Il est vrai que nous vivons une époque où les réseaux sociaux ne cessent de bousculer les us et coutumes pour finir par transformer nos modes de rencontre. Au jardin d’Eros comme sur les pages Facebook, on finit par s’aimer, se rencontrer et, pourquoi pas, se marier. Tout se passe tellement vite et l’intelligence artificielle ne fait que gérer les relations à distance, détrônant ainsi le charme d’une époque qui a marqué tant de générations où un seul regard pouvait installer le coup de foudre et déclencher une avalanche d’amour. Le rituel envoûtement prenait forme au bout d’un regard, d’un sourire, d’une rencontre où se disputaient timidité et belles paroles.
Le mariage au bout d’un clic
De nos jours, le monde a beaucoup évolué avec ses moyens de communication qui n’ont laissé au facteur, jadis porteur de messages d’amour,qu’une piètre et ingrate mission, celle de nous ramener les factures de la Sonede et de la Steg ou, dans d’autres cas, les avis d’amende. Le regard fixé sur l’écran d’un ordinateur, ils sont aujourd’hui à l’affût d’une photo retouchée sur Facebook ou Instagram ou en quête d’une relation de passage qui, généralement, se mue en une simple amourette et finit par rendre l’âme en quelques jours.
Se marier suite à une rencontre virtuelle sur Facebook commence par un petit clic sur le bouton «j’aime» ou par des messages «inbox» qui rappellent les premiers mots échangés à l’abri des regards des autres lors d’une première rencontre. Le monde virtuel s’immisce dans le monde réel sans apporter de garanties pour une relation qui, normalement, doit être bâtie sur de sincères sentiments d’amour pour un mariage qui dure toute la vie.
L’amour sur Facebook c’est possible, relève dans le magazine français «Femme actuelle» le coach relationnel pour couples, Patrick Muller. «Par définition, Facebook est un moyen de communication : il permet de mettre en relation des personnes… donc, pourquoi pas, de faire naître de belles histoires d’amour», ajoute la même source.
Le nombre des facebookers dans notre pays est estimé à 7 millions 300 mille en 2019, alors que 54% des hommes et 46% des femmes utilisent l’application Messenger selon Digital-discovery, ce qui explique la présence de plus en plus inquiétante des réseaux sociaux en général dans la vie des Tunisiens, notamment chez les jeunes.
Coups de foudre virtuels
Ceci semble bizarroïde pour les personnes issues de l’ancienne génération mais non pour la génération 2.0 (appelée aussi génération Z). L’amour est aussi sur les réseaux sociaux, dont Facebook qui a réussi à bousculer les frontières et a fait le bonheur des uns mais aussi le malheur des autres avec des coups de foudre virtuels qui se terminent très mal et laissent des séquelles indélébiles.
Il est vrai qu’on demeure toujours nostalgique pour les pratiques de nos aïeux et marqué par ces proverbes tunisiens qui nous renvoient à la sacralité du mariage, à une certaine époque, cette alliance fondée sur le respect mutuel et sur «ElIcharaa».
La femme qui s’entend avec son mari fait tourner la lune entre ses doigts, rappelle bien l’un de ces proverbes, ou mieux encore «la femme que Dieu comble est celle qui meurt avec son mari». Il est vrai aussi que le temps ne peut suspendre son vol. Le monde évolue certes mais ce qui inquiète le plus, c’est cette manière de se lier à jamais avec une autre personne qu’on connaît à peine et ce au moment où trouver l’âme sœur devient de plus en plus difficile. Le taux de divorce qui suit une courbe ascendante durant ces dernières années doit sonner l’alerte pour ceux qui, aveuglés par des photos retouchées et publiées sur les réseaux sociaux, s’engagent très vite dans une relation de mariage sans se soucier des difficultés de la vie commune qui peuvent surgir et sans qu’ils soient préparés aux différences de caractère et de conduite.
Rencontrer l’âme sœur sur Facebook est un exercice bien difficile mais pas impossible. Selon l’adage, l’amour vient après le mariage, mais il ne faut pas trop se laisser aller à la rêverie car il faut savoire raison garder. Les gens prennent de plus la mauvaise habitude de se marier et de divorcer trop vite via des rencontres virtuelles sur les réseaux sociaux mais ce sont les enfants issus de ces mariages ratés qui viendront rappeler une vérité bien amère, celle de la séparation parentale.