A’ l’occasion du 08 Mars, et dans la continuité d’une campagne engagée par Lina Ben Mhenni, un stand de collecte des livres pour les prisons tunisiennes et autres sera installé ce dimanche au hall d’entrée de la Cité de la culture. La collecte se poursuit jusqu’au 13 mars, date de la commémoration du 40ème jour de son départ.
Le stand de collecte de la Cité de la culture accueillera à partir du 08 Mars les dons de livres tous les jours de 10h à 17h. Une manière, pour sa famille et ses amis, de garder vivante une des batailles de Lina Ben Mhenni pour une prison plus humaine, où l’individu peut trouver une matière culturelle susceptible de lui donner une dignité et de rendre plus amène sa privation de liberté. « Lire, délivre », a-t-on l’habitude de répéter.
L’opération « Collecte de livres pour les bibliothèques des prisons tunisiennes » démarre sur les réseaux sociaux en février 2016.
L’initiative, de Lina Ben Mhenni, bloggeuse et icone de la révolution tunisienne disparue prématurément à l’âge de 36 ans le 27 janvier dernier et de son père Sadok Ben Mhenni, ancien prisonnier politique issu de la gauche des années 70, est l’enfant d’une projection de film dans la prison de Mornaguia organisée en marge des Journées cinématographiques de Carthage, en novembre 2015.
Sadok et Lina, deux défenseurs engagés corps et âme en faveur des droits de l’homme, prennent part à cette initiative de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).En traversant les couloirs de la prison, Lina intercepte sur son chemin vers le lieu de la projection une inscription sur le mur d’une salle en coin : «Bibliothèque». Elle regarde de plus près, à part quelques ouvrages prônant un islam radical, les étagères sont totalement dépeuplées.
Les bouquins et revues affluent de partout
Lina étant suivie par près de 100 000 personnes sur FaceBook et Twitter, une campagne de collecte via les réseaux sociaux s’est imposée d’elle-même. « Et si la Direction Générale des Prisons et de la Rééducation (DGPR) ne suivait pas cet élan ? », se sont interrogés le père et sa fille. Ils recourent alors à la médiation de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), qui a signé ces dernières années une convention avec la DGPR en matière de projections de films dans les espaces d’incarcération. La Direction des prisons accueille favorablement l’initiative», témoigne Sadok Ben Mhenni.
Il poursuit : «Une page FaceBook dédiée à la « Collecte de livres pour les bibliothèques des prisons tunisienne» est lancée. Nous y publions notre premier appel le 11 février 2016, à 9 h annonçant notre intention de créer des bibliothèques dans les espaces de détention et d’alimenter celles déjà installées par des livres et des revues en toutes langues».
Sadok Ben Mhenni, qui ne se remet pas du départ de sa fille, sa complice et son amie, est encore étonné de la rapidité avec laquelle les gens ont réagi à ce communiqué initial : «Un quart d’heure après, Lina reçoit sa première promesse de don. Notre cible de départ était : 3000 bouquins et revues en quinze jours. Nous les avons reçus en moins de deux semaines suivant notre annonce ! ». Les livres affluent des Etats Unis, de Suisse, de Jordanie… Une vieille dame lègue toute sa bibliothèque constituée le long de cinq décennies à Lina et les médias de toutes parts racontent l’opération, une success story culturelle.
Des gardiens convertis en bibliothécaires
Plus de 45 000 livres dans les trois langues, français, anglais et arabe et revues ont déjà été distribués sur toutes les prisons et centres de rééducation. Des gardiens ont été formés par l’OMCT pour fonctionner en tant que bibliothécaires. Les prisons ayant pratiquement fait le plein de livres, aujourd’hui la collecte entamée par Lina voilà quatre ans veut prendre d’autres directions et d’autres chemins : les écoles rurales, les hôpitaux, les maisons de culture à l’intérieur de la République…
«Certes nous ne sommes pas les précurseurs concernant un projet d’introduction de la culture dans les prisons. Mais peut-être bien que le rayonnement national et international de Lina a contribué à sortir ces espaces d’incarcération de l’obscurité vers la lumière», confie la voix pleine d’émotion le père de Lina.
La collecte à la Cité de la culture se poursuivra toute une semaine, jusqu’au 13 mars, date qui commémore le quarantième jour du décès de Lina Ben Mhenni et célèbre la Journée nationale pour la liberté d’Internet.
Liberte
7 mars 2020 à 20:01
Un tunisien lit en moyenne deux livres dans sa vie, un avant sa mort et l’autre après, bref collecter des livres pour les offrir est initiative villee a l’échec.