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Marché africain : Un vide à combler

Les exportateurs tunisiens sont pénalisés par plusieurs insuffisances qui ne leur permettent pas d’investir le marché africain. Pourtant, celui-ci offre plusieurs opportunités exploitées par d’autres fournisseurs. Parmi les lacunes constatées, celles qui concernent le transport et la logistique.

Plusieurs études ont été élaborées sur le marché africain avec chiffres à l’appui. L’objectif recherché à travers ces études est d’explorer un marché qui compte des millions de consommateurs à pouvoir d’achat moyen  qui leur permet non seulement d’acheter des produits de premières nécessités mais aussi des produits de luxe. En une dizaine d’années, plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne ont pu réaliser une croissance à deux chiffres, étendre leur infrastructure de base sur des centaines de kilomètres et attirer des investissements directs étrangers, toutes nationalités confondues. C’est dire que plusieurs fournisseurs étrangers, y compris des Chinois, sont établis dans ces pays pour les approvisionner en divers produits de consommation. En l’absence de concurrents pour certains produits, les Chinois imposent leur prix et les quantités de produits à commercialiser.

Mais dans le marché africain, on trouve aussi des Marocains, des Libanais et bien sûr des Français, qui offrent leurs produits et leurs services à ces consommateurs exigeants mais qui sont prêts  à payer le prix fort pour acheter des produits de qualité et haut de gamme. Certains pays  sont allés jusqu’à installer des succursales des grandes sociétés pour rester en contact avec les clients et subvenir à leurs besoins. Le Maroc, par exemple,  a ouvert également des succursales bancaires afin de fournir leurs services financiers aux investisseurs marocains et étrangers. Une banque tunisienne leur a emboîté le pas pour ouvrir, elle aussi, des succursales en Afrique. Investir dans ce continent peut rapporter beaucoup pour le promoteur qui sait gérer les affaires économiques et tirer le meilleur profit des richesses recelées dans plus d’un pays africain.

Les Américains s’intéressent à l’Afrique

Les pays d’Afrique subsaharienne se caractérisent par leurs richesses naturelles qui permettent à la population de vivre dans des conditions confortables sans fournir beaucoup d’efforts. Ainsi, le sol africain dispose, outre les ressources pétrolières, le cacao, le café, l’or, le fer, l’aluminium et  autres. L’exploitation de ces richesses, leur traitement et leur transformation se font souvent par des firmes internationales qui ont conclu des contrats de concession avec les autorités des pays concernés. Ces derniers ont droit, bien entendu, à une part des bénéfices réalisés par la société exploitante qui mobilise des moyens et des équipements gigantesques pour tirer profit de la richesses de la terre en utilisant des technologies de pointe qui sont le point fort de ces firmes étrangères. Mieux encore, ces travaux d’exploration et d’exploitation des richesses naturelles font travailler une main-d’œuvre nombreuse dont une partie est hautement qualifiée.

Les Américains ont manifesté, récemment, leur intérêt pour l’Afrique — eux qui ont toujours été présents dans ces contrées —  en organisant à Tunis le programme « Prosper Africa » qui vise essentiellement à renforcer et à promouvoir la coopération entre les Etats-Unis et les pays africains. C’est que les Américains sont conscients de l’importance de l’Afrique actuellement et au cours des années à venir. Le continent constitue une véritable réserve d’énergie et de ressources naturelles intarissables qui peuvent être exploitées, par leurs soins et les valoriser. Cette exploitation se fait, bien entendu, avec le consentement des premiers concernés, à savoir les propriétaires de la terre sous forme de contrats de concession ou de location en bénéficiant d’une partie des gains réalisés. La Tunisie pourrait être un acteur déterminant dans ces affaires de haut niveau grâce à une coopération tripartite entre les Etats-Unis et certains pays africains.

Les opportunités ne manquent pas

Ainsi, la Tunisie pourrait fournir les équipements, matériaux et matières premières dont les firmes exploitant les mines africaines ont besoin. En principe, la fourniture de ces matériaux se fait sur appel d’offres international et la meilleure offre en matière  de qualité de produits est retenue. Mais grâce à la coopération tripartite, un traitement de faveur pourrait être donné à la Tunisie qui entretient d’excellentes relations avec les Etats-Unis et l’ensemble des pays africains. Le vide ne peut être comblé que par l’installation de succursales d’entreprises tunisiennes dans ces pays africains pour être toujours proches des demandeurs de services et profiter de la première occasion offerte. A noter que notre pays a une longue expérience avec les pays africains en matière d’expertise et d’études de faisabilité de divers projets liés à l’infrastructure de base, aux routes et à l’assainissement.

En effet, des bureaux d’études tunisiens ont pu participer aux travaux d’infrastructure effectués par des pays africains qui ont exprimé leur satisfaction quant aux études élaborées par des compétences tunisiennes. La Tunisie devrait se baser sur cette expérience pour gagner de nouveaux marchés qui sont à la portée des entreprises tunisiennes et des bureaux d’études et d’ingénierie locaux. Les opportunités offertes par le marché africain ne manquent pas et il suffit de mobiliser les compétences pour en tirer le meilleur profit. Les services et les produits commercialisés sont payés en devises, ce qui permet d’assurer à la Tunisie une entrée de dollars dont on a tant besoin pour consolider les avoirs en monnaies étrangères. Notre pays pourrait également approvisionner le marché africain en divers produits de consommation courante comme les poissons frais, les pâtes, le concentré de tomate, les matériaux de construction, les articles de textile-habillement et du cuir et chaussures. La demande est vraiment immense et les entreprises tunisiennes peuvent satisfaire les besoins exprimés.

Cependant, pour réussir le challenge et exporter vers les pays africains, il est nécessaire de résoudre un certain nombre de problèmes liés au transport et à la logistique. En effet, pour pouvoir conquérir le marché africain, il est nécessaire de prévoir des lignes aériennes et maritimes dans les pays ciblés en mobilisant les moyens nécessaires. Pour les produits frais à exporter, il est indispensable d’opter pour la voie aérienne afin de faire parvenir les produits commandés dans quelques heures. Il s’est avéré, actuellement que plusieurs pays africains à fortes potentialités ne sont pas encore desservis par notre compagnie nationale aérienne qui a, cependant, déployé des efforts pour ouvrir de nouvelles lignes en Afrique. Le travail devrait se poursuivre au cours des mois à venir en vue de poursuivre cette pénétration dans le continent africain et permettre ainsi aux hommes d’affaires de se positionner dans un marché prometteur.

Plusieurs structures d’appui et organismes ont organisé des missions d’affaires dans certains pays africains, et ce, pour prendre contact avec les hommes d’affaires et conclure éventuellement des contrats de vente. Or, ces missions sont restées au stade de la prospection et de l’information sur le marché. Elles n’ont pas été suivies de vrais projets de coopération ou d’échanges commerciaux. Il semble que le problème du transport ait pesé de tout son poids sur les liens entre les hommes d’affaires tunisiens et leurs homologues africains.  Il est nécessaire, de même, d’encourager les promoteurs tunisiens d’ouvrir des centrales d’achat, des succursales des entreprises dans les pays hôtes afin d’être proches des consommateurs et des réseaux de distribution africains. Ainsi, les producteurs tunisiens pourraient proposer leurs produits à des prix défiant toute concurrence tout en étant disposés à sensibiliser les acheteurs grossistes et à les inciter à privilégier les produits tunisiens aux autres.

Du chemin reste encore à parcourir pour faire de l’Afrique notre partenaire de choix auquel les exportateurs tunisiens pourraient commercialiser leurs produits divers en pratiquant des prix avantageux. La Tunisie pourrait bien se positionner dans ce marché à condition de répondre aux critères exigés et qui ne concernent pas uniquement la qualité — qui doit répondre aux normes et standards internationaux — mais aussi à l’aspect quantité dans la mesure où la demande exige parfois la production de  tonnes de produits en un minimum de temps. Nos unités de production doivent être en mesure de satisfaire les besoins exprimés en travaillant à plein régime.

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