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Réparation, entretien et SAV : Un secteur à la dérive

On peut, tous, remarquer que lors de n’importe quelle réparation, les sommes exigées sont trop élevées. Quel que soit l’objet à réparer et quelle que soit l’opération effectuée, les «professionnels» appliquent des tarifs qui n’obéissent à aucun critère ni à aucun barème. C’est ce qui donne l’impression, au premier venu, que le secteur de la réparation, de la maintenance ou de l’entretien est à la dérive et qu’il n’est, nullement, encadré. Cela fait des décennies que la situation est la même et qu’aucun progrès n’a été enregistré à ce niveau.

Le phénomène est d’autant plus grave que les «spécialistes» en tout genre se multiplient et se comptent, aujourd’hui, en milliers. On trouve des réparateurs d’appareils électriques, électroniques, des mécaniciens, des techniciens divers, des peintres en bâtiment, etc. Il leur suffit d’ouvrir un local et de s’y installer pour qu’ils commencent à recevoir des clients et à entreprendre des travaux sur n’importe quel appareil. Le client, en retour, n’a aucune garantie sur l’issue de ces travaux et ne sait pas si le «réparateur» auquel il a confié son appareil ou sa voiture est qualifié ou non. La liste de ces métiers est tellement longue qu’on risque de se tromper. On peut mentionner (en se référant au répertoire de l’industrie tunisienne) quelques-unes de la centaine de ces métiers, à l’instar de la  réparation d’instruments optiques et montage de lunettes, la réparation de montres, la réparation de serrures et fabrication de clés, l’entretien et la réparation de circuits électriques auto, l’entretien mécanique auto, la réparation et l’entretien des batteries (une batterie de voiture achetée dans un kiosque coûte trois fois, au moins, son prix d’usine), la réparation de cycles et motocycles, la réparation des chaussures et des articles de maroquinerie…

C’est l’anarchie

Aussi n’est-il pas étonnant de constater que de nombreux problèmes surgissent après chaque réparation à tel point qu’on est, presque sûr, qu’une fois, la voiture, à titre d’exemple, livrée à un soi-disant mécanicien ne sera plus comme avant. Car une fois touchée, elle s’habituera aux visites fréquentes pour réparation. Le «mécanicien» endommage beaucoup plus qu’il ne répare. Soit volontairement, soit parce qu’il ignore la mécanique ou la spécialité qu’on lui demande de faire. D’ailleurs, en Tunisie, ce secteur est encore à la traîne.

Il n’y a, pratiquement, pas de garages pour l’entretien des voitures qui assurent un travail de pro et de confiance. Et, même, si on commence à en voir quelques-uns, ils n’inspirent pas souvent confiance puisque les pratiques ne sont pas transparentes. Il y a trop de publicité autour, mais dans la réalité, le service reste de basse qualité. Pourtant, on veut vous persuader du contraire. De plus, ces nouveaux garages n’attirent pas la clientèle parce que leurs tarifs ne sont pas en adéquation avec les prestations fournies et la garantie n’est pas, toujours, évidente.

Bien sûr, la faute est à l’absence d’organisation du secteur. En effet, il n’y a pas, suffisamment, de contrôle ou d’encadrement de ces gens par les autorités ou par les structures professionnelles. Ceux qui s’adonnent à ces métiers ont le champ libre et dictent leurs lois sans se soucier des réglementations ou du minimum d’éthique requis. Certes, cela est compréhensible dès lors qu’ils n’ont de compte à rendre à personne et qu’il n’y a aucune structure pour les surveiller ou pour leur imposer une ligne de conduite.

Du côté du ministère de l’Industrie ou de l’Utica, on ne sent pas qu’il y a un suivi de la profession. Des tentatives d’organiser le secteur de la mécanique et de la réparation automobiles existent sur le papier mais aucun travail réel et concret n’a été entrepris. Rien, non plus, sur les conditions pour exercer ce métier, ni sur les tarifs et rien sur les garanties au profit des clients. C’est l’anarchie. Aucun mécanicien, tôlier, électricien-auto, etc. n’est tenu de suivre des règles ou d’appliquer une tarification claire.

Mais les mêmes problèmes se retrouvent dans d’autres secteurs. Qui, par exemple, peut fixer le prix de réparation pour un cordonnier ? Ce dernier peut demander une dizaine de dinars pour une petite opération de couture sur la chaussure ou pour une couche de cirage ! Chez les spécialistes des téléphones portables ou des téléviseurs smart, ou des tablettes… c’est une autre paire de manches. Là, les tarifs sont inimaginables. On ne parle que de plusieurs dizaines de dinars pour n’importe quel travail. Même pour vérifier le bon fonctionnement de l’objet, le réparateur exige un bon billet de dix dinars au moins. Sans pour autant réaliser un travail parfait (pour remettre en service un aspirateur de voitures qui coûte 12 dinars, l’électricien demande… 10 dinars !) Et là aussi, on peut dire adieu à l’appareil touché car les pannes vont se succéder suite à l’intervention douteuse du monsieur.

Remettre de l’ordre dans le secteur

En somme, il ne s’agit pas de mettre en doute la crédibilité de tout un secteur, mais, surtout, d’attirer l’attention des autorités officielles concernées pour protéger les clients et leur garantir un travail de maintenance de leurs appareils. On ne peut pas continuer au rythme actuel en laissant des intrus proliférer et se généraliser à tous les domaines. En laissant ce vide organisationnel, l’Etat contribue à encourager l’arrivée sur le marché d’une nouvelle race de profiteurs et d’usurpateurs. La victime restera, toujours, la clientèle qui subira tous les abus.

Pourtant, la logique est là. Chaque profession exige un minimum de savoir-faire. Pour s’y adonner, l’intéressé doit prouver qu’il en est digne grâce à des certificats, des diplômes ou d’autres justificatifs réglementaires. Des cartes professionnelles doivent être remises à ceux qui les méritent. En outre, l’impératif de la transparence doit être la règle. Il est impossible, dans ces métiers de dépannage, de réparation, de maintenance et d’entretien de laisser planer le flou en matière de tarification.

D’où la nécessité d’imposer à chacun des professionnels des règles de conduite consistant à afficher les documents qui prouvent leur qualification pour l’exercice de tel ou tel métier et en même temps, préciser les tarifs pour chaque travail à effectuer. Ce n’est pas demander l’impossible.

Le client est, aussi, en droit d’exiger une facture pour toute opération effectuée sur sa voiture, sa télévision, son smartphone, sa machine à laver, etc.

Il est vrai que beaucoup de nos réparateurs ne sont pas prêts pour ce grand nettoyage. Mais il est temps de mettre de l’ordre en donnant un vrai coup de pied dans la fourmilière. Le SAV (service après-vente), lui aussi, a besoin d’être recadré. Le Tunisien mérite bien un secteur à la page et évolué. La balle est, donc, dans le camp des autorités. Bien que ces critiques et d’autres soient tombées dans l’oreille d’un sourd, nous tenons à rappeler que les responsables d’avant 2010 étaient beaucoup plus à l’écoute de telles doléances et qu’ils ne manquaient pas de diligenter des enquêtes et d’assurer le suivi adéquat.

Malheureusement, on note que ces dernières années, il y a un laisser-aller partout et que l’essentiel n’est pas fait. De nombreuses lacunes sont visibles dans tous les domaines sans qu’on réussisse à les éliminer ou à en réduire leur impact sur le citoyen.

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