Les instituteurs et les institutrices des écoles primaires de Tunis 1 et Tunis 2 ont observé, hier, une grève présentielle. Ces derniers se sont présentés à leurs établissements respectifs mais n’ont pas fait cours aux élèves. Dans l’un des établissements du centre-ville, à l’école primaire de la rue de Marseille plus précisément, le silence s’est progressivement installé dans les salles habituellement bruyantes. Agglutinés devant l’établissement, les écoliers en ont profité pour rire et chahuter, heureux de ne pas faire cours. A l’intérieur de l’établissement, instituteurs et institutrices se sont installés dans la salle des professeurs, transformée, le temps d’une journée, en QG. Le ras-le-bol du corps enseignant était perceptible depuis un certain temps. C’est souvent la peur au ventre, qu’ils se rendent à l’école pour faire cours. Tous les jours, ils craignent d’être agressés par un élève ou par un parent d’élèves. Surtout par les parents d’élèves car c’est d’eux qu’émane la forme de violence la plus courante dont font l’objet les enseignants. La plupart des agressions si ce n’est la majorité sont l’apanage, en effet, des parents d’élèves qui cherchent de plus en plus noise au corps enseignant, en donnant automatiquement raison à leurs enfants qu’ils soient ou pas dans leur tort.
Menaces, agressions verbales et physiques, tous les moyens sont bons pour mettre, en effet, la pression sur les instituteurs et les institutrices. Il est de plus en plus fréquent de voir un parent d’élève débouler dans une salle de classe et houspiller l’enseignant parce qu’il a donné une mauvaise note à son fils ou à sa fille. Ce comportement aurait été jugé inadmissible et inconcevable à une époque, désormais révolue, où le professeur était «intouchable» et jouissait du droit absolu d’éduquer ses élèves comme bon lui semble. «Il y a deux jours à peine, un parent d’élève s’est présenté à notre établissement en nous signifiant clairement qu’il s’en prendrait aux enseignants si l’un d’entre eux s’avisait de punir son fils ou s’il lui administrait une mauvaise note. L’autre jour, une élève est entrée dans l’établissement vêtue d’une tenue que je qualifierais d’incorrecte et qui ne sied pas à un établissement scolaire. Ma remarque semble ne lui avoir pas plu. Elle a avisé directement sa mère qui m’a appelé en colère pour m’expliquer que sa fille est en droit de porter ce qu’elle veut dès lors que cela relève des libertés individuelles», a observé le directeur l’école primaire de la rue de Marseille.
Le corps enseignant a décidé de réagir face à la hausse du nombre d’agressions dont ils sont victimes en décidant de débrayer afin d’alerter non seulement les autorités de tutelle à qui ils reprochent leur laxisme mais également l’opinion publique. L’une de leurs principales revendications : durcir la loi et criminaliser les agressions à l’encontre des enseignants.
(Crédit Photo : Koutheir KHANCHOUCH)