Ancien premier conseiller à la sécurité nationale auprès de l’ancien président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, le contre-amiral à la retraite Kamel Akrout est un grand expert des questions stratégiques, géopolitiques et sécuritaires. Issu de la Grande muette, ce haut fonctionnaire de la Marine nationale, à l’âme imbue d’amour pour le pays, explique qu’il est le produit d’une génération à laquelle on a inculqué les valeurs du travail, du patriotisme et du civisme. Dans cet entretien, il se livre à La Presse et passe en revue ce qui a été fait en termes de restructuration du Conseil de sécurité nationale, évoque le retour des terroristes des zones de tension, le dossier de « l’organisation secrète » et les projets de loi inhérents au domaine des renseignements généraux, au service militaire, à l’état d’urgence sur lesquels il faut se pencher sans tarder, et bien d’autres volets sécuritaires à découvrir.
Lors des débats télévisés, la majorité des candidats à la présidentielle, et à l’exception de quelques-uns, n’a pu répondre à une question se rapportant aux attributions du Conseil de sécurité nationale (CSN) et ses actions prioritaires, ce qui a d’emblée mis à nu leur incapacité à gérer un pays qui fait face à des défis à multiples facettes. Comment l’ancien premier conseiller à la sécurité nationale répond-il à cette même question ?
Avant de passer aux attributions du Conseil de sécurité nationale (CSN), permettez-moi tout d’abord d’aller à la définition de la sécurité nationale et puis à la genèse de ce conseil. En fait, la sécurité nationale est la capacité d’un Etat à préserver son indépendance, de pouvoir protéger son territoire, ses citoyens, sa souveraineté, la souveraineté de sa décision, ses ressources et ses intérêts contre toute ingérence, tout danger ou menace venant de l’intérieur comme de l’étranger, le sens de la sécurité nationale s’est élargi et il ne touche plus uniquement la Sécurité et la Défense, mais aussi à d’autres secteurs en étroite liaison avec la stabilité et la sécurité d’un pays tels que le social, l’économique, le politique, l’environnemental, le culturel, etc.
En Tunisie, la notion de sécurité nationale trouve son fondement historique dans quelques textes juridiques antérieurs à 2011 et s’est développée suite à ceux-ci. En effet, le décret n° 90-1195 du 6 juillet 1990 relatif au Conseil national de sécurité (sûreté), et qui fait référence au décret n°252 du 26 février 1988 relatif au Conseil national de sécurité (sûreté) comme un texte abrogé, ne doit pas nous priver de parler du texte fondamental dans la conceptualisation de la sécurité nationale en Tunisie.
En 2015, et après l’élection du président feu Béji Caïd Essebsi, nous avons commencé à travailler avec ce qui existait déjà, c’est-à-dire le Conseil national de sécurité (sûreté) conformément au décret n° 90 de 1990.
Justement, en 2015 et suite à votre nomination en tant que premier conseiller à la sécurité nationale par le président feu Béji Caïd Essebsi, vous étiez appelé à restructurer le Conseil de sécurité nationale. Une tâche très délicate qui n’a pas d’ailleurs été beaucoup médiatisée vu la nature de votre mission. Deux décrets ont couronné ce travail de longue haleine, si vous nous donnez plus de détails.
Juste une précision, j’ai été nommé comme premier conseiller à la sécurité nationale auprès du président de la République en 2017 mais en 2015 j’ai été appelé par le président BCE pour remplir une autre fonction, je lui ai répondu que je pouvais être plus utile dans le cadre de la restructuration du concept général de la sécurité nationale. Je visais une nouvelle architecture pour la sécurité nationale en Tunisie conformément à l’article 77 de la Constitution de 2014. Donc, j’ai été nommé au début en tant que conseiller principal chargé de l’organisation puis, une fois l’architecture a été adoptée en 2017, comme conseiller principal à la sécurité nationale auprès du Président (Une première en Tunisie).
Nous sommes partis de l’article 77 de la Constitution de 2014, où on trouve une mention explicite du concept de sécurité nationale. Cet article dispose que «… Il appartient au président de déterminer les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale relative à la protection de l’État et du territoire national des menaces intérieures et extérieures, et ce, après consultation du chef du gouvernement, et de présider le Conseil de sécurité nationale (CSN) auquel doivent être convoqués le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée des représentants du peuple». J’ouvre une parenthèse ici, l’article 77 présente une spécificité tunisienne, puisque le législatif en la personne du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est membre du conseil.
Un groupe de travail multidisciplinaire a été formé (actifs et retraités). Nous avons profité des expériences et des lectures des uns et des autres, mais aussi des Droits comparés et des expériences d’autres pays, sans toutefois essayer de transposer un système quelconque sur le nôtre. A la fin de 2016, un projet a été présenté au président BCE qui, il faut le dire, nous a bien facilité la tâche par sa vision, ses observations et directives, que je me permets de qualifier très pertinentes et précises. En effet, feu BCE, une fois convaincu d’un travail, vous garantit la liberté d’action et d’initiative. Cette liberté imprégnée d’entente intellectuelle avec le président nous a permis de bien avancer. C’est ainsi que le décret 70 de 2017 relatif au Conseil de sécurité nationale a pu voir le jour.
A mon humble avis, ceci marque une importante avancée dans le domaine. En effet, le décret gouvernemental n° 2017-70 du 19 janvier 2017 a mis en place les missions de celui-ci, ses rapports avec les différents ministères et sa composition. L’article premier de ce décret définit les missions qui consistent à « veiller à la sauvegarde des intérêts vitaux de l’Etat dans le cadre d’une vision stratégique ayant pour but la préservation de la souveraineté de l’Etat, de son indépendance et la garantie de l’intégrité de son territoire, la sécurité de son peuple et la protection de ses ressources naturelles».
A cet effet, le Conseil se charge de délibérer sur les questions de politiques publiques en matière de sécurité nationale, des stratégies nationales en matière de sécurité nationale et des options stratégiques en matière de renseignement. Il est concerné par l’évaluation des défis internes et externes et les mesures de riposte aux menaces, même potentielles, et l’orientation de la politique extérieure selon les priorités de sécurité nationale. Le CSN a un rôle de décision.
Dans sa nouvelle formule, le CSN a un niveau politico-stratégique. On a eu l’expérience du Conseil national de sécurité (sûreté), où les ministres étaient le plus souvent assistés de hauts cadres qui dans la plupart du temps faisaient office de présents qui ne pouvaient exposer leurs points de vue. Le CSN dans sa nouvelle version offre plus de liberté d’échange et a gagné en efficacité, notamment en matière de sécurité nationale.
Une efficacité retrouvée suite aussi à la création en octobre 2017 de 15 commissions permanentes dans les domaines relatifs à la sécurité nationale mais qui n’a pas manqué de laisser planer une certaine confusion dans l’esprit de certains qui ont évoqué un « Gouvernement parallèle », ce qui est loin de la réalité, le but étant de faire un travail de fond, sorte de boîte à idées au profit du Conseil, et une sonnette d’alarme en cas de menace imminente. Ces organismes de réflexion prévoient aussi les actions et mesures à prendre dans les secteurs touchant à la sécurité nationale et elles peuvent également provoquer une réunion du conseil en cas d’urgence.
Après une expérience d’un an et demi, ces commissions ont montré leur utilité notamment sur le plan stratégique de fond, sans compter cette valeur ajoutée au niveau de la coordination entre les différents départements interférant dans la question de la sécurité nationale.
Justement, on reste dans le volet des réformes où il est question surtout de légiférer pour le secteur de la sécurité et plus particulièrement les renseignements généraux. Toutefois, il y a toujours ces mauvais réflexes de laisser tout tomber avec l’arrivée d’une nouvelle équipe. Ne craignez-vous pas une discontinuité et un nouveau départ sur d’autres bases pour le CSN et la réforme du secteur sécuritaire en général?
Les renseignements c’est un outil. Chaque décideur fait tout pour l’avoir comme levier à sa portée surtout avec le système politique qui existe actuellement en Tunisie. Les renseignements généraux sont un outil nécessaire pour le Conseil de sécurité nationale. Il y a eu auparavant, d’ailleurs comme partout, un cloisonnement, une rivalité, des antagonismes et une sorte de compétitions entre les services de renseignements.
En Tunisie, le renseignement est réparti entre les départements de la Défense et l’Intérieur. Et même au ministère de l’Intérieur, on retrouve la garde nationale d’un côté et la police de l’autre. De ce fait, nous avons pensé à créer une agence nationale de renseignements appelée à travailler beaucoup plus sur le volet du renseignement stratégique, car ce qui compte en fin de compte n’est pas la collecte de l’information mais plutôt l’analyse et la synthèse et ceci afin de tirer l’essentiel et aider les décideurs à prendre la bonne décision.
On est parvenu, à la fin, à concevoir une structure qui fait honneur au pays mais il est urgent de l’activer et ne pas s’attarder encore plus là-dessus. Le décret 71 du 19 janvier 2017 relatif à la création du centre national des renseignements à la présidence du gouvernement a déjà fixé ses missions. Ce centre est dirigé par un chef nommé par le président de la République conformément aux dispositions de la loi 2015-32 du 17 août 2015 portant fixation des fonctions supérieures et aux dispositions de l’article 78 de la Constitution. Ce chef est aussi membre du Conseil de la sécurité nationale et les rapports qu’il envoie au chef du gouvernement sont aussi envoyés au conseil.
Le centre assure essentiellement « la mission de coordination entre les divers organes de renseignements nationaux ». Il est chargé de la collecte des analyses et rapports auprès des divers départements de renseignements nationaux et la création de mécanismes d’échange des informations entre ces départements, ce qui est de nature à briser le cloisonnement et raffermir la coopération, ainsi que l’élaboration des options stratégiques et des priorités en matière de renseignements et la soumettre au conseil.
Pourquoi nous avons opté pour un décret gouvernemental et non pour une loi ? Parce qu’une loi prend beaucoup plus de temps pour être promulguée et compte tenu de l’urgence, le président a décidé d’adopter ce choix. Pour résumer les choses, le CSN est sur la bonne voie et a déjà démarré contrairement au Centre national des renseignements. Est-ce que la volonté politique interfère dans cette décision ?
Pour répondre à la question si la volonté politique fait défaut au niveau de l’activation du Centre national des renseignements, je dirai que oui, en fait créer un organisme qui va être indépendant des ministères de l’Intérieur, de la Défense ou d’autres départements semble ne pas conforter certaines parties qui veulent s’attribuer le monopole des renseignements.
La stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme est-elle en mesure d’éradiquer l’hydre du terrorisme dans le pays actuellement ?
Lors de la première réunion du conseil, celle du 12 février 2015, deux décisions importantes et urgentes ont été prises : la première est celle de terminer dans les meilleurs délais le projet de loi organique relatif à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent et la deuxième est celle de la stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.
L’ONU était déjà dotée d’une stratégie de lutte contre l’extrémisme violent et notre pays s’en est inspiré pour mettre en place sa propre stratégie tout en insistant sur le respect des droits de l’Homme. La loi a été promulguée la même année (loi organique N° 26 de 2015), et la stratégie a été adoptée en 2016 après accord du Conseil de sécurité nationale.
Est-ce qu’on peut éradiquer d’une manière définitive le terrorisme ? A mon avis, une stratégie ne vaut rien si elle n’est pas accompagnée d’un mécanisme de suivi.
Aussi faut-il souligner que la création de la commission de lutte contre le terrorisme grâce à la loi 26 relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent a été d’un grand apport en matière de prévention et de combat contre l’hydre du terrorisme. C’est une commission qui travaille sous les ordres du chef du gouvernement et elle est investie de plusieurs tâches dont essentiellement le suivi de la mise en place de plans d’action à court, moyen et long termes impliquant les différents ministères. Ces plans sont considérés comme le tableau de bord de la commission. Elle remet au conseil des rapports périodiques à cet égard.
Enfin, à la question que vous avez posée sur la relève et la continuité du travail élaboré au niveau du CSN, je crois que des « fresh-eyes » sont nécessaires, toutefois je recommande qu’on ne change rien pour l’instant. Il faut donner du temps aux projets pour avancer et rectifier ou perfectionner certaines choses avec le temps.
Selon vous, que doit faire le pays face à la digitalisation galopante qui impacte tous les secteurs vitaux dont le secteur de la sécurité et sommes-nous prêts à relever ce défi dans les années à venir ?
La question est très importante d’autant plus que la stratégie nationale de la cybersécurité a été signée juste avant la fin de l’intérim et le départ du président Mohamed Ennaceur. Le Conseil de sécurité nationale avait déjà pris en charge cette question prioritaire et la signature de cette stratégie peut être qualifiée d’un «pas géant» réalisé, car on ne peut pas avancer dans le domaine du cyber sans se doter d’une aussi importante stratégie. La commission permanente de communication et de cybersécurité relevant du CSN a été désignée à cet effet pour assurer le suivi de cette stratégie qui va certes nous faire gagner des points dans le classement du Global cybersecurity Index. (Pour l’année 2018 la Tunisie a occupé la 76e place parmi 175 pays).
Nous avons essayé de finaliser des projets de loi tels que celui de l’état d’urgence ou celui des renseignements ou celui du service militaire, d’autres sont encore dans le pipeline à l’instar du projet de loi relatif à la lutte contre les crimes cybernétiques et le projet d’une stratégie de sécurité nationale.
L’adoption du projet de loi organique réglementant le domaine des renseignements généraux va offrir aux différents départements concernés et surtout au citoyen un cadre juridique approprié, qui va permettre de protéger aussi bien le citoyen que ceux appelés à travailler dans ce domaine. Il est vrai que ce projet de loi est d’une grande sensibilité, c’est pourquoi on s’est beaucoup concerté autour de ce projet qui a été transmis par la présidence de la République au gouvernement. Nous avons abouti à quelque chose de commun et un consentement entre les différents ministères. Nous avons aussi déterminé la communauté des renseignements et défini les mécanismes de contrôle des services dont le contrôle parlementaire.
Sur ordre du président Béji Caïd Essebsi, le conseil de sécurité nationale a été saisi du dossier de l’organisation secrète du parti Ennahdha. Ceci a provoqué le courroux de ce parti qui a soulevé le risque d’impliquer la justice dans des conflits politiques. Quel commentaire apportez-vous à ce propos?
On m’a posé cette question lors d’un entretien livré à une radio privée et ma réponse était que le CSN a été saisi du dossier en question et l’a référé au ministre de tutelle — qui est membre du conseil — et qui a été lui-même saisi afin d’accélérer les démarches nécessaires. On ne peut pas imposer quoi que ce soit à la justice qui doit demeurer indépendante.
Oui mais vous étiez tenu par le devoir de réserve
Devoir de réserve ou pas, je connais bien les lignes rouges à ne pas franchir.
Que devient M. Kamel Akrout aujourd’hui ?
J’aurais pu continuer avec le président actuel mais j’ai déposé ma démission pour me consacrer à d’autres activités qui me tenaient à cœur et que je ne pouvais pas exercer en étant à la présidence. Je suis convaincu qu’on peut servir le pays à travers différents forums.
Aujourd’hui, j’ai ouvert un bureau de consulting (Strategic and Investment Advisory FZE ) qui fournit des missions de conseils stratégiques et géopolitiques a des potentiels investisseurs ainsi qu’à des organismes internationaux publics et privés. Et aussi je suis en train de créer avec des amis un Think Tank sous le nom d’Institut de prospective et de hautes études stratégiques et de sécurité (Institute for Prospective and Advanced Strategic and Security Studies IPASS), un espace de réflexion sur les évolutions du monde, sur la stratégie dans son sens le plus noble : c’est-à-dire l’action militaire en rapport avec les enjeux politiques. Notre réflexion et nos analyses doivent servir d’abord les débats démocratiques et fournir un éclairage apaisé, scientifique des enjeux du moment. L’équipe de l’Ipasss est composée de compétences multiples, d’anciens hauts officiers, d’anciens diplomates, de chercheurs en science politique spécialistes des risques et des questions sécuritaires.
Toujours pas de couleur politique ?
Naturellement, tout le monde est concerné par la politique d’une façon ou d’une autre, mais je crois qu’on peut servir le pays sans toutefois adhérer à un parti politique. Pour l’instant, j’ai plutôt un penchant vers l’action citoyenne qui compte beaucoup plus que les activités politiques. Des fois, la politisation est contre-productive et ne mène pas au but escompté à cause des calculs partisans.
Selon vous, doit-on se doter de journalistes spécialisés dans la sécurité nationale en Tunisie ?
Je crois que oui, la sécurité nationale est un domaine très sensible qui exige un minimum de savoir et de connaissances dans le domaine. Depuis 2011, il y a eu une nette évolution et une prise de conscience de la part des journalistes, ce qui devrait être dit et celui qu’il ne faut pas dire à propos de questions qui touchent à la sécurité nationale.
Comment, selon vous, traiter l’épineuse question relative au retour des Tunisiens qui ont pris part aux combats dans les zones de conflits d’autant plus qu’ils sont nombreux à camper dans les prisons en Syrie, en Libye et en Irak ?
Ce que je sais d’emblée est que l’Etat tunisien n’ira pas chercher ces personnes, cependant la loi 26 est claire là-dessus, tout citoyen de retour d’une zone de crise est systématiquement traduit devant la justice. La notion de « Foreign Terrorist Fighters, a évolué depuis la guerre en Afghanistan. Ceux qui ont combattu dans ce pays étaient réintégrés dans la société. Mais suite à l’avènement d’El Qaida et Daech, les gens ont commencé à dénoncer ces groupes de combattants. Ce qui s’est passé à Ben Guerdane en 2016 et le soutien apporté par les habitants aux forces armées attestent bien de cette prise de conscience et du rejet de ces groupes.
Ces combattants sont généralement très dangereux et l’Etat — notamment la justice — doit faire face au retour volontaire de ces terroristes. D’autres moyens existent comme la déradicalisation en milieu carcéral mais elle nécessite d’énormes moyens, car chaque cas est un cas particulier et nécessite un traitement sur mesure. La vigilance et la fermeté doivent être de mise pour bien traiter le dossier du retour de ces terroristes.
A mon avis, la prévention est le meilleur moyen pour lutter contre l’extrémisme, un grand travail de prévention et de sensibilisation doit être effectué particulièrement au niveau des écoles et lycées.
Comment évaluez-vous la situation générale dans le pays et que redoutez-vous le plus après le départ de Béji Caïd Essebsi et l’absence d’un leader moderniste ?
J’ai toujours dit que le sort de la Tunisie n’est pas tributaire d’une seule personne, ni d’un groupe de personnes. Un pays qui a donné naissance à Hannibal, Massinisa, Kahina, Bourguiba, ou encore Abou El Kacem Echebbi, Ibn Khaldoun et bien d’autres ne peut pas manquer de dirigeants éclairés. Certes, nous avons perdu beaucoup de temps mais la Tunisie retrouvera le bon chemin, car on a fait le bon choix d’être un pays démocratique. J’ai vécu cette période de transition quand j’étais au ministère de la Défense et on a assumé notre rôle pour que la Tunisie reste une République démocratique. Le flambeau du pouvoir est passé aux mains d’autres dirigeants qui ont été élus démocratiquement et nous avons veillé à ce que les élections se déroulent dans la transparence totale et le libre choix des citoyens. La balle est dans leur camp et il faut qu’ils soient à la hauteur des aspirations du peuple. Le citoyen doit aussi jouer pleinement son rôle, car ce n’est pas en restant les bras croisés que les choses avanceront. Tout le monde est appelé à travailler dur pour le bien de ce beau pays mais il prime de miser sur les jeunes pour mieux avancer. On ne peut pas avancer dans un pays où l’intérêt personnel passe avant l’intérêt collectif. Je suis le produit d’une génération à laquelle on a inculqué les valeurs du travail, du patriotisme et du civisme, et il me tient beaucoup à cœur de voir les générations futures en être imprégnées.
Liberte
23 février 2020 à 13:14
Tout le monde veut s’attribuer les services de renseignements, hélas dans la situation actuelle ces services n’assurent plus rien et c’est l’armée qui tient le commandement, alors tu fais un faux pas et l’armée t’arrête te contrôle te torture et fait de toi une merde sans que personne ne lève le petit doigt et oursimple raison secret d’état et de défense. Bref tu fermes ta gueule et t’attends tu pries c’est tout.