Le Président de la République, Kaïs Saïed, a été l’invité, jeudi soir, de la chaîne nationale Watania 1, à l’occasion de son premier bilan programmatique, 99 jours après sa prise de fonction officielle à la tête de l’Etat.
Le Chef de l’Etat a montré d’entrée de jeu son attachement très spécial à la cause palestinienne et sa volonté de promouvoir son statut vers l’indépendance totale et sa souveraineté sur sa terre, avec pour capitale Al Qods ach-charif.
Le président de la République a réitéré son opposition catégorique à toute normalisation avec Israël et promis de mettre en branle, au plus tôt, un projet de loi criminalisant une telle pratique.
D’autres idées présidentielles se sont également montrées tenaces parmi les convictions personnelles qu’il avait exprimées au lendemain de son élection triomphale avec 72,71% des voix exprimées : l’inefficacité des représentants du peuple par rapport à leur mandat, la possibilité de les révoquer le cas échéant, le renforcement de la décentralisation du pouvoir par de plus larges prérogatives aux municipalités, ainsi que par la création de délégations élues et enfin la conception de districts territoriaux autonomes et complémentaires.
Autre urgence du chef de l’Etat, l’édification d’une vaste cité socio-médicale offrant une grande variété de spécialités médicales hospitalières et d’activités sociales et sportives dans la capitale des Aghlabides, Kairouan.
Le chef de l’Etat a, par ailleurs, évoqué les problèmes de sécurité, de violence, d’extrémisme et de terrorisme qui s’amplifient de jour en jour et inquiètent tout spécialement les citoyens et l’opinion publique. Étant le président du Conseil de sécurité nationale, groupant toutes les institutions de sécurité et les corps constitués porteurs d’armes, Saïed a promis la plus grande fermeté à l’égard de tous les déviants, ce qui est déjà le cas.
D’autres propositions du Président ont été évoquées par les deux dynamiques interviewers, dans l’esprit d’une meilleure compréhension des apports et réformes de Saïed.
Le débat s’est également penché sur la vision du nouveau Président pour ce qui est de la mise en place du gouvernement et des conceptions qui pourraient assurer la stabilité du gouvernement et de la politique de l’Etat, tout en assurant la reprise en main de l’économie nationale et la réalisation des grands objectifs sociaux qu’a revendiqués la révolution.
Le Président de la République a réagi à toutes les critiques se rapportant à la visite du président turc, indiquant que l’on n’interroge jamais un chef de l’Etat sur les motivations de sa venue. Peut-être, vu la conjoncture, le Président a-t-il fini par admettre une certaine insuffisance en matière de communication.
En ce qui concerne le choix d’Elyès Fakhfakh comme chef de gouvernement et l’exclusion de Qalb Tounès et du parti destourien de Moussi de la ceinture de soutien au gouvernement, les critiques ne se sont pas fait attendre.
Iyadh Elloumi, député Qalb Tounès, a affirmé hier à Shems FM que M. Saïed souhaite que le gouvernement Elyes Fakhfakh ne dispose pas de suffisamment de soutien politique qui puisse lui permettre de dissoudre l’Assemblée, au cas où la confiance ne serait pas accordée à Fakhfakh.
Ainsi, l’idée d’écarter Qalb Tounès des concertations autour de la constitution du gouvernement émanerait plutôt de Kaïs Saïed et non d’Elyes Fakhfakh qui serait ainsi en train de «s’isoler» avec la dizaine de partis, pour l’essentiel tout petits, ce qui conduirait le gouvernement à ne pas être avalisé, même si le vote de confiance se déroulait aujourd’hui même.
En conclusion, affirme Elloumi, aussi bien Qalb Tounès que le parti Ennahdha s’opposent à l’exclusion du parti de Nabil Karoui et n’accorderont pas leurs voix à ce gouvernement.