«Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark». Cette sentence que Shakespeare, le célèbre dramaturge anglais, avait prononcée par la bouche de Hamlet son héros, pourrait être projetée sur notre pays, qui, depuis son indépendance de façade, n’a jamais pu s’émanciper et voler de ses propres ailes, même si bon nombre de ses fils ont fait leurs preuves dans la cour des grands.
Oui et c’est réellement malheureux, il doit y avoir quelque chose de pourri dans notre pays pour qu’il continue ainsi de subir et non d’agir, et à tous les niveaux. Il s’agit d’une «chose» qui trouve forme dans une dépendance chronique, à la fois économique politique et culturelle, inquiétante, qui le ronge de l’intérieur et qui saute aux yeux.
Aujourd’hui, notre situation fait de la peine car, après la décapitation de la pieuvre politico-financière et criminelle de l’ancien régime, nous sommes à la merci des tentacules du monstre qui continuent de se mouvoir en bandes organisées, dont certaines sont sous forme de partis politiques.
Une dépendance devenue une véritable tare et qui est le fruit de bon nombre de choix fixés à la hâte, que les décideurs changent parfois aussi à la hâte, en prenant souvent d’autres qui sont diamétralement opposés aux premiers.
Choix qui ont été traduits par des prises de décisions verticales que l’on présentait, avec un culot à faire pâlir de jalousie les grandes gueules issues de certains commerces malsains, comme étant des politiques publiques.
Le tout marqué par un flagrant déficit de vrai leadership, c’est-à-dire l’absence d’un groupe rassembleur, moteur de synergies doté d’une vision claire et d’outils efficaces. Ceux qui se sont succédé à la tête du pays depuis 1956 n’ont, en effet, été que des hommes obnubilés par le pouvoir et le prestige.
Des hommes qui, de plus, se sont approprié les progrès culturels, sociaux et économiques, réalisés auparavant grâce à la lutte des élites éclairées et les sacrifices des populations, qui ont tout fait pour infantiliser le peuple et ont fait de lui une loque sociale.
Ces élites éclairées ont été, petit à petit, écartées et nous avons eu, hélas affaire à un groupe dominateur et violent formé autour d’une personne autocratique qui a construit un système qui n’a eu pour unique performance qu’à asphyxier le pays et qu’à broyer toutes ses forces vives.
Résultat, plein d’inégalités, de paradoxes et dysfonctionnements à tous les niveaux qui continuent de pomper toutes les capacités du pays, puis de les dilapider, d’hypothéquer l’avenir des générations qui se succèdent et de retarder d’une manière révoltante les progrès du pays.
Autre résultat, une crise morale, intellectuelle, sociale, économique et politique, donc totale qui continue de s’aggraver et qui risque de conduire le pays à une vraie débâcle, si rien n’est fait pour arrêter ce processus catastrophique.
Il suffit de jeter un coup d’œil pour constater que les cafés, les hôpitaux et les prisons sont bondés de monde, alors que les champs sont vides et que les usines sont en train de fermer, l’une après l’autre, pour comprendre que le pays commence à pourrir et que cette «chose» est un virus du type qui détruit à la fois l’immunité, la mobilité et l’intelligence.
Il ne faut pas se voiler la face et poursuivre la fuite en avant. Une thérapie de choc doit pouvoir être administrée à notre pays pour qu’il puisse être sauvé. Plusieurs méthodes pourraient réussir et nous avions proposé l’une d’entre elles, sur ces mêmes colonnes, dans plusieurs séries de cette même rubrique.
Une méthode qui fera en sorte que tout le peuple sorte, non pour battre le pavé et crier des slogans, mais pour transformer positivement le pays en en faisant un grand chantier à ciel ouvert.
Un mouvement qui mobilisera l’ensemble des catégories sociales en faveur de cet objectif commun et urgent. C’est le devoir national qui nous appelle car notre pays court un danger imminent et personne n’a le droit de s’y dérober.