C’est devant les garages des maisons et des dépôts qu’ils sévissent maintenant.
Décidément, les braqueurs tunisiens ont l’imagination fertile. Jamais en panne de solutions, ils innovent, créent et mettent en place les stratagèmes les plus diaboliques et les plus inattendus. Et ils le font dès que le danger les guette et limite leur champ d’action. Jusque-là, on les savait omniprésents sur la voie publique, c’est-à-dire devant les établissements scolaires, les édifices publics, les stations de bus et de métro, les parcours de santé, dans les rues commerçantes, bref là où il y a âme qui vive… Ils frappaient également devant les salles des fêtes, devant les mosquées, à l’intérieur même d’un taxi et aux environs des parcs de loisirs.
Loin d’être assagis ou essoufflés par la fréquence montante des patrouilles policières, ils viennent de jeter leur dévolu sur d’autres victimes potentielles, à savoir les propriétaires des maisons et des dépôts, comme en témoigne le nombre sans cesse croissant des plaintes qui parviennent aux commissariats de police.
Leur tactique est simple : ils épient l’endroit avec l’efficacité d’un vieux mafiosi. Et dès que la «proie» apparaît pour faire entrer sa voiture dans les parages, « on saute dessus dans le pur style d’un léopard». Quelques coups de poing s’ensuivent et le tour est joué. Ce n’est que plus tard que la victime, encore «sonnée» et étourdie par la dure correction qu’elle a reçue, s’aperçoit de la disparition de son véhicule avec tout son contenu! Variant constamment leur action afin de dérouter les agents de l’ordre , les braqueurs des temps modernes sévissent aussi, de la même façon, devant les dépôts de stockage des marchandises.
En ce sens que, l’autre jour, un commerçant qui s’apprêtait à fermer boutique fut, soudain, accosté par deux intrus qui, sans crier gare, lui tombent dessus en lui administrant une série d’uppercuts dignes d’un Tyson du temps de sa splendeur. La victime perdit, dans cette attaque au couteau, son portable, les recettes de la journée dissimulées dans un sachet, ainsi que… sa camionnette! L’adage dit que tout nouveau est beau.
Pour ces braqueurs sans foi ni loi, c’est vrai et cela fait partie des «risques du métier». Mais, pour le citoyen lambda, ce nouveau scénario est, au contraire, tout ce qu’il y a de plus moche. Plus que moche, c’est grave. Que faire, parbleu, pour s’en protéger? La Tunisie n’est évidemment pas l’Amérique où l’usage des armes est depuis longtemps légalisé au nom de la légitime défense. Mais, à notre sens et au vu de la recrudescence du phénomène des braquages dans nos murs, on ne perdrait rien à mettre en œuvre une nouvelle loi permettant une meilleure protection des citoyens.
Mohsen ZRIBI