La littérature a rassemblé, samedi dernier, dans différents espaces de Tunis, les amoureux du livre sous ses différentes formes.
Sous nos cieux, la célébration de la Journée internationale des droits de la femme a été rythmée par la tenue de divers événements culturels. L’on a rendu hommage aux différentes femmes influentes, tunisiennes ou pas, qui ont marqué l’histoire de leur pays ou qui sont en train d’en écrire des pages, chacune à sa manière.
La littérature a été un espace commun qui a rassemblé, samedi dernier, dans différents espaces de Tunis, les amoureux du livre sous différentes formes, autour de signatures féminines. Ce fut le cas à la Librairie Fahrenheit 451 à Carthage, où a eu lieu la présentation-dédicace du livre de photographies «Inside Out» de Petra Dachtler.
L’ouvrage rassemble une sélection de photographies de cette ancienne diplomate allemande qui a vécu pendant trois ans dans notre pays. Comme son titre l’indique, l’artiste pose un regard à la fois extérieur en tant qu’étrangère mais aussi intérieur car elle a vécu en Tunisie et a eu le temps de se familiariser, un tant soit peu, avec sa culture.
Petra Dachtler nous y livre ses impressions et autres moments marquants qu’elle a su immortaliser avec son appareil photographique au gré de ses pérégrinations à travers notre pays.
Du côté de La Marsa, l’on a célébré une autre forme de littérature, une littérature subversive qui bouscule les codes et titille le patriarcat, celle de la dessinatrice féministe marocaine Zaineb Fasiki. Cela s’est passé à la Librairie Mille Feuilles dans le cadre des Journées de la francophonie, organisées par l’Institut français de Tunis.
Le public est allé à la rencontre de la jeune bédéiste connue pour ses engagements féministes qui a présenté à l’occasion son fameux comic book «Hshouma : corps et sexualité au Maroc», paru en 2019 aux éditions Massot.
Née en 1994 à Fès, Zaineb qui est ingénieur en mécanique, a publié sa première bande dessinée «Omor» en 2017 au sein du collectif de bédéistes marocains Skefkef. En croquant la nudité féminine, l’artiste tente d’abolir l’idée de la femme objet pour explorer le corps de la femme sous le prisme de l’art. Son approche se veut subversive, s’intéressant à des sujets tabous dans la société marocaine en mettant l’accent sur les inégalités et autres discriminations auxquelles font face les femmes de son pays. Sa devise est de vaincre les tabous en en parlant. Elle a formé, au sein du collectif Women Power, une vingtaine de femmes au métier d’illustratrice.
Sa série de BD Hshouma (honte) est à la fois un projet artistique et une initiative éducative agrémentée d’une plate-forme gratuite et participative qui lutte contre les différentes violences faites aux femmes. Au gré de ses textes à la première personne du singulier, de ses dessins et autres figures féminines (dont certains leur reprochent leur aspect trop parfait et donc pas très représentatif…), la jeune femme plaide, avec humour, pour la liberté sexuelle des Marocains, en particulier celle des femmes et y dénonce une société génératrice de frustrations et donc de violences. Certains critiques reprochent aussi au livre d’être un peu réducteur, de faire dans les raccourcis et de manquer de consistance. Une chose est sûre, nous, on ne peut qu’applaudir l’initiative et l’énergie de cette jeune artiste.
Toujours à La Marsa mais cette fois du côté de la Fnac, les éditions Arabesques ont rendu hommage à des auteures tunisiennes de différentes générations et autres sensibilités. Modérée par Sabrine Ghannoudi, la fondatrice de «Notre dame des mots», une rencontre s’est tenue, à l’occasion, sous le thème «Plumes féminines innovantes», honorant Néjia Sghir, Khaoula Hosni, Asma Lamloum, Salma Elmateri, Maryem Soufy, Amel Cherif, Amina Arfaoui, Alia Mabrouk, Latifa Zouhir, Sâadiya Ben Salem, Hajer et Hend Ben Ammar, Alyssa Belgith et Sawssen Ouri.