LE Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a appelé, hier, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) à ouvrir une enquête parlementaire sur les soupçons de mauvais traitements d’un groupe de migrants au centre de détention d’El Ouardia (Tunis). Après que certains militants des droits de l’Homme ont diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos sur des agressions dans le centre de détention des migrants d’El Ouardia sur un groupe de migrants.
On ne cessera jamais de le rappeler, la Tunisie a toujours été une terre d’asile. Serbes, Russes, Andalous, Juifs livournais — la liste est longue — y ont jadis trouvé refuge. Et à chaque nouveau flux de réfugiés fuyant la mort et les massacres, la Tunisie a su mettre en avant ses valeurs humanitaires et affirmer ses principes simples et clairs : la solidarité et la responsabilité.
Mais il semble que cette tradition n’est plus une règle en Tunisie, qui a perdu son titre de terre d’asile. En effet, au lieu de faire montre de solidarité à l’égard des migrants africains victimes des convulsions et des drames survenus en Libye et qui ont enduré des conditions épouvantables dans ce pays en proie à la guerre avant d’arriver à nos frontières et d’organiser leur accueil, ils sont retenus, enfermés, déshumanisés au point de vouloir se donner la mort (nombreux sont ceux qui se sont taillé les veines). De plus, incarcérations arbitraires, errance et vexations permanentes d’un environnement hostile, comme s’il s’agissait d’ennemis dangereux, tel est le lot quotidien de ces demandeurs d’asile.
Ce n’est pas la première fois que les défenseurs des droits des migrants interpellent les autorités sur l’atrocité des conditions de détention de ces derniers. Mais la politique de la sourde oreille des responsables inquiète les instances internationales et les activistes de la société civile. C’est pourquoi pour séparer le bon grain de l’ivraie dans les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, il est urgent, comme l’a revendiqué le Ftds, de « réduire le flou », en autorisant la visite de ces centres.