Lorsque la politique économique, notamment en période de transition, devient un «consentement aux fatalités», les solutions de résignation sont les seules envisagées.
Certains esprits bien pensant ( ?) croient en la fatalité d’une croissance molle sous le prétexte fallacieux de la rigueur des mesures d’assainissement pour espérer une diminution de l’inflation.
Le plus grave, sans doute, est que les gouvernements successifs, depuis le 14 janvier 2011, se sont servis de «la transition» pour justifier la surcharge croissante de rigueur économique qui apparaît dès lors comme une contrainte improductive, aux yeux du peuple.
La dégradation des fondamentaux économiques et la dépression sociale sont parlantes.
La malléabilité accrue du marché du travail par la multiplication des «petits boulots» (volontaire) est devenue la solution pour une classe moyenne déprimée, tirée vers le bas, vers une fraction importante de la population qui ne peut plus décemment vivre de son travail.
Alors même que le travail demeure le moyen privilégié d’intégration sociale.
Ce qui nous amène à considérer un certain nombre de points.
En premier lieu, retrouver la crédibilité de la politique de l’emploi est un objectif premier, dans la mesure où cela redonnerait confiance aux acteurs (entreprises et salariés), dissiperait l’inquiétude lancinante de l’avenir et atténuerait la crispation sur le présent, notamment au niveau des avantages sociaux acquis.
En deuxième lieu, un engagement ferme et crédible du gouvernement permettrait une réduction significative du coût financier de la politique de l’emploi et l’entrée de l’économie tunisienne dans un cercle vertueux.
La confiance retrouvée amènerait une baisse de l’épargne de précaution des ménages, une hausse de l’investissement productif créateur d’emploi des entreprises et provoquerait une nette augmentation de la demande privée, et donc des recettes publiques.
En troisième lieu, la politique du meilleur emploi en Tunisie est multidimensionnelle: elle passe notamment par une dynamique de développement des marchés formels, qui se substituerait au «laisser-aller» actuel, aussi bien au niveau du marché des biens qu’à celui du travail.
Enfin, une politique financière crédible, à l’appui de l’emploi durable, passe par le redressement du dinar, pour lui donner ses lettres de noblesse, comme intermédiaire des échanges passés, présents et futurs, dans des marchés d’autant plus réels et réactifs, que la spéculation y serait d’autant plus affaiblie.
Dr Tahar El Almi : Economiste-universitaire