L’HÉMICYCLE est-il devenu l’arène où les députés de la nation s’affrontent quotidiennement en lions indomptables autoproclamés détenteurs exclusifs de la vérité absolue et protecteurs zélés des objectifs et idéaux de la révolution ?
Ainsi, les séances plénières de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) offrent-elles, désormais, aux Tunisiens qui les suivent à travers le petit écran le spectacle désolant d’un Parlement où les divisions supplantent les débats sérieux, où les insultes, les écarts de comportement, voire les tentatives de violence et d’atteinte à l’intégrité physique, sont devenus le pain quotidien aussi bien des députés que des téléspectateurs encore intéressés par ce qui se passe au Parlement et où les extrémistes de tous bords se permettent, dans l’impunité totale, de commettre les dérives les plus inimaginables et s’autorisent des comportements les exposant, dans les démocraties les plus ancrées dans le monde, à l’emprisonnement en dépit de l’immunité parlementaire qu’ils ont réussi, malheureusement, à transformer en un mécanisme de chantage, de pression et de garantie d’impunité.
Quand une séance plénière est interrompue à plusieurs reprises du fait de certaines interventions dont les auteurs s’attaquent à leurs collègues, mettant en cause leur intégrité morale et les accusant frontalement de corruption, quand un député profère des propos incitant à la haine et à la violence et classifiant les Tunisiens en musulmans authentiques et en mécréants ou apostats destinés à la potence (ce qui constitue un feu vert tacite à l’assassinat des personnalités accusées d’apostasie) et quand une députée agresse verbalement l’une de ses collègues lui intimant l’ordre de se taire, l’on ne peut qu’exprimer sa déception quant à l’atmosphère délétère qui règne au sein du palais du Bardo entre des élus ayant remporté la confiance des Tunisiens sur la base, précisément, de leur diversité politique et intellectuelle et de leur capacité à produire une représentativité effective des courants de pensée qui ont toujours caractérisé la Tunisie plurielle.
Ceux qui appellent à prendre des mesures disciplinaires sévères à l’encontre des contrevenants au règlement intérieur du Parlement et prônent une révision radicale du même règlement intérieur dans l’objectif de mettre un terme définitif aux dépassements et aux dérives ont sans doute raison, au vu de la détérioration inadmissible de la situation qui prévaut actuellement au Parlement. Mais n’est-il pas plus productif et plus rentable de promouvoir un débat national ouvert à toutes les parties prenantes au sein du paysage politique national et civil, sans exclusive ni discrimination, dans l’objectif d’élaborer, ensemble, et d’adopter un code de conduite commun à même d’éradiquer tous les dépassements, d’où qu’ils proviennent, et de moraliser la vie politique nationale de manière à ce que notre élite soit digne de l’image démocratique offerte au monde par la Tunisie post-révolution ?
karabaka youssef
5 mars 2020 à 10:37
« Moraliser la vie parlementaire »: il faut moraliser non pas la vie parlementaire seulement mais la vie de tous les tunisiens de différentes catégories et nivaux et dans tous les domaines, branches , spécialités et lieux : ns vivons une crise de mœurs et principes profondes. tout et renversé. quiconque qui croit aux principes et valeurs ou bien qu’il s’adapte ou quitte ou s’il reste, son seul accompagnant et la souffrance. dans tout les coins, là ou tu regarde tu ne trouve que la bassesse et les gens minables avec respect à une minorité.