Kebaïer joue la carte modestie sur ce groupe abordable des éliminatoires au mondial. Mais entre humilité et manque d’ambition, la nuance n’est pas, dans certains cas, facile à constater et à gérer. Kebaïer devrait être plus ambitieux.
Les apparitions médiatiques de Mondher Kebaïer et de son adjoint pour commenter le tirage au sort des éliminatoires du mondial ont été un peu contradictoires. D’une part, on promet de passer aux barrages sans le moindre souci, et d’autre part, on nous rappelle que les matches sont difficiles et qu’ils doivent être négociés un par un (quel scoop monsieur l’adjoint !).
Qu’on arrête de jouer sur les mots ! Respecter les adversaires, oui, mais il faudra aussi respecter notre standing actuel, notre classement Fifa et notre prestige. Ces clichés que Kebaïer et son adjoint nous ont balancés, genre «il n’y a pas de groupe facile et de groupe difficile», font rire. Notre équipe nationale est sur un groupe abordable où elle doit se classer première. Les moyens qu’elle a, entres autres la qualité des joueurs, lui permettent (c’est même une obligation) de passer sans gêne ce premier handicap.
Kebaïer doit assumer
Contesté lors de sa nomination, Mondher Kebaïer est devant l’épreuve de vérité pour aller au mondial. Il sait très bien que Wadï El Jarry ne lui «pardonnera» jamais le moindre faux pas. A commencer par les confrontations de ce groupe face à la Zambie, la Mauritanie et la Guinée équatoriale. Notre supériorité théorique ne doit pas être seulement sur le papier mais surtout sur le terrain. Ça ne va pas être facile si l’équipe de Tunisie prépare mal ses matches, et si Mondher Kebaïer ne lit pas comme il faut les tournures des matches. Avant même les joueurs, Kebaïer sera l’homme-clef de cette première partie de parcours. Lui qui commence à apporter le plus dans le jeu de la sélection, mais qui aborde le parcours le plus exigeant. Kebaïer doit assumer, doit se montrer à la hauteur du parcours au Mondial. Il a six matches très différents, mais qui restent abordables s’il se prépare bien.
Le second tour, l’étape clef
Le Mondial 2022 reste la compétition «vitale» pour notre sélection. On a besoin de se retrouver au Qatar et de confirmer la qualification acquise en Russie. Financièrement, sportivement, aller au Mondial est une question de vie ou de mort pour cette équipe nationale. Cette fois, la formule est inversée.
On retrouve le format 2014 où le barrage permet de passer.
Tout se jouera lors de ces barrages (les 10 sélections se valeront plus ou moins) pour Kebaïer et ses joueurs.
La sélection est-elle en ce moment, et après l’arrivée de Kebaïer, en mesure de foncer vers le Mondial? Elle le doit, ce n’est pas un choix. Actuellement, l’équipe joue bien. La touche «offensive» de Kebaïer (plus de poids offensif et de gestion de la possession) est bien palpable. Cela dit, on attendra les prochains tests amicaux pour confirmer cet élan. Le facteur temps est une faveur pour le moment, mais à partir d’octobre, ce sera une course contre la montre. Ceci avant les barrages où le destin de toute une génération se jouera sur un aller-retour. Nous n’en sommes pas encore là !
Pas de nouveautés en vue
Les paroles de Kebaïer sont rassurantes quand il dit que certains postes et certains joueurs sont «intouchables» ou disons prioritaires sur d’autres. Il a donc une vision claire de son groupe. Et si certains joueurs brillent ou déçoivent d’ici octobre ? Des changements peuvent alors s’imposer notamment en cas de pépins. Mais l’ossature est pratiquement claire. On a des joueurs qui traînent beaucoup de matches en sélection et que Kebaïer estime. A moins d’un accident d’un joueur qui caracole, il est difficile de voir cette ossature de 16 joueurs changer. Et à notre avis, c’est un bon indice pour le futur, Kebaïer n’est pas de ces entraîneurs hésitants ou qui font des calculs avant d’arrêter leurs choix des joueurs. La rotation excessive peut alors nuire à l’équilibre de toute une sélection.
On prend l’exemple du poste de gardien de but. Kebaïer, en toute confiance, l’a dit. Ben Mustapha est son premier choix. Et ça, c’est une responsabilité assumée et donne au premier gardien une certaine confiance. Contrairement à ce que Giresse a fait à la CAN où il a utilisé un gardien par match au premier tour ! Faute de nouveautés en vue, l’équipe nationale peut compter sur le potentiel existant pour guetter le Mondial. Kebaïer a tous les moyens pour le faire. Le plus important est qu’on passe un message d’ambition à nos joueurs. Un message qui les place devant leurs responsabilités envers le public de la sélection. Qu’on leur offre des victoires, un titre continental, une qualification haut la main au Mondial. Regarder loin, c’est tracer une voie de gagneur et d’ambitieux. C’est pourquoi ces déclarations «minimalistes» qu’on a entendues au cours de la semaine dernière ne servent à rien. Elles sont même «frustrantes» pour une équipe qui a tout pour réussir et pour se caser à jamais dans le club des grands de l’Afrique!