Sauf un accord de dernière minute, les municipalités du pays débrayeront deux jours durant.
Tel que promis depuis le mois dernier, les municipalités du pays menacent d’observer, à partir de demain mercredi et… pour 48 heures, une grève générale. Cette fois, la menace semble des plus sérieuses, quand on sait que cette grève est fortement soutenue non seulement par les conseils municipaux et les personnels qui en relèvent, mais aussi et surtout par leurs syndicats et la Confédération tunisienne des maires. D’où la sombre perspective de voir toute une population en faire les frais et une économie en pâtir.
En effet, devant des mairies aux portes fermées, le citoyen ne peut plus ni obtenir un document d’état civil, ni se faire délivrer son permis de bâtir, ni régulariser ses papiers (légalisation de signature, copie conforme…), ni même protester aussi bien contre l’amoncellement des ordures ménagères devant son domicile que contre l’invasion canine qui sévit toujours dans les cités. Les poteaux d’éclairage public, l’entretien des espaces verts et de la voirie, ainsi que le fameux «changuel» pâtiront également de cette situation. Dans la foulée, ce sera l’aubaine pour les aventuriers des constructions anarchiques qui en profiteront, l’espace de 48 heures, pour achever les travaux de chantier, tout à fait à l’abri des descentes de la police municipale et des raids de la police de l’environnement. En parallèle, toutes les communes du pays seront alors touchées de plein fouet par un énorme manque à gagner consécutif à l’absence de recettes engrangées par les diverses taxes.
Bref, un malheur n’arrive jamais seul, et il frappera, cette fois-ci, tout le monde (citoyens, municipalités et Etat) et tous les secteurs (environnement, finance, transport, santé…)
De la sagesse, S.V.P.
Dès lors, on peut parler de «drame en vue». Les plus pessimistes évoqueraient une «catastrophe nationale». Ce serait dramatique pour un pays régulièrement secoué par les soubresauts politiques, les secousses économiques et en quête de paix sociale. D’où l’espoir de voir la sagesse, la compréhension et l’intérêt national finir par prévaloir. Certes, les municipaux ont le droit de protester. Certes, aussi, légitimes sont leurs revendications qui vont de l’adoption de leurs statuts, à l’amélioration de leurs conditions de travail, en passant par le majoration des salaires. Tout cela est juste et on le comprend. Mais l’Etat, qui en est sans doute conscient, est-il en mesure de satisfaire toutes ces demandes? Signalons enfin que, jusqu’à hier, les négociations entre les deux parties concernées se sont poursuivies. Le marathon des pourparlers entamé depuis plusieurs semaines pourrait se prolonger jusqu’à aujourd’hui, l’objectif étant évidemment d’arracher un accord de dernière minute qui arrangerait les affaires des deux camps en conflit.
Mohsen ZRIBI