«Les Carthage du monde » est un hymne à la ville d’Elyssa dont le toponyme a été reproduit soixante-dix fois à travers l’Amérique, l’Asie et l’Europe.
La fondation de Carthage, à l’origine Kart Hadasht, que la tradition situe en 814 av. J.-C marque un moment majeur en Méditerranée. Dès lors, c’est l’installation des Phéniciens, ces inventeurs de l’alphabet et promoteurs des routes maritimes, en Occident. Carthage détruite par les Romains, sa culture, son art et ses cultes vont lui perdurer plusieurs décennies après sa disparition. Autre forme de survivance relevée par l’historien Ridha Tlili dans son livre « Les Carthage du monde », qui vient d’être réédité, concerne le nom de Carthage adopté par soixante-dix villes et sites à travers le monde, de l’Afrique, à l’Europe et de l’Asie en Amérique latine et aux Etats-Unis. Notamment parce que les Carthaginois ont pu créer de nombreux comptoirs commerciaux en Méditerranée, leur notoriété a dépassé la géographie qui est la leur.«Carthage s’est reproduite tout au long des siècles passés sur des territoires inconnus auparavant et sous le regard d’une histoire furtive et improvisée», écrit l’auteur, expert auprès de l’Unesco et qui dirige aujourd’hui la Fondation Ahmed Tlili pour la culture démocratique.
Ridha Tlili fait remarquer que c’est en Colombie qu’on découvre le plus grand nombre de Carthage et de Cartagos. Une trentaine de lieux s’y réfèrent, parmi lesquels on compte des villes, des villages, des communes, des rivières, des fleuves, des sommets de montagne, des hameaux…L’historien découvre également que les Etats-Unis se classent en deuxième concernant cette toponyme apparentée à Carthage. « La plus peuplée des Cartago américaines est celle du Missouri fondée en 1842 suivie de celle du Texas fondée en 1880». Plus étonnant encore, selon l’auteur, bien loin de l’Amérique du Sud et du Nord, aux Philippines, il existe aussi une Cartagena, dont la légende de fondation s’inspire de celle de la Carthage tunisienne. Paradoxal : au Soudan, en plein désert, émerge un hameau baptisé Carthage.
Et à l’historien de noter : «Toutes ces Carthage seraient encore une fabuleuse invention, si Carthage mère, l’Africaine, n’avait pas existé et si Carthagena d’Hasdrubal avait été un mirage de l’histoire». Un livre, comme un catalogue des Carthage du monde, riche, plein d’anecdotes et agréable à feuilleter. Un livre hymne pour Carthage l’éternelle et toujours ressuscitée !
«Les Carthage du monde n’est ni un traité d’histoire, ni un prolongement des recherches archéologiques, il s’agit plutôt d’une évocation des multiples images qui entourent et agitent les symboles accompagnant le toponyme de Kart Hadasht», écrit encore Ridha Tlili.