du CA vis-à-vis de parties prenantes difficilement maîtrisables.
Au final, le contingent de joueurs ayant sollicité les instances pour toucher leurs dus est considérable.
Par le biais d’agents de joueurs ou suite à une réclamation de leur club d’origine (prime de formation oblige), le CA croule sous les sommations. Ces dernières années, à l’exception de Saber Khelifa, Farouk Ben Mustapha, Seidu Salfu et Brahim Chenihi, les Boubacar Diarra, Souleymane Coulibaly (par le truchement de l’AS Real Bamako), Samuel Oum Gouet, Matthieu Rusike, Yohan Touzghar et autre Fabrice Ondama n’ont fourni aucun retour sur investissement.
Il est forcément temps de casser cette spirale dépensière !