FALLAIT-il attendre que l’institution sécuritaire perde, au cours de l’attentat terroriste survenu vendredi dernier, dans la région des Berges du Lac, l’un de ses cadres les plus vaillants pour que le Parlement décide, à travers la commission de la législation générale, de revenir à la charge et reprenne l’examen du projet de loi organique relatif à la répression des agressions à l’encontre des forces porteuses d’armes, relégué dans les tiroirs du Bardo depuis plus de deux ans?
La question s’impose et exige une réponse claire et précise d’autant plus que les échos parvenus aux médias quant à l’approche qui sera appliquée par la commission parlementaire en vue du réexamen du contenu du projet de loi laissent entendre que les membres de la commission en question envisagent de reproduire la même méthodologie adoptée par le Parlement sortant en instaurant un nouveau dialogue avec les mêmes parties qui se sont déjà exprimées et ont fait valoir leurs critiques et leurs propositions quant aux dispositions prévues dans le projet de loi en question.
Ainsi, la commission promet-elle une nouvelle série de rencontres avec les nouveaux ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense, les représentants des syndicats des forces sécuritaires, des organisations et associations de la société civile et aussi de l’association et du syndicat des magistrats.
Et ces rencontres-débats serviront à sonder, de nouveau, les approches de ces parties à propos des dispositions à introduire dans le projet de loi et de celles à écarter, un effort qui nécessite que la commission y consacre au moins deux ou trois mois afin de donner la parole à tout le monde, alors que le moment n’est plus aux discussions interminables, aux fausses polémiques relatives à la pseudo-protection des droits de l’Homme (comme ce fut le cas quand le projet de loi a traîné durant de longues années devant la même commission et les mêmes experts pour finir par être rangé dans les tiroirs du Parlement et jeté aux oubliettes).
En effet, il est maintenant et plus que jamais urgent que nos députés, nos experts, les représentants de la société civile soucieux de la protection des droits de l’Homme et les syndicats des forces sécuritaires, sans oublier les autorités publiques, saisissent que le temps n’est plus aux palabres, aux divisions, aux dissensions à caractère partisan n’échappant plus à personne ou aux petits calculs d’épicier à propos des indemnisations à accorder aux familles des martyrs et des blessés de l’institution sécuritaire, calculs avilissants, indignes et insultants aussi bien pour ceux qui s’obstinent à faire ces mêmes calculs que pour les familles des héros sécuritaires censés bénéficier de ces mêmes indemnisations dérisoires.
Les députés qui ont montré jusqu’ici aux Tunisiens une image indigne des attentes placées en eux sauront-ils se réconcilier avec leurs électeurs en votant, dans les plus brefs délais, une loi qui protège, réellement, les agents de sécurité confrontés quotidiennement aux dangers terroristes et qui préserve les intérêts des familles et des enfants de ceux qui payent de leur vie afin que réussisse la jeune expérience démocratique ?
Dr. Ezzeddine Moudoud
10 mars 2020 à 18:34
Merci et bravo si Abdelkrim pour cette démonstration éclatante de la faillite de notre système « législatif » : de la préparation d’un projet de loi à son adoption et sa mise en oeuvre effectives. Nous avons affaire à des « tocards » qui ne pensent qu’à se « goinfrer » …et aucun projet d’assistance technique (TA) de la BM, EU, USAID, PNUD, etc., ne pourrait changer hélas gand chose… car le système est pourri de l’Intérieur – ce qui n’a rien à voir avec le manque de capacités techniques du processus legislatif que nous avons toujours eu …C’est déplorabe…notre Tunisie mérite mieux…il faut virer ces « tocards »… mais ils étaient élus…