«Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir», dit l’adage. Le désespoir est parfois nécessaire pour se remettre en cause et tracer un meilleur horizon qui offre de nouvelles perspectives. L’optimisme peut permettre de résoudre les situations les plus difficiles à condition d‘en faire un usage rationnel, adapté et intelligent.
Un récent sondage sur l’élection présidentielle sur la perception de l’avenir par les Tunisiens a montré que 65% contre 35% étaient encore confiants en l’avenir de la Tunisie.
En France, c’est strictement l’inverse avec une grande part de la population qui est pessimiste quant à l’avenir de la nation française. Une opinion ou un sentiment qui s’expliquent difficilement au regard du Tunisien, puisque la France est à des années-lumière de la Tunisie sur les plans économique, social et du progrès et de la prospérité. Mais cela démontre que le jour où les Français seront optimistes, ils pourraient devenir la première puissance mondiale.
Tandis que les Tunisiens continuent de manger leur pain noir avec une crise économique et sociale sans précédent depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956. Pessimisme ou optimisme, les deux sont légions que le ciel soit bleu ou gris. A ce sujet, la semaine dernière, une conférence inédite qui a porté une réflexion importante notamment sur l’optimisme des dirigeants pour faire face à l’incertitude en période de crise économique a rassemblé un parterre d’experts français et tunisiens.
L’événement s’est déroulé au siège de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat le mardi 11 février en fin d’après-midi. L’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor, a nourri les débats avec de nombreuses révélations dont des citations de Jean-Paul Sartre qui disait qu’il préférait le désespoir à l’incertitude. Généralement, l’incertitude est un élément que l’on ne peut maîtriser dans notre vie à moins d’agir contre le désespoir. La peur de l’incertitude est un obstacle qu’il faut dépasser ou s’en affranchir pour ne pas rester figé dans le temps. L’incertitude est identitaire : sommes-nous arabes, africains ou maghrébins ? Le continent européen est moins jeune que l’Afrique qui connaît des bouleversements et des avancées, ce qui traduit des risques et des chemins inconnus.
Un des intervenants, M Philippe Gabilliet, a joint les deux bouts en apportant une grande touche d’humour dans ses interventions qui ont suscité une atmosphère paisible et détendue. Le thème de la conférence s’intitulait : «Dirigeants, face à l’incertitude, osez l’optimisme!».
On retiendra de nombreuses idées dont on retrace un échantillon que les intervenants ont apporté tour à tour. M Bertrand Mongeon, vice-président de l’Escp Business school a apporté une pierre à l’édifice de l’événement en rappelant l’importance de l’optimisme en période de crise économique ou sociale. Il déclare à l’assistance : «L’optimisme n’est pas qu’une valeur morale mais aussi économique. Pour avoir de la chance il faut être une chance pour les autres et pour le monde. La Tunisie est le premier pays arabe à avoir aboli l’esclavage et ayant avancé avec résilience vers la démocratie». L’incertitude est au centre de nos vies. La jubilation de vivre à condition qu’elle s’accompagne de quelque chose est essentielle. Pour sa part, M Samir Majoul, Président de l’Utica a évoqué les multiples transitions que le pays traverse dont la transition démocratique qui connaît une grande avancée même si économiquement le résultat se fait toujours attendre.
La transition digitale et énergétique requiert des opportunités massives pour la recherche-innovation dont la Tunisie devra tirer profit. L’égalité des chances entre les différents partenaires, le monopole de l’Etat et des entreprises publiques sont d’autres objectifs à atteindre pour améliorer le climat d’investissement. «Pour matérialiser l’égalité des chances, il faut libérer le capital humain», précise-t-il.
Il termine en insistant sur la force que le Dinar doit atteindre pour s’échanger au mieux avec les devises étrangères : «Le non-convertible a fait son temps, il faut passer au convertible».
Pour un choix conscient et réfléchi
M. Gabilliet a partagé de nombreuses illustrations et idées au moyen de diapositives pour convaincre l’assistance de l’importance du choix à faire entre optimisme et pessimisme. Le pessimiste a longtemps raison à condition qu’il ne se résigne pas sinon, il aura quasiment perdu la bataille. Le pessimisme n’est intéressant que s’il offre des solutions à moyen et long terme. Le pessimisme est un bon serviteur mais un mauvais maître.
Avoir confiance en soi de façon inébranlable pour réussir, pour avoir plus d’argent est souvent l’apanage des personnes optimistes. Pour pouvoir réussir, il faut travailler à tout prix, c’est leur devise même si elle ne doit pas être une règle générale. La vocation professionnelle, le talent et la confiance sont les atouts. Celui qui va gagner, c’est celui qui se sera découragé en dernier. Il faut de la persévérance. Mais l’optimisme est parfois dangereux notamment pour les personnes qui pensent que celui-ci ne peut pas favoriser le rebond face aux difficultés. C’est une énergie renouvelable au fur et à mesure qu’elle est partagée.
Des établissements universitaires privés tunisiens et français sont venus apporter leur contribution à l’événement notamment pour faire la promotion de leurs cursus et programmes d’études et de formations. L’Escp est un groupe universitaire français qui compte 6.000 étudiants dont 300 étrangers avec un contingent actuellement réduit de 42 étudiants et 300 diplômés tunisiens dans l’histoire de l’Institut. Leur espoir est d’accroître l’effectif de Tunisiens inscrits dans leurs centres d’études. L’Atuge, institut tunisien qui forme l’élite, a pris part à l’événement en intervenant à sa manière dans les débats autour de l’optimisme.
(Image par Gerd Altmann de Pixabay )